Dakar, ville en perpétuelle transformation, semble constamment en chantier. Un quartier, un jour tranquille et bien agencé, se retrouve soudainement envahi par les pelleteuses, les camions de gravats, les trous béants, les tas de sable, et le bruit incessant des travaux. Ce qui devait être une amélioration temporaire devient souvent un désordre permanent. Et la question se pose : pourquoi, nous Sénégalais, avons-nous cette capacité à ne jamais remettre les choses à leur place ?
Les travaux à Dakar, qu’il s’agisse de réfection de routes, de construction de nouvelles infrastructures ou de réparations, sont presque toujours synonymes de chaos. On commence, on chamboule, et on laisse traîner.
Des mois après l’intervention, les traces du chantier restent bien visibles : des trottoirs défoncés, des routes mal rebouchées, des quartiers où rien ne semble plus jamais être comme avant.
Il y a un sentiment permanent que les projets ne sont jamais vraiment terminés, qu’on passe à autre chose avant d’avoir mis le point final.
La scène est toujours la même : une route fermée pendant des semaines, voire des mois, sans que les habitants sachent quand elle sera enfin praticable. Des délais qui s’allongent sans explications, des matériaux qui traînent, des déviations improvisées.
Nous ne méritons pas de projets bien faits ?
Quand les travaux semblent s’achever, il ne reste que des cicatrices : des trous non rebouchés, des tas de gravats qui deviennent de nouveaux obstacles, comme des reliques d’un chantier inachevé. Tout cela, accepté comme une fatalité.
Et pourtant, nous ne nous plaignons presque jamais. Au lieu de cela, nous adaptons nos vies à ce nouveau désordre, trouvant des moyens de contourner les obstacles, habitués au fait que les choses ne seront jamais comme avant.
Pourquoi cette absence de réclamation ? Pourquoi n’exigeons-nous pas que tout soit remis en ordre, que les promesses soient tenues, que les quartiers soient restaurés comme ils étaient, sinon mieux ?
Nous avons, semble-t-il, développé une étrange tolérance à l’inachevé. Peut-être est-ce une forme de résilience. Peut-être est-ce la capacité sénégalaise à toujours « faire avec ». Mais est-ce vraiment cela que nous voulons pour nos villes ?
Ne mérite-t-on pas des projets bien faits, finalisés avec soin, où les ouvriers ne laissent pas derrière eux des traces de leur passage comme des blessures ouvertes ?
Alors, quelle est la solution ?
Elle commence sans doute par un changement de mentalité. Nous devons revoir notre tolérance à l’égard de l’inachèvement, refuser que les projets publics soient traités avec tant de légèreté. Cela nécessite une demande collective pour plus de rigueur, plus de responsabilité, et surtout plus de suivi dans l’exécution des travaux.
Il faut réintroduire une culture du respect des délais et des engagements, un contrôle qualité systématique, et un mécanisme de réparation immédiate des dégâts causés par les chantiers.
La solution passe également par une responsabilité citoyenne : ne plus être simplement des spectateurs passifs de ce désordre, mais des acteurs qui exigent des comptes. Une plainte n’est pas un signe de faiblesse, c’est un acte de responsabilité.
Il est temps de cesser d’accepter l’inacceptable et de revendiquer un Dakar où les choses sont mises en ordre après chaque chantier, où chaque projet est mené à bien et où chaque quartier retrouve sa beauté et sa fonctionnalité.
Ne laissons plus le désordre des chantiers définir nos espaces de vie. Il est temps de remettre les choses à leur place, et de refuser que notre quotidien soit continuellement bouleversé par des travaux qui semblent ne jamais vraiment se terminer.
Une Dakaroise passionnée qui aspire à voir sa ville évoluer avec rigueur et responsabilité.
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