Farah Diaw est un ancien du journal le Soleil. Il revient dans ce texte sur la situation catastrophique du quotidien et sur la bravoure de ses jeunes frères et soeurs journalistes de la maison qui tirent sur la sonnette d’alarme.
Farah Diaw • Les récents et surprenants événements qui ont eu lieu au siège du journal « Le Soleil » à Hann ont meurtri les cœurs de l’opinion publique sénégalaise. Cela l’a été plus profondément encore pour les anciens de ce « premier né », une appellation de mérite qu’un de nos illustres « grands », Amadou Fall, lui a fièrement octroyée. Bien sûr, et cela est dans le « Mall » au premier étage de l’ancienne et imposante bâtisse coloniale de Hann, qui avait été malmené sous le coup d’un courroux qui a débordé et, surtout, est resté trop longtemps ignoré.
Pour être entendus, ils ont vraiment été entendus et vus « en rouge écarlate de la colère » dans les reportages sur le coup de sang. Ce qui s’est passé dans la journée, et surtout dans la soirée avec l’acheminement au commissariat des syndicalistes et délégués du personnel, et qui a laissé un très désagréable arrière-goût de cendre à tous les « anciens », va être un moment épique inoubliable. Il sera pourtant inscrit à l’encre indélébile sur les pages de la lutte syndicale au journal de Hann. En vérité, il y a eu de très belles pages écrites en des moments véritablement de braise par nombre de respectables devanciers sur la route de l’ancien Service géographique. Il y avait Abdoulaye Ndiaga Sylla, Sidy Gaye, Papa Latyr Diagne, les regrettés Ibrahima Fall, Babacar Touré, Awa Tounkara, Ibrahima Mbodj du service photo, etc. Les professionnels de céans et leurs syndicalistes ont osé. Ils sont allés loin par désespoir, sentant le sol tout près de se dérober sous leurs pieds.
Ils ont fait le « fippu », autrement dit ils se sont rebiffés, tout simplement pour que l’âtre et son feu assoupi retrouvent les rayons de l’astre solaire. En ce qui concerne les maux de ce journal, de cette entreprise, notre doyen Amadou Fall en a trouvé les mots exacts pour les décrire. Ces dernières années, les personnels du Soleil ont noté la pente de laquelle ils dégringolaient inexorablement vers le gouffre. L’entreprise se cherche toujours pour poser (enfin) les pieds dans le nouveau millénaire avec ses exigences implacables. Les fractures et les divisions en son sein ont retardé l’allumage de cette introspection et le passage aux actes salvateur. Il était temps, ils l’ont fait.
La connaissance que, de notre « hune de retraite », nous avons des jeunes générations en présence à Hann nous réconforte. Ils en ont les ressorts et les énergies. Leurs prédécesseurs dans ce journal, qui a reçu fièrement des monuments de l’intelligentsia mondiale dans sa célèbre salle de rédaction (l’éminent journaliste Jean Daniel, le prix Nobel pakistanais Salman, le professeur Peter Piot, le défunt cinéaste Pierre Schoendoerffer, le philosophe Doudou Sine, le professeur de lettres et doyen Mouhamadou Khalilou Kane, Ousmane Sembène, etc.), se souviennent. Il y a eu tellement de personnalités qui, de passage à Dakar, ont tenu à se rapprocher des illustres directeurs généraux (Bara Diouf, Alioune Dramé, Ibrahima Gaye, El Hadj Hamidou Kassé, Mamadou Sèye et Cheikh Thiam) pour s’asseoir autour de la majestueuse table de la réunion de rédaction et figurer à la une de l’astre de Hann.
Des vagues de jeunes journalistes y ont acquis les nobles et indélébiles plis professionnels, l’aiguisement du sens de l’humain, la solidité accrue de leur patriotisme, l’amour de leur cher pays, etc. Certains sont dans la gloire du panthéon de la presse nationale et africaine. A jamais. Vive « Le Soleil » !
Farah Diaw
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