Un procès pour diffamation qui bloque la république. Un accusé en diffamation qui va répondre à la convocation du juge accompagné par les forces de l’ordre tels un terroriste. Voilà le film auquel les sénégalais ont assisté le 17 mars dernier entre le ministre Mame Mbaye Niang et l’opposant le plus en vue au Ousmane Sonko. Un film qui sent à mille lieues la conspiration pour éliminer un adversaire politique. Chers amis de l’APR, rappelez à Macky que si Wade avait choisi ses adversaires, il ne serait peut-être pas devenu président de la république. Aujourd’hui, le Président Sall, semble être un homme seul. Tous ceux qui applaudissaient à son : « Li fi am dotufi amatt », se terrent. Ils savent que leur mentor est en train de perdre la main devant un peuple déterminé qui souhaite à tout prix préserver sa paix et sa Téranga. Oui la démocratie c’est la volonté des citoyens à défendre des vertus nous dit Pintus…les vertus qui fondent leur société.
La flamme démocratique commençait à s’éteindre à cause d’un Chef d’État obsédé par sa volonté folle de réduire l’opposition à sa plus simple expression. On n’a jamais dit autant de bêtises en une phrase. Une démocratie où l’opposition est réduite à sa plus simple expression n’en est plus une. Heureusement est apparu Ousmane Sonko mais aussi un Guy Marius Sagna, venus retrouver des personnalités, comme Dialo Diop, qui n’ont jamais varié dans leur trajectoire. Le leader de PASTEF, en véritable tête de pont, a aidé notre pays à revivre un grand moment de démocratie comme il savait en vivre avant l’arrivée de Macky Sall.
Le Sénégal est un pays de paix et de tolérance. La non-violence est son ADN. On ne réduit pas un Sénégalais au silence, car il a la paix, le dialogue, le débat et l’échange cordial en lui. Un bon grand-père disait que le Sénégal est un pays d’historien et pas un pays de martyr, tant on a juste la grande bouche. Le Sénégalais est un diseur.
Un diseur libre. Quiconque veut l’en priver aura forcément affaire au lion qui sommeille en lui. Pire, il aura à maille à partir avec ce Sénégal de 2023. Chaque génération est un nouveau peuple dit-on. Il est vrai, le peuple de 2023 a toujours la tolérance de ses aînés, sa joie de vivre, sa soif de liberté, mais, il a en plus, une détermination exacerbée. Non pas du fait qu’il soit plus courageux, mais parce que tout simplement, il se sert des expériences passées, ici et ailleurs, et est davantage donc conscient des enjeux. Il faut dire enfin que le nombre, désormais, joue en sa faveur.
La moitié des 17 millions d’habitants que compte le Sénégal a entre 18 et 20 ans. Une frange de la population qui avait besoin d’éducation, de formation à la citoyenneté et qui avait besoin d’être écoutée. Elle n’a jamais été entendue. Pourtant ces jeunes ne cessent de dire à leurs gouvernements, comme l’avaient fait leurs aînés, qu’ils n’avaient pas besoin de dépenses de prestige, mais plutôt qu’on leur sauvegarde leur patrimoine immatériel, leurs valeurs.
Si le gouvernement était champion de la mal-gouvernance et du pillage des ressources, le peuple paisiblement attendrait les élections pour sévir. Par contre, lorsque la liberté, la téranga, la concorde entre ethnies, la magnifique entente des religions, la sacralité des guides religieux, toutes ces choses qui fondent sa sénégalité sont touchées, ce même peuple répond toujours tout de suite sans attendre les jougs électoraux. Le président Abdoulaye Wade en a fait les frais en 2011.
Macky Sall et ses hommes n’ont jamais compris ce pays. Après les manifestations de mars, il avait dit, lui le président, avoir compris le message de ses concitoyens. Malheureusement au regard des réponses apportées par la suite, il a clairement montré plutôt une volonté de tordre le coup à la réalité et d’imposer sa vérité et son scénario. Dites au chef de l’APR qu’en politique, jamais on n’impose un scénario à un peuple car ce dernier est, autant que lui, acteur de sa propre histoire.
En mars 2021, les citoyens ne sont pas sortis manifester à cause des restrictions liées à la pandémie de la Covid. Ils ont manifesté parce que le narratif du Chef de l’Etat leur semblait être d’une tyrannie implacable. L’opposant Ousmane Sonko accusé par une jeune femme de viol a été traqué, sali par le régime de Sall, avant même que le juge n’entende les deux concernées. Au final, pour la grande majorité de l’opinion l’affaire a fait pschitt ! Elle s’avérera être un vaste complot contre le leader de PASTEF. Les émeutes qui suivirent sa convocation au tribunal, feront vaciller le pouvoir. Vaincu par la rue, Macky Sall banda les muscles et lança un « Dotu Fi amaat », qui ne rassura que les plus idiots de son camp.
Deux ans plus tard, la situation a-t-elle changé ? Non pas du tout. La confrontation est-elle évitable ? Oui, elle l’est encore. À condition que Macky Sall n’essaie pas de tronquer la réalité et réagisse clairement au message de son peuple. L’autre possible condition que l’armée et les différentes institutions se rebiffent et restent républicaines jusqu’au bout. Si aucun des deux cas de figure n’a lieu, le chaos est inévitable. « La liberté et la démocratie exigent un effort permanent. Impossible à qui les aime de s’endormir » disait Mitterrand.
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