Former la société au pouvoir de la bienveillance…

Il est difficile de parler de soi mais j’ai toujours vécu avec une conviction qui s’est forgée au cours de mes expériences de vie et qui me tient lieu de doctrine dans ma vie personnelle, dans mes interactions sociales comme dans ma  réalité professionnelle.

Mon parcours est celui d’une femme combative qui s’est construite une carapace faite d’exigence voire d’intransigeance, envers soi-même et d’une bienveillante indulgence envers les autres.

Plus j’ai avancé dans ma vie, et dans les postes successifs où j’ai pu exercer mes capacités, plus j’ai apprécié à sa juste valeur ce que l’environnement du travail, ses satisfactions, ses contingences et ses adversités m’ont appris : la qualité du dialogue, la nécessité du consensus, la valeur du respect. Et le pouvoir de la bienveillance.

Je suis intimement convaincue que cette posture positive facilite les relations humaines, et particulièrement les relations de pouvoir.

La bienveillance ou la gentillesse, ce mot que l’usage a fini par travestir, ne signifie aucune naïveté ou faiblesse, aucun renoncement, aucune compromission. Elle permet de rester ferme sur ses valeurs et sur ses décisions. Mais elle rend les situations difficiles moins sévères, moins dures à avaler. Surtout lorsqu’on détient une part de pouvoir sur les autres.

L’actualité récente au Sénégal nous a montré à quel point la haine, l’animosité frontale, la rivalité malsaine et ses corollaires de dérives autoritaires et de réactions violentes dans le domaine politique ont fait des dégâts psychologiques et physiques incommensurables. Jamais au pays de la Teranga, il n’existât un temps où ces types de comportements furent tolérés, ou même acceptés, parce qu’ils étaient prétendument le prix à payer pour atteindre le Graal politique.

Maintenant, il nous faut passer à l’étape suivante. De la dénonciation nécessaire des abus qui doit se poursuivre, passons à la promotion active et organisée de la bienveillance.

Soyons cette génération qui aura amené la transition, qui aura vécu les reliquats d’une société où l’on confondait la persuasion avec la violence, l’éducation et la formation avec le dressage, voire le droit à l’abus et qui aura su ne pas les reproduire mais fonder un nouveau pacte de transmission des connaissances, des valeurs de paix et des décisions.

Je suis intimement persuadée que cette approche donne de meilleurs résultats, et de meilleures personnes. C’est la sociabilité qui devrait nous guider au sein de la République et il est normal que les milieux de l’enseignement, des classes enfantines aux hautes écoles, soient le moteur de cette révolution.

Une révolution qui formera des professionnels meilleurs, mais surtout des citoyens meilleurs. Une révolution douce et ferme, résolue et engageante, porteuse d’espoir.

Alors, oeuvrons chacun pour la paix et la cohésion des cœurs et des esprits en faisant de la bonté et de la bienveillance des armes de choc, de joie, des armes de construction massive.

À une époque où la radicalisation est de mise, la ruse, la haine, l’ego, le politiquement correct et même les discours identitaires, la bienveillance est la seule réponse à la crise morale que traversent nos sociétés.

Une utopie peut-être naïve mais un pari optimiste sur l’avenir. Le changement qualitatif se planifie maintenant ! Pour toutes ces âmes qui croient en l’altérité, grande est la tentation de trouver dans notre époque et ses sombres circonstances les raisons de ce saut vers le meilleur.

Face aux crises, inquiétudes et doutes sur l’avenir, l’utopie serait plus que jamais, par les idées nouvelles qu’elle avance, un remède contre le fatalisme et l’inaction, car porteuse d’un projet social offrant la promesse d’un changement possible pour un monde autre et meilleur. Un rêve sans aucun doute mais qui rend notre existence supportable…

Une réponse qui, à défaut de changer le monde du jour au lendemain, lui redonne des couleurs et compense les déceptions qu’il nous inflige, tout en renforçant ce système immunitaire assez paradoxal qui s’appelle l’empathie. D’où l’urgence de radicaliser la bienveillance. De la pratiquer sans peur, sans honte, sans modération et sans nuances.

Le seul droit auquel nous ne pouvons nous dérober est celui de la préservation de ce pays, notre bien à tous.

Soyons des guerriers de la bienveillance!

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Khady Gadiaga est une communicante de profession. Elle a capitalisé 25 ans d'expérience professionnelle dans différentes entreprises où elle a respectivement occupé les postes de Product Manager, Directrice Commerciale et Marketing, notamment dans les secteurs de l'industrie médicale et textile en Europe et en Afrique. Ancienne directrice du marketing du Festival Mondial des Arts Nègres (FESMAN) de 2005 à 2010, elle a coordonné et orchestré le volet communication et marketing de ce grand rendez-vous culturel. Khady est passionnée de culture, des grandes idées et des mots, elle met sa plume au service des causes justes, parmi lesquelles, la paix et la concorde et la liberté. À ce titre, elle a été directrice de la rédaction, à Debbo Sénégal. Cette ancienne étudiante en Langues étrangères Appliquées à l'économie et au droit à University of Nice Sophia Antipolis, est aujourd'hui Directrice générale à Osmose (Agence de communication Globale) et depuis 2011, met en pratique sa riche expérience en qualité de Consultant expert Sénior en accompagnant les organisations du secteur privé, public et institutionnel en terme de conseils, de coaching et de suivi-évaluation de projets et programmes. Les chroniques de cette dame de aux centres d'intérêts éclectiques, sont désormais sur Kirinapost.

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