Le 23 mars marque la date de naissance de Walter Rodney, militant de la cause noire et historien assassiné en 1980 à Georgetown capitale de la Guyane britannique son pays. Il n’avait que 38 ans.
Historien, panafricaniste et militant pour l’émancipation des Noirs dans le monde, Walter Rodney a participé à l’éveil des consciences sur le continent et sa diaspora. C’est dans cette perspective, qu’il écrit: « How Europe Underdeveloped Africa » Comment l’Europe sous-développa l’Afrique : analyse historique et politique du sous-développement), un classique sur l’histoire de l’Afrique paru en 1972. Il fut à la fois brillant chercheur, militant anticapitaliste acharné et politique réputé.
Walter Rodney, laisse l’héritage d’un homme de conviction qui a disséminé les idées panafricaines révolutionnaires dans les Caraïbes et en Afrique, montrant également les enjeux d’une écriture nouvelle de l’histoire du monde.
Dans son combat, Rodney a séjourné en Tanzanie, où il a soutenu le gouvernement socialiste de Julius Nyerere. Alors que ses travaux universitaires participent « à l’émergence des sciences sociales africaines décolonisées », le militant qu’il est s’emploie à diffuser le savoir dans les villages tanzaniens. Son degré d’engagement l’amène à s’exprimer en kiswahili, la langue du peuple. Il poursuit son militantisme panafricain et, analysant les causes du sous-développement du continent. Pour prendre part au Congrès panafricain de 1974, il prépare un texte portant sur la « lutte des classes internationale en Afrique, dans les Caraïbes et en Amérique ». Il y dénonce les dirigeants qui, à l’instar de Félix Houphouët-Boigny, Jean-Claude Duvalier, Idi Amin Dada ou encore Mobutu, versent dans le tribalisme sous couvert de « négritude ».
Walter Rodney a étudié en Jamaïque, puis à l’École des études orientales et africaines de l’université de Londres, où il rencontre l’intellectuel C. L. R. James. Il s’intéresse notamment à l’histoire de l’esclavage et consacre une thèse à la traite négrière en Afrique de l’Ouest. Rodney enseigne l’histoire africaine à l’Université des Indes occidentales (UWI) dans le quartier de Mona à Kingston en Jamaïque. Il organise par ailleurs régulièrement des conférences informelles au cœur des différents ghettos de Kingston-ouest.
Dans les années 1970, Walter Rodney, fonde la Working People Alliance (WPA) formation politique avec laquelle il s’oppose farouchement au pouvoir dictatorial en place et aux clivages ethniques en Guyane. Il entreprend à la même période l’écriture d’une histoire populaire du Guyana, qui restera inachevée.
Après son décès, le dub-poet Linton Kwesi Johnson lui rendra hommage dans Reggae Fi Radni (Rodney en créole jamaïquain), une chanson de reggae mélancolique sur lequel il dit un texte dénonçant l’assassinat de Rodney comme un acte de haine raciale et rendant hommage à son travail et de son engagement.
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