Neuf anciens tirailleurs sénégalais vivant en France ont décidé de rentrer en Afrique. Une décision devenue possible suite a la dérogatoire décidée par le gouvernement français, qui leur permet de vivre en permanence dans leur pays d’origine, sans perdre leur allocation minimum vieillesse.
C’est un long épilogue qui vient de se terminer. Les tirailleurs sénégalais qui ont combattu pour la France avaient l’obligation de vivre 6 mois en France pour recevoir leur allocation vieillesse.
« Ils avaient pour obligation de rester 6 mois par an en France pour continuer à percevoir cette allocation minimum vieillesse d’un montant de 950 euros par mois – allocation qui permettait notamment à leurs familles restées au pays d’avoir un minimum pour subvenir à leurs besoins », explique Fatou Biramah, porte-parole de l’Association pour la mémoire et l’histoire des tirailleurs sénégalais.
Reçus vendredi dernier par le président français, les neuf tirailleurs vont bénéficier en plus de cette indemnisation, une aide dont le montant n’est pas dévoilé, pour financer leur trajet et leur réinstallation dans leur pays d’origine. Une assistance médicale au Sénégal sera notamment prise en charge par la France, selon Fatou Biramah.
« Toutes leurs familles, femmes, enfants, petits-enfants sont au pays. Et une famille qu’ils devaient donc laisser pour habiter six mois en France, seuls dans des chambres ne dépassant pas 15m2 c’était lourd » rappelle -t-elle.
Les neuf hommes, âgés de 85 à 96 ans ont servi comme soldats durant les guerres de décolonisation, principalement en Indochine et en Algérie. Les anciens tirailleurs de la première et de la seconde guerre mondiale n’ont jamais pu bénéficier ni l’alignement de leurs indemnités sur celles de leurs homologues français, ni de leur allocation en rentrant définitivement en Afrique.
Créé sous le Second Empire (1852-1870) et dissous au début des années 1960, le corps français des « Tirailleurs sénégalais » rassemblait des militaires nés dans les anciennes colonies françaises en Afrique et enrôlés dans l’armée française. Ils sont désormais 37 vivants en France.
Malgré leur participation aux deux guerres mondiales, les quelques 700.000 tirailleurs n’ont jamais obtenu la reconnaissance de l’Etat français. En 2016, François Hollande avait octroyé la nationalité française à ces « Sénégalais » des colonies françaises (Mali, Maroc, Algérie, Sénégal, Côte d’Ivoire…). Il a fallu attendre tout ce temps pour leur permettre de toucher une petite retraite.
Yoro Diao, 95 ans a hâte de rentrer au Sénégal. Les valises sont déjà rangées et le container de bagages déjà fermé. Vendredi, avec 8 de ses camarades, il va retourner au pays après une bataille des plus longues avec l’administration française pour la reconnaissance de leurs « sacrifices ».
« Nous rentrons chez nous pour vivre avec nos petits-enfants après les affres de la guerre et de la vie de vétéran des guerres d’Indochine et d’Algérie au service de la France » dit Yoro Diao fier de retourner définitivement dans son Kaolack.
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