les régates à Saint-Louis, une histoire d’honneur

Les régates de Saint-Louis sont l’un des événements les plus marquants de la cité du nord. Inscrites dans l’agenda culturel et sportif de Ndar, les régates sont essentiellement l’affaire du fameux quartier des pêcheurs Guet-Ndar.

Pendant des semaines, les trois grosses écuries, Pondo Kholé, Lodo et Dakk, se préparent à la compétition. Les pirogues sont peintes et décorées avant leur mouillage pour quelques séances d’entraînement. Dès ces moments, on sent l’effervescence monter d’un cran dans Guet-Ndar et dans toute la ville. Les rameurs habitants tous le quartiers des pêcheurs, sont de robustes gaillards. Contrairement aux régates de Dakar, où les rameurs sont assis l’un derrière l’autre, ceux de Saint-Louis font la course debout. Il y a trois catégories de courses. Celle des petites pirogues, appelée « course du naufrage », est l’une des plus prisées. En effet, les rameurs de cette catégorie, à peine le départ donné et quelques mètres parcourus, renversent volontairement leur pirogue avant de remonter et poursuivre leur course. La rapidité est ici un important atout. L’autre attraction est sans aucun doute la course des grandes pirogues. Ici, l’endurance est l’arme fatale. Bien évidemment, l’aspect mystique est bien présent. Chaque marabout, chapelet en main, prie pour son camp, tandis que les rameurs s’enduisent le corps d’eau bénite afin de se protéger du mauvais sort.

L’histoire des régates est intimement liée à Saint-Louis. Les premières régates officielles datent du début du XIXe siècle. Année après année, elles sont devenues une véritable institution. Les autorités de la ville, notables et même hôtes de la vieille cité, y prennent part. C’est le cas du Général de Gaulle en 1959, alors que Saint-Louis est encore capitale de la colonie française.

Le grand jour, c’est toute la ville qui accoure sur le quai Henry Jay (le grand fleuve) pour assister aux compétitions. Les femmes bien habillées et élégantes, dans la pure tradition saint-louisienne, ne rateraient pour rien au monde l’événement. Les enfants idem. Ils courent dans tous les sens pour trouver le bon angle afin de ne rien rater de ce spectacle géant. D’ailleurs, une course assez spéciale était organisée au temps pour les enfants. Il s’agit du lâcher de canards. Les enfants dans de petites pirogues font la course pour attraper les anatidés. On raconte aussi que les grandes divas de la chanson de la ville, Coumba Fall Léonie, Diabou Seck ou encore N’deye Faly Dieng, accompagnées par Abdou Guité Seck ou Lamine Coura grands tambours majors, ont contribué à donner aux régates leurs lettres de noblesse. Cela n’a pas changé et leurs héritières assurent dignement la relève. Aujourd’hui, le Simb ou jeu du faux lions et le défilés des signares se sont ajoutés au spectacle.

Dans une ambiance carnavalesque et une foule indescriptible, la compétition dure le temps des trois courses. Avant le crépuscule, ce sont des spectateurs, remplis d’images dans la tête et d’émotions dans l’esprit, qui regagnent les demeures. Quant aux compétiteurs, ils gagnent l’estime et la reconnaissance de toute une ville.

 

Crédits: Yamaha

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