FORFAITURES

Khadim N’diaye • Donc, on enregistre d’honnêtes gens à leur insu, on les met même sur écoute et cela ne scandalise pas tant que ça ! Il existe même des personnes pour s’en réjouir !

Le président de la République avait lui-même demandé que soit organisée au niveau étatique une veille contre les informations malveillantes. Apparement rien n’est fait jusqu’ici.

Serigne Mbaye Sy Abdou (Ndiol Fouta), l »un de ceux que j’apprécie le plus dans la famille du vénéré Seydi Haj Malik Sy, avait pourtant averti : on met sur écoute n’importe qui, le tout au bénéfice de quelques personnes. Voir l’extrait ci-dessous.

Les marabouts ne sont pas épargnés. On m’a rapporté (une source autorisée) le cas de deux d’entre eux, des « petits-fils » très connus, à qui l’on fait un chantage nauséabond après les avoir mis sur écoute. On les somme de soutenir le régime.

Les services de renseignement deviennent une police politique. On les utilise, non pour assurer la sécurité intérieure du pays, mais pour faire taire toute critique.

Lisez le livre récemment paru, « Nos chers espions en Afrique », d’Antoine Glaser et Thomas Hofnung. Ils y expliquent comment en Afrique, francophone surtout, les services secrets sont utilisés contre des opposants.

J’apprenais lors de ma rencontre avec Ousmane Sonko à Montréal, que le leader du parti Pastef ne voyage jamais avec des valises en soute. On peut y placer des objets compromettants qui pourraient le discréditer.

Voyez comment le délégué général de la DER (Délégation Générale à l’Entreprenariat Rapide), Papa Amadou Sarr, a révélé que Kilifa, du mouvement Y’en a Marre, parce que critique à l’endroit du régime, a bénéficié d’un financement de sa structure. La DER fait ainsi intentionnellement du « yàq DER » (dénigrement).

Dans un pays « normal », ces choses auraient créé un énorme tollé, la justice saisie. Mais nous sommes à Ndoumbelaan, la terre des forfaitures acceptées.

Voilà où on en est arrivé. Un parti tient en otage toute une administration.

 

 

Crédits: Lexpress.mu

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Khadim Ndiaye est philosophe, historien et éditeur sénégalais. Membre du Collectif contre la célébration de Faidherbe, il travaille beaucoup sur les questions de mémoires et celles qui touchent au fait coloniale. Grand militant des langues nationales, Khadim est auteur de: "Le français, la francophonie et nous". Les analyses de ce disciple de Cheikh Anta Diop, élève de Boris Diop et de Souleymane Bachir Diagne sont sur Kirinapost.

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