Incompétence ou Inconséquence Politique ?

Les slogans et les promesses de nos hommes politiques n’engagent que ceux qui y croient. L’état d’insalubrité du cadre urbain sénégalais dans lequel dans lequel se pavanent insouciants les citoyens de notre pays nous interpelle à plusieurs titres.
D’abord comment avons-nous pu au fil des années nous accommoder d’une telle puanteur qui enveloppe notre quotidien ? Comment des « nguentés » peuvent se dérouler dans des rues où fuient avec insistance des égouts crevés de fatigue et de sollicitations domestiques surréalistes, les femmes notamment, paradant couvertes d’ors à deux mètres du fétides clapotis verdâtres ? Comment sont-ils parvenus à manger avec gourmandise, le « Boli » de Tiebou Yapp de circonstance à côté de poubelles vomissant leurs détritus rebutants ? Ils y sont parvenus par le pire des moyens et le plus vil des sentiments que leurs autorités leur destinent : L’habitude du Mépris.
Il ne faut avoir aucune compassion pour faire vivre les sénégalais dans cette crasse assumée et volontaire. Mais que penser du message du chef de l’état, Son Excellence Macky Sall, qui souhaite et appelle de toutes ses fortes prérogatives à un Sénégal Propre de ses « Zéro déchets », lorsque un évènement comme le World Clean Up Day, auquel vont participer 18 millions de personnes à travers la mobilisation de 180 pays dans le monde, auquel a adhéré le Sénégal grâce à « Let’s Do It Africa » de Stéphan Senghor, occasion sur laquelle aurait dû sauter le gouvernement, ou à tout le moins, son ministère de tutelle, n’arrive pas à faire bouger la moindre oreille à l’intérieur de ce Ministère, qui en reçu l’information au mois de juillet de dernier.
Les organisateurs se sont fait accompagner par la Ville de Dakar et ont été encouragés par le volontaire Ministre de l’Urbanisme et du cadre de vie, qui a l’air de savoir de quoi il retourne, question de culture, et que les sénégalais ont surnommé « ministre de la propreté », au regard de ses actions quotidiennes et de son engagement à demeurer rigoureux sur des principes qui relèvent de la discipline. Que Monsieur A. K. Sall n’ait pas bondi de son douillet fauteuil, pour réaliser avec la passion requise quand on dirige un tel ministère, le vœu de son patron de président qui a pourtant dit son exhortation au peuple sénégalais, de s’inspirer du Rwanda de Paul Kagamé.
Il aurait pu, ce ministre des environs, organiser devant les objectifs de toute la presse nationale et internationale, une séance populaire de « set-setal » présidentiel originale, exemplaire, humble, qui aurait servi de « top départ » à une campagne tout de même sisyphéenne et au long cours, qui requiert une volonté politique certaine. On n’ose croire, susurré par des sources républicaines que notre « ministre des environs » n’ait vu qu’en Stephan Senghor, un partisan de son adversaire politique dans son fief de Mbao, il y a dix ans de cela, l’ancien président de l’Assemblée nationale, Mamadou Seck, avec lequel l’organisateur sus-cité, avait en affaires justement dans l’environnement.
Ce serait tragique s’il s’était agi de considérer que la vindicte acide, rabougrie et personnelle, ait pu prendre le dessus sur une cause nationale et nécessaire. PSE ou pas, d’autres aéroports de Diass et des TER à la pelle, ne feront pas revenir les touristes dans un aussi aussi crade, pas plus qu’ils n’inciteront certains grands artistes comme John Coltrane en 1957, à affubler leur album du nom de « DAKAR ». Aujourd’hui, ce serait Pape Ndiaye Tiopette qui poserait sa musique désordonnée sur l’image de « NDAKAROU. » Nous vivons dans une évidente cohérence. 
Jean Pierre Corréa
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Journaliste de formation, J.P.C est une voix radiophonique unique mais aussi une plume corrosive. Ses analyses fines sur la vie politique, sociale et culturelle du Sénégal font références. Ses éditos sont sur Kirinapost.

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