« Waalo bañ na ku leen tooñ, kaay jiin ma ! Waalo kor Ndaama ! » chante la puissante voix de Maréma Mbaye. Cérémonie de lancement du Dialawaly Festival édition 2023 ne pouvait trouver meilleure égérie que la diva de Mbilor. La journée d’ouverture à laquelle ont pris part les autorités municipales qui semblent désormais prendre la mesure de l’importance d’un tel évènement culturel, augurait de très belles choses à venir.
Le Dialawaly Festival, ne fait rien comme les autres. La première activité nocturne, n’était pas un concert, mais une projection film documentaire sur le drame de l’avancée de la mer. Original non ? Projeté en plein air sur la place publique du quartier maure, le film Yaram a ému l’assistance. Son réalisateur, El Junio Massow Ka, y consacre toute une thématique autour de l’avancée de la mer et de ses conséquences environnementales dramatiques sur le quotidien des populations. Les rencontres culturelles sont d’excellentes occasions pour inviter les citoyens à prendre conscience des enjeux climatiques et environnementaux. Dés le clap fin de la projection, nous nous apprêtions à penser au repos, mais pas le temps de retourner au Centre Morgane, où nous avions pris nos quartiers !
Ce centre Morgane de Dagana, peut-on lire sur le site officiel, a été créé en janvier 2003 un an après le décès accidentel de Morgane, à l’initiative de ses parents et amis, avec l’intention de prolonger l’action éducative que cette jeune étudiante souhaitait mener en Afrique. Au cours de ses études et dans la perspective de son entrée à l’IUFM, Morgane avait fait un stage à l’école élémentaire Ange Guépin de Nantes qui pratique la pédagogie Freinet.
La jeune Française, était revenue de ce stage, enthousiaste et persuadée que c’est dans ce sens qu’il fallait agir pour l’épanouissement de l’enfant. Elle aurait souhaité partir enseigner en Afrique et vraisemblablement à Dagana.
Les travaux du centre Morgane à Dagana ont ainsi démarré en septembre 2003 et furent inaugurés en octobre 2005. En plus de l’école Célestin Freinet, nous avons pu découvrir les chambres d’hôte que nous avons appréciés, un endroit agréable pour se prélasser.
Mais pas le temps de retourner au centre pour nous reposer. La soirée qui battait son plein se poursuivit avec un spectacle époustouflant, orchestré par la communauté maure. Malgré quelques couacs techniques, les spectateurs venus nombreux sur la grande place de Gadaga 4ème secteur ont passé un moment d’intense communion.
Il fallait s’appelait quartier Maure pour abriter un tel évènement au cours duquel la culture mauresque fût célébrée. Quant à l’histoire du Walo, elle est intimement liée à cette culture venant de la Mauritanie voisine. Ce même peuple qui vit sur les deux rives, cohabite depuis la nuit des temps. Seule la colonisation est venue le séparer. Le carnaval, procession magnifique à travers les rues de Dagana, est venu rappeler ce brassage et cette communion des communautés…
Cette culture commune, Bah Moody, la légende du Blues peulh, présente au Dialawaly Festival 2023, la promeut dans tout son art. Pour lui, le maurigalais, autrement dit, enfant de la Mauritanie et du Sénégal comme il le réclame, il est important de faire vivre ces racines. C’est ce qu’il fera plus tard dans la soirée au cours d’une veillée musicale magistrale.
Cet hivernage qui nous rappelle aussi la nécessité de planter des arbres dans ce bourg situé à la porte du Sahara. D’ailleurs l’activité de reboisement a été l’un des temps forts du festival. Sous un soleil de plomb, des invités et partenaires ont planté des arbres tout le long du fleuve.
Malgré les contraintes de la période de l’hivernage, les festivaliers ont pu également apprécier le charme des fortes pluies de Dagana. Ces séances de ataya d’après pluie, autour de Kaw Umar Sall, critique et acteur culturel de premier plan, ont été des moments et intermèdes privilégiés de discussions autour de la musique et du patrimoine…
Laisser un commentaire