Les vertueux ont fait le job, en ramenant la coupe, sans parler autrement qu’en donnant le meilleur d’eux-mêmes, mais, depuis, les vicieux, conduits par leur chef d’orchestre, ont pris le podium pour politiser, détourner, s’approprier, se relancer, tricher. Pendant ce temps, l’Etat, sans Premier ministre, n’est plus constitutionnellement à l’endroit, les soldats sont oubliés et humiliés, l’armée nationale avec, dans le Sud du pays, que l’on nous disait pacifié, et, enfin, les politiciens défaits par les électeurs, voici à peine trois semaines remontrent la tête.
L’Etat est par terre. C’est ainsi qu’il a fallu que Madame la Première Dame, elle-même, s’y mêle personnellement pour qu’un reporter sportif, Laye Diaw, soit invité à la cérémonie de célébration des vainqueurs de la Coupe d’Afrique des nations, à leur retour au pays. Quelle incongruité: c’est du jamais-vu, nulle part ailleurs au monde.
Les héros ont senti pendant le tournoi l’absence d’Etat: leurs familles n’ont pu les rejoindre à la veille d’un match ultra-décisif et le bus qui les a transportés à travers les artères de la capitale du Sénégal, une fois leur sacre consommé, était plus que brinquebalant, un de ces machins de l’encombrante Senecartours qu’on retrouve dans toutes les magouilles du pays, de la Sar à la Lonase et maintenant dans le sport. La gestion marketing autour des Lions a été familialisée -on en reparlera, le moment venu!
C’est un Etat-néant, à terre, sans gouvernement fonctionnel, réduit à vivre, telle une sangsue, sur le succès de ce groupe de jeunes footballeurs dont le mérite en dit long sur la capacité de sauver les meubles.
Il a fallu qu’Abdou Lahad Diallo, le jeune Kaolackois, s’extirpe de son ancrage Hexagonal pour se rendre au consulat du Sénégal, tel un Soldat en conscription volontaire, démontre l’état d’esprit de cette jeunesse consciente. Quid d’un Bamba Dieng, tireur de pénalty wen lors de la finale, qui s’est montré fidèle, en réveillant le souvenir des pas de danse de Pape Bouba Diop, un certain 31 Mai 2002, pour souligner la permanence du combat inter-générationnel, preuve que la victoire d’aujourd’hui est la continuité d’efforts fournis depuis la nuit des temps. Sadio, Aliou, Nampalys, Saliou, Edouard et les autres ont donc été vertueux.
Ne leur refusons aucun hommage ni récompense. Ce qui leur a été donné, en termes de millions de francs cfa ou de terrains, n’est rien, d’une part comparé à ce que leurs parcours a rapporté financièrement au pays (plus de 100 millions de dollars, soit 70 milliards de francs Cfa) , d’effets positifs sur la publicité autour de notre pays et, surtout, en matière d’élévation immatérielle du label Sénégal qui était, juste avant ce tournoi, passablement écorné.
Les fêtes sportives sont hélas suivies parfois, voire souvent, par une gueule de bois, de violents retours de bâtons.
Qui oublie comment, à peine une semaine après le triomphe en 2018 de la France au Mondial Russe de football, les attentats terroristes y reprennent de plus belle avant que le mouvement protestataire des Gilets Jaunes, contre le pouvoir en place, s’imposent dans l’Agenda National?
Le sport, en un mot, n’est pas une panacée aux maux d’un pays.
C’est dire qu’il est temps de regarder au-delà de la fête ce qui demeure notre triste réalité. Voir un Docteur Malick Diop, battu avec son candidat Diouf Sarr aux Locales, pointer sa tronche pour se poser en prophète qui avait prédit la victoire des Lions? Entendre Néné Fatoumata Tall s’exciter sur le portage d’une question de jeunesse ou je ne sais quoi par Macky à l’Union africaine? Entendre la voix flagorneuse d’une Aïssata Tall Sall se transformer en griotte pour dire à la cantonade que la victoire des Lions, c’est l’œuvre de Macky Sall? Constater l’empressement de politiciens de l’opposition sans morsure sur l’électorat s’agglutiner aux alentours de l’aéroport de Yoff pour prétendre participer à une union sacrée, qui n’est qu’une capitulation non représentative de cette froide détermination, à l’image des Lions, qui fut celle des électeurs contre le pouvoir opportuniste?
Après les vertueux, pour l’essentiel retournés sur les terrains de leurs clubs respectifs où ils vont continuer à suer pour encore plus nous valoir demain d’autres récompenses, c’est le temps des manoeuvres de bas étages de politiciens, de tout le spectre politique, maniant l’art du Maasla et des larmoiements, pour escompter enterrer les défis qui sont nôtres. Y compris les crimes financiers et économiques, dont Petrotim n’est qu’une illustration connue de tous.
Cette victoire est un bandage, un anti-douleur mais le mal est profond, et ce n’est pas le spectacle, encore plus nauséabond de récupération qui se poursuivra à travers l’inauguration du Stade (quel nom?), qui le fera disparaître. Ce stade est le fruit d’un endettement onéreux -et nous l’allons payer chèrement de nos impôts sans qu’il soit un besoin impératif.
Y convier un Abdoulaye Wade, sous le poids de l’âge et qui se sait aussi coupable d’avoir participé à la déstructuration de notre société par ses libéralités et la promotion de la médiocrité, outre son prisme monarchisant pour son fils, largué, ce n’est qu’un folklore de plus…Dans l’unique but de « blanchir » les crimes des pouvoirs libéraux ayant détruit les grands équilibres, le mérite, qui faisaient la force de notre pays.
La veille de la finale, j’avais dit à un jeune ami que Macky Sall n’avait programmé un voyage (facultatif) aux Comores que pour trouver un refuge, le temps de laisser passer l’orage, s’il advenait un malheur sur la pelouse de Yaoundé, mais que dès que la victoire sera acquise il serait le premier à rentrer au pays pour surfer sur ce qu’il considère, en politicien du court terme, comme un aubaine.
C’est cette logique populiste, destinée à masquer son impuissance face à la banqueroute, à la faillite d’Etat, qui le fait inviter, à droite et à gauche, les vedettes du sport, son ancien mentor qu’il a poignardé, et tout ce que le pays, l’Afrique, comptent d’opportunistes, pressés de vendre les chimères qui sont les seules armes entre les mains du chaland en banqueroute.
Tout ceci se fait pendant que nos soldats sont exposés, projetant leur désespérance, entre les mains d’un Mouvement des forces démocratiques de Casamance plus arrogant que jamais, nos élèves sont en grève, les chômeurs partout, l’insécurité incontrôlable, les institutions enterrées, l’économie tributaire d’emprunts obligataires de plus en plus rapprochés, et la classe politique, pour l’essentiel, vomie par le peuple.
Dieu sait pourquoi il a donné cette coupe à nos joueurs, en leur créant d’abord des rencontres avec des équipes de moindres factures, telles le Zimbabwe, le Malawi, le Cap Vert, la Guinée Equatoriale, le Burkina Faso, avant de leur livrer une Egypte que les talentueux Lions méritaient de battre en finale. Dieu voulait que les Sénégalais aient un moment de répit. Qu’ils soufflent. Qu’ils reprennent espoir. Il a voulu dire qu’il ne leur reste qu’à faire un effort, déjà enclenché lors des locales, pour retrouver les chemins de la vertus et du redressement…
C’est dire que Dieu n’a pas été avec nous pour que nous nous fassions rouler dans la farine par les vicieux qui s’accrochent au mérite des dignes fils de notre pays (notamment cette Diaspora si méritante mais jamais reconnue pour ce qu’elle est).
Ouvrons grands les yeux, l’usurpateur Macky Sall est à la manoeuvre, aidé par les éternels soutiers de la criminalité du pouvoir d’Etat.
La vertu, voilà l’urgence!
Adama Gaye*,est un exilé, opposant au régime de Macky Sall, et auteur d’Otage d’un Etat (Editions l’Harmattan).
Ps: Que le monde entier sache que Macky Sall et ses affidés, services de sécurité et d’injustice couchés, d’une presse alimentaire vendue, concoctent pour me tuer, me jeter illégalement dans une prison pour m’empêcher d’être la voix qui est la mienne désormais…
PS2: ABDOULAYE WADE, tu es libre d’y aller mais c’est une nouvelle entourloupe qui t’attend dans ce stade même s’il doit porter ton nom (immérité). As tu un peu d’esprit pour décliner cette invitation? Wade, évite franchement ce genre de célébration de ton égo: ça a tué le brillant destin que tu aurais pu avoir si tu n’avais pas été si sensible aux larbins dont tu aimais tant t’entourer, y compris un certain Macky Sall. Retiens au moins une leçon des revers que la vie t’a infligés! En es-tu capable? Les gens qui t’entourent te retiennent-ils de faire cet énième bourde?
Ça ne doit pas passer. Ça ne passera pas!
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