Elie Charles Moreau • Encore combien de temps faudra t-il écrire et écrire et réécrire ce qu’on a écrit et écrit en toutes ou presque toutes les langues possibles
et même fort souvent en des silences
qui savaient parler en hurlant plus rageurs
que mille et un bruits de foules et populaces excédés
d’être traités moins bien qu’ânes croulant sous le bât de charretiers stressés
Encore combien de temps faudra t-il écrire
Encore combien d’espaces à franchir avant d’affranchir et pour de bon
nos soeurs et frères et nos pères et mères
et nos filles et filleuls et assimilés d’ici
et de tous les ailleurs qui peuplent
et meublent ces territoires et terroirs alliés qu’à raison j’ai honte d’appeler le monde tant Dérisoire et Désordre étincelants
y font et pluie et beau temps
et même la roue
Encore combien d’espaces à franchir ?
Encore combien de temps à transcender et d’espaces à encore conquérir
avant d’en arriver à cette époque et ce lieu où ivres emplis de désirs à fleur de peau
à fleur de corps et à fleur de coeur
on aura d’ordre de jour et de jour et d’ordre que de câlins et d’étreintes à assouvir
et que d’îles splendides où lover nos sublimes coeurs à corps et en choeur
Encore combien d’espaces et temps à tuer ?
Faut-il que soit sans relâche à reprendre
le chemin qu’à raison les fakirs et les gueux légitimement attendent et depuis toujours ?
Faut-il que nous ne mettions jamais main sur les choses bonnes convoitées
tel sur les mortels essentiels en nos vies ?
Peut-être que renoncer serait plus sage même quand il est question d’honneur
et de dignité à préserver
même quand il est question de besoins primaires à satisfaire
même quand il est question de stabiliser
les mondes qui donnent sens au Monde
Renoncer ? Renoncer ? Renoncer ? Renoncer ?
Cruel et lâche et vache alexandrin !
Ô verbe assassin et du premier rang !
Et hors-saison ! Et hors-jeu ! Et hors-la-loi
singulièrement en nos contrées !
Car il y est encore trop de poussières
dans les airs et des temps et espaces
qui nous couvrent et aveuglent sans répit comme si le Covid déjà ne suffisait
Car il y est encore sous nos yeux et mentons
trop d’espérances désespérées
et autant de merveilleuses promesses
sans vergogne aucune occises et piétinées
Car il est encore ici trop de lugubres cris :
en est un celui de baobabs qu’on abat
sur des terres mutilées et pourtant porteuses de tellement de fleurs de fruits de feuilles et racines qui confortent la vie
en est un autre celui pluriel et plurivoque d’enfants sans enfance et démunis de tout de pouponnières et de daaras et sans aires de jeux et de goûter et d’excellente santé
en est un de femmes à qui on aurait certainement un soir de grosse brume astucieusement inoculé
les virus de la résignation et de la peur
Et il est au moins dix mille autres cris
de gens qui n’ont eu de tort que se dresser contre la tyrannie de dictateurs
de chez eux
sinon la dictature de tyrans
bien de chez eux
Et au su et vu de toutes ces horreurs
et de toutes ces hontes bues depuis l’aube primale du monde
ne devoir que renoncer
à nos colères et mentalement désarmer ?
Dites ! Qu’aurions-nous fait
de si répugnant et non-humain
que malgré Sa Miséricorde
Dieu ne veuille point tolérer ?
Pas du tout ! Mais, alors pas du tout !
Dites ! Est-ce donc pour à perpète souffrir qu’on naît vivote et meurt aux Afriques ? Et que contiendraient d’ors et trésors
nos sols et sous-sols sans merci forés
et nos mers et rivières par trop explorées et les cerveaux de bon nombre
de nos soeurs et frères et nièces
et neveux et cousines et cousins
et d’enfants de voisins
au point de susciter toutes cupidités
et les desseins des plus fous
de Mécènes de Parrains et Sponsors
de toutes les Amériques
de toutes les Asies
et toutes les Europes
d’où comme jamais on fait norme
de n’avoir que des intérêts à préserver
et surtout point d’amis à chouchouter
Dites ! Mais, dites, bon sang ! Dites donc ! Adviendront-ils le réel temps et le lieu idéal
de La Souveraineté recouvrant ses atours
et de l’Afrique enfin une et unie et indivisible
sommant le monde et tous ses résidents
de marcher au rythme pluriel et enivrant de NOS tambours et coras et balafons ?
Dites ! Mais, dites, nom de Dieu ! Dites donc!
Combien de fleuves d’effrois à traverser
et combien d’affres affres existent encore entre NOS désirs capitaux et la vie
pour de vrai ?
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