Au regard de l’urgence de certains enjeux (écologiques certes mais pas que…) qui touchent notre société aujourd’hui plus encore que jamais, le changement de perspective est plus que de mise. Comme le dit si bien Gramsci : » Le vieux monde se meurt , le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur, surgissent les montres ».
Tels des faucons dont les plumages et ramages ont transmuté, les politiciens yakaristes, à qui on aurait retourné le cerveau, semblent avoir subi une transplantation idéologique. Comme lobotomisés ou touchés par la grâce de la pleine conscience au réveil, désormais, ces derniers, délaissent leur activité principale au sein des lambris dorés de l’État pour un temps partiel qu’ils emploient dorénavant à explorer les voies et sillons de la très prochaine alternance. Sonder les voies aériennes et tracer l’itinéraire avant le grand envol…
Ici, pas de quartier : toute coïncidence ou ressemblance avec des personnages ayant existé est volontairement fortuite, à leur grand dam.
La saison des flux migratoires du landerneau politique a sonné.Que de remue-ménage, dans le ciel chargé. C’est le retour, des oiseaux migrateurs, volant à coeur-perdu à la recherche de prairies en fleurs. Les politiciens sont de drôles d’oiseaux, la nature ne les a pas dotés d’état d’âme. Ils iront de branche en branche jusqu’à trouver celle qui pourra contenir leur nid.
Aucune disgrâce ne s’attache à l’homme qui change de camp. On ne pense nullement que c’est déshonorant : c’est en fait ce qu’il y a de plus sensé et de plus logique. Lorsque vous faites la tournée pour vendre votre allégeance à celui auquel on peut acheter la meilleure protection, on ne désapprouve absolument pas celui qui fait la meilleure affaire.
Il est même probable que l’on considère ceux qui sont restés dans le camp perdant pendant qu’ils avaient la possibilité de rallier le camp des vainqueurs comme des incapables politiques.
Les affaires sont les affaires.
Qui est fou, me diriez-vous? La démocratie n’est pas une simple partie d’échecs, et la stratégie nous fait parfois chambrer avec de drôles d’oiseaux…
Nous sommes bien entrés, comme chacun en est désormais conscient, dans un nouveau monde. La difficulté vient du fait que les gens du pouvoir y sont entrés à reculons et en fermant les yeux. À reculons, parce que leurs références et leurs façons de faire, y compris chez ceux d’entre eux qui se flattent de progressisme, restent celles de l’ancien monde. En fermant les yeux, parce qu’ils ont refusé obstinément de se doter d’outils qui leur permettraient de comprendre, au moins un peu, ce qui leur arrive. Tout cela devrait les inciter à une extrême prudence. Mais il n’en est rien: ils foncent vers un vide abyssal, n’ayant aucune idée de leur situation et ne sachant pas dire où ils en sont, la boussole du timonier ayant cassé au cours de ses nombreux barouds d’honneur.
Ils croient néanmoins s’y retrouver, sous la houlette du prince déchu, en quête désespérée d’un dauphin providentiel à même de perpétuer le leg de l’émergence fast track et de maintenir au-delà de 2035, le règne des libéraux, tout pressés de capter les dividendes de notre fraîche prospérité pétrogazière.
Ainsi parée, l’étrange abdication princière a des airs de victoire. Du moins dans leurs discours. Et c’est donc équipés de ces frêles avancées verbales qu’ils s’engouffrent vaillamment à l’assaut de toutes les portes ouvertes qui se présentent, sans se demander sur quoi elles débouchent.
Plus que jamais, alors qu’ils se prévalent de leurs libres choix, ils subissent la loi de forces et de choses qui leur sont inconnues.
Leur inconscience ne les préserve pas des dangers, mais il faut bien admettre qu’elle leur donne une sorte d’audace admirable. L’accélération est continue et générale, car dans le terrain mouvant où ils sont engagés, l’arrêt signifierait la mort.
Il y a bien quelques conservateurs pour s’inquiéter de cette irrésistible et somnambulique course à l’abîme, mais ils ne sont pas plus raisonnables et ne diffèrent pas beaucoup des progressistes qu’ils combattent par ailleurs…
Ce vendredi14 juillet aura le destin d’une date fatidique qui signera à n’en point douter le début de la grande débandade migratoire.
En attendant l’apothéose d’un certain 15 juillet…
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