Le cas de Ndokoti à Douala…

« Ndokoti est encombré, mais pas embouteillé, car le potentiel de la chaussée est mal utilisé en ce que 40/100 sont occupés par les motos et vendeurs ambulants, la gestion de la circulation est difficile mais la police ne pense pas à s’attaquer à cet encombrement. » – Jehu Mekakouing

Intéressante remarque à vrai dire! Pourtant, il n’est pas durablement réaliste – pour remettre de l’ordre, en admettant que tel serait l’objectif – de s’attaquer à un tel encombrement sans d’abord mettre en place des solutions alternatives en amont.

Accessoirement, tous les membres des « forces de l’ordre »/ »gardiens de la paix » sans exception comptent des bayam-sellam et des benskineurs dans leur entourage familial. La vraie question, lancinante et profondément meurtrissante depuis des décennies: Où sont la volonté politique et la bienveillance du projet social dans un monde où la notion du Bien commun n’existe plus depuis belle lurette?

En théorie bien sûr, voire scientifiquement, le « désordre » – quel qu’il soit – ne se résout pas par la répression, tant que les causes ne sont pas adressées à la racine par des chercheurs et planificateurs compétents et consciencieux. Mais dans l’imaginaire populaire camerounais d’aujourd’hui, la répression est devenue la panacée par naturalisation. La solution ultime à tous les maux, ou presque, soutenue par les théoriciens du « y a qu’à, y a qu’à » tout azimut. Désordre ne serait-il qu’un alibi?

Rien que parmi les benskineurs, les compétences en diamant sont « jetées aux cochons » comme on dit vulgairement, aux quatre vents de l’abandon d’un Etat devenu fantôme. Les cerveaux sont là, pêle-mêle au Cameroun. Leur fuite dans un monde dit « meilleur » n’est qu’un détail. L’essentiel est là sur le terrain, à l’état brut, mais déclassé, méprisé et humilié par autrui.

En fin de compte, il serait justifié de se demander si cette légendaire nuisance baptisée Désordre par les Gens de bien, omniprésente à divers degrés, n’était qu’un moyen d’aliénation de plus. En tout cas, à méditer.

© : Haman Cameroun Officiel

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D’origine britannique, Rebecca Tickle est d’abord une passionnée de l’histoire et du destin de l’Afrique. Elle baigne dans l’esprit du continent dès sa petite enfance à travers son père journaliste, qui sillonne l'Afrique dans le contexte de la Guerre froide. A l'issue d'une carrière d'infirmière diplômée bien remplie et l’achèvement d’une licence en sciences sociale et politiques, Rebecca Tickle travaille dans le domaine de la résolution de conflit et de la gestion de projet de médiation humanitaire. Elle s’engage ensuite comme chargée de communication puis comme secrétaire générale dès 2009 à la Fondation Moumié basée à Genève, structure œuvrant pour la réhabilitation de la mémoire coloniale tardive et postcoloniale de la résistance nationaliste au Cameroun et au-delà. Elle s'intéresse particulièrement aux maux qui rongent l'Afrique centrale et alimente sa réflexion à travers les dénominateurs communs caractérisant le continent. Portant une attention particulière aux rapports de pouvoir et d'influence depuis les indépendances, à travers entre autre la société civile et les médias, Rebecca Tickle se plonge dès qu’elle en a l’occasion dans cet univers qui lui tient tant à coeur, à travers la littérature, le cinéma africain et la condition humaine sur le continent. Une curiosité insatiable et une veille assidue des actualités depuis près de trois décennies, complétées par un Master en études africaines terminé en 2024 à l’Université de Genève, lui permettent de faire des analyses fortes et de participer sous diverses formes aux débats autour des questions brûlantes qui animent l'Afrique. Rebecca Tickle collabore avec la rédaction de Kirinapost depuis son lancement en 2016.

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