Le niveau de diplôme des enfants d’immigrés progresse en France. C’est ce qui ressort de l’enquête statistique « Trajectoires et origines 2 » réalisée conjointement par l’Institut National de la Statistique et des Études Économiques (INSEE) et l’Institut National d’Études Démographiques (INED) et rendue publique ce mardi 5 juillet. l’étude renseigne également qu’un un tiers de la population de moins de 60 ans a des origines immigrées sur trois générations en France.
Le niveau d’éducation progresse sensiblement entre les enfants et les parents dans les familles immigrées. Mais la reproduction sociale perdure malgré tout et les descendantes et descendants d’immigrés d’origine extra-européenne voient leurs diplômes moins valorisés que les autres sur le marché du travail. C’est un enseignement de l’enquête statistique « Trajectoires et origines 2 » réalisée plus de dix ans après la première édition.
Contrairement aux idées reçues selon lesquelles les immigrées ne s’intègrent pas assez, l’étude de l’INED et de l’INSEE montre, en tout cas, qu’en ce qui concerne l’éducation, les fils et filles d’immigrées sont mieux diplômés que leurs parents. Il appartient à la république de s’occuper de tous ces enfants diplômés qui restent en bas de l’échelle sociale surtout à cause des discriminations.
Ce n’est pas l’enquête qui le dit, mais cela fait des années que la France perd des professionnels hautement qualifiés partis chercher plus de dynamisme et d’opportunités ailleurs. Parmi eux, d’après des chercheurs universitaires, on trouve un nombre croissant de Français musulmans qui affirment que la discrimination a été un puissant facteur de leur départ et qu’ils se sont sentis contraints de quitter la France en raison d’un plafond de verre de préjugés, d’un questionnement persistant au sujet de leur sécurité et d’un sentiment de non-appartenance.
Ni les politiciens ni les médias n’évoquent ce flux, alors même qu’il témoigne, selon les chercheurs, de l’échec de la France à garantir un ascenseur social même aux membres les plus brillants de l’une de ses plus importantes minorités, d’une “fuite des cerveaux” de ceux qui pourraient servir de modèles d’intégration.
“Ces personnes vont participer à l’économie de pays comme le Canada et la Grande-Bretagne,’’ constate Olivier Esteves, professeur au Centre d’Études et de Recherches Administratives, Politiques et Sociales de l’Université de Lille, où une enquête a été menée auprès de 900 Français musulmans émigrés, dont des entretiens approfondis avec 130 d’entre eux. “La France se tire une grosse balle dans le pied.”
En attendant que leurs diplômes ne soient valorisés au même niveau que les autres sur le marché du travail, les enfants des migrants ne profitent de l’ascenseur social qu’une fois à l’étranger.
Revenons à l’étude ISEE & INED, c’est une photographie précieuse de la France. Un cliché qui permet de regarder sa population et ses origines.
Les données statistiques dévoilées datent de 2019 et 2020 – contre 2008 et 2009 pour la première édition – et sont basées sur un échantillon représentatif de 27 200 personnes. Elles permettent notamment de détailler l’origine migratoire de la population sur trois générations. On y apprend que 32 % de la population de moins de 60 ans a des origines immigrées. Mais à y regarder de plus près, ces origines se diluent dans le temps.
« La moitié des enfants d’immigrés [un immigré est une personne née étrangère à l’étranger] ont un parent qui n’est pas immigré », souligne Patrick Simon, sociodémographe à l’INED et coauteur de l’enquête TeO. C’est encore plus vrai pour la troisième génération : neuf petits-enfants d’immigrés sur dix n’ont qu’un ou deux grands-parents immigrés. « Ces petits-enfants d’immigrés ont un rapport de plus en plus lointain à l’immigration », observe M. Simo
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