HBD, hommage à un diamant solitaire…

HBD, Hamet Baïla Diop nous a quittés. Ses trois lettres étaient connus sur Facebook. Sa magnifique écriture, sa multitude de mots, son vocabulaire fourni, sa culture générale immense, son parti pris assumé et revendiqué sur de nombreux sujets touchant le Sénégal, l’Afrique et l’humain, attiraient les followers. Chacun y trouvait son compte ! Certains le suivaient juste pour sa belle plume, d’autres venaient sur son mur pour mieux comprendre la marche du monde. Chroniqueur sur Kirinapost, il nous a émerveillés par la profondeur de ses analyses. HBD était clivant, tant il était debout et droit dans bottes. On pouvait l’aimer ou le détester mais on reconnaissait toujours sa sincérité. Il disait ce qu’il pensait. C’était un diseur sincère…un homme profondément libre ! Khady Gadiaga qui l’a connu et suivi comme de nombreuses personnes passionnées par les idées et le débat sur les devenirs, lui rend ici un hommage mérité.

HBD, hommage à un diamant solitaire…, Information Afrique Kirinapost

        « J »aime bien cette photo » avait-il légendé

 

« Le meilleur hommage que l’on peut rendre à un diamant, c’est de l’appeler un solitaire… »

Les voies du Seigneur sont impénétrables. La mort tombe dans la vie comme une pierre dans un étang : d’abord, éclaboussures, affolements dans les buissons, battements d’ailes et fuites en tout sens. Ensuite, grands cercles sur l’eau, de plus en plus larges.

Enfin le calme à nouveau, mais pas du tout le même silence qu’auparavant, un silence, comment dire : assourdissant.

HBD nous a quittés.  Je ne sais pas grand-chose de lui. Je dirais que c’est quelqu’un que je venais de découvrir et avec qui j’ai interagi toute la semaine sur des sujets divers et de grande portée existentielle.  Nous n’étions jamais du même avis. Je m’insérais dans une ligne médiane quand lui était un interlocuteur incisif, érudit et tenace, aux discussions empreintes d’un sens de l’humour décapant et plus ou moins encrypté.  Nous-nous sommes embarqués dans un voyage de l’imaginaire qui s’ouvre sous le signe de la fascination médusée, puis du déchiffrement, en un mouve­ment d’ouverture, de déploiement du sens, que la psychanalyse la plus éloignée des grilles interprétatives n’aurait pas désavoué.

C’étaient là des énigmes que je pensais n’avoir que bien peu de chances de résoudre. Et pourtant, j’étais étrangement intéressée par les mouvements de sa pensée et ne voulais pas m’en laisser détourner… Ses paroles possédaient une signification profonde qu’il valait la peine de chercher à interpréter. Il en émanait quelque chose qui venait subtilement toucher ma sensibilité, mais échappait à l’analyse de mon esprit…

Oui, parce qu’il faut accepter d’être dérangé dans ses certitudes et ses habitudes, nous avions pris goût à l’échange. Lui qui s’était emmuré dans un silence de cathédrale venait de trouver en moi une petite muse pour ses saillies pamphlétaires et autres envolées philosophiques…  Une connexion mentale déroutante. Nous devions prouver que nous étions encore des gens biens! Lourde tâche! L’humanité a besoin d’une boussole, alors chacun se trouve un prétexte pour délaisser la somme du tout pour le maintenant. Responsabilité écrasante sur ce qui ressemble à une pente ! Pour la planète, bientôt une rengaine ultime. Intimidante, pressante sans jamais se précipiter…

Interagir avec HBD, c’était réviser

réapprendre à communiquer sur les tas de non-dits, de quiproquos, de dissonances. C’était aussi réviser les classiques, les nouveaux, les transnationaux et les marginaux.

Notre petit atome crochu recherche encore sa propre notice, déterre comme jamais de l’énergie en marmite mais se heurte à un mur de « tout va trop vite » qui vire à la paralysie et à la mort…

Avait-t-on seulement le temps de polémiquer? Se figurait-t-on cette urgence pressée?  La mort est venue comme un couperet mettre un terme à une belle osmose qui prenait forme, baisser le rideau d’une rencontre qui se voulait prometteuse de révolution…

La rencontre vient du mot « encontre » qui signifie le heurt avec la différence. La rencontre n’est pas un simple croisement, c’est un bouleversement. Si on continue à vivre et à penser comme avant, c’est qu’au fond on n’a pas vraiment rencontré. La rencontre a le pouvoir de relancer une existence….

Rencontre virtuelle, comme s’il voulait me communiquer ce qui lui restait d’énergie vitale avant de s’en aller…

Je reste persuadée que notre rencontre virtuelle, si brève, si improbable qu’elle fût n’était point fortuite. Le hasard n’y a pas sa place, c’était une prédestination, un message à décrypter… C’est comme s’il voulait me communiquer ce qui lui restait d’énergie vitale avant de s’en aller…

Parfois les fils se croisent, s’entremêlent pour un certain bout de chemin, s’enrichissent… Certaines rencontres nous font nous sentir encore plus vivantes. Encore plus nous. Merci à Hamet Baïla Diop qui a contribué à faire grandir ce fil par lequel nous serions énergiquement liés à nos défunts et nous pouvons leur envoyer des pensées positives, des pensées d’amour afin de les aider à continuer à s’élever..

Je lui suis redevable de quelque chose sans savoir quoi exactement. Ce lien qui s’est forgé a un but… Certainement je lui dois des prières.  À mes yeux, ceci n’est pas étranger à notre volonté de résister à la «désanimation» du monde qui serait le discours ambiant, etc…

Dans la prière, le mort continue à agir

  Ma prière s’articule particulièrement bien à cette résistance. Raconter, mettre les morts dans des récits, c’est surtout une façon de continuer à instaurer leur existence. C’est une façon de prolonger l’acte créatif qui donne de l’épaisseur et de la vitalité aux morts. Dans la prière, le mort continue à agir, à exister, et c’est par le récit que les gens continuent à faire l’expérience de sa présence. C’est une forme de réactivation, mais c’est surtout un rapport très personnel: chaque fois qu’il y avait une histoire à raconter, il y avait du bonheur à partager…

Alors Seigneur, donne à l’âme de ton serviteur défunt HBD, le repos dans un lieu lumineux, verdoyant et frais, loin de la souffrance, de la douleur et des gémissements commis en parole, par action et en pensée. Accorde lui le Paradis des braves et des véridiques auprès de son guide éclairé, Seydina Mouhammad psl…

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Khady Gadiaga est une communicante de profession. Elle a capitalisé 25 ans d'expérience professionnelle dans différentes entreprises où elle a respectivement occupé les postes de Product Manager, Directrice Commerciale et Marketing, notamment dans les secteurs de l'industrie médicale et textile en Europe et en Afrique. Ancienne directrice du marketing du Festival Mondial des Arts Nègres (FESMAN) de 2005 à 2010, elle a coordonné et orchestré le volet communication et marketing de ce grand rendez-vous culturel. Khady est passionnée de culture, des grandes idées et des mots, elle met sa plume au service des causes justes, parmi lesquelles, la paix et la concorde et la liberté. À ce titre, elle a été directrice de la rédaction, à Debbo Sénégal. Cette ancienne étudiante en Langues étrangères Appliquées à l'économie et au droit à University of Nice Sophia Antipolis, est aujourd'hui Directrice générale à Osmose (Agence de communication Globale) et depuis 2011, met en pratique sa riche expérience en qualité de Consultant expert Sénior en accompagnant les organisations du secteur privé, public et institutionnel en terme de conseils, de coaching et de suivi-évaluation de projets et programmes. Les chroniques de cette dame de aux centres d'intérêts éclectiques, sont désormais sur Kirinapost.

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