Déclaration de politique générale, 63 ans après Mamadou Dia

1961 fut, avant ce 27 décembre 2024, le seul moment où un concepteur et élaborateur d’une politique nationale défendait celle-ci devant notre Assemblée nationale. Il s’agissait de Mamadou Dia Président du Conseil. 

Déclaration de politique générale, 63 ans après Mamadou Dia, Information Afrique Kirinapost

Le premier ministre Ousmane Sonko

Auparavant, lors des déclarations de politique générale,  le Premier ministre se limitait à traduire la vision d’une autre personne : le président de la République. Aujourd’hui, le President et le Premier ministre ne font qu’un. DiomayeMoySonko !

Chose étonnante, ce qui s’est dit ce vendredi (par le premier ministre Ousmane Sonko) semble fortement s’inspirer des rêves que Mamadou Dia nourrissait pour le Sénégal.

Dans une interview accordée au journal Le Monde le 17 mai 1961, Mamadou Dia, alors président du Conseil et chef du gouvernement sénégalais, détaillait les grandes lignes du premier plan quadriennal de développement du Sénégal.

Comparez cela avec ce que Sonko nous a magistralement exposé :

– Encourager la création d’industries locales pour transformer sur place les matières premières, notamment dans les secteurs agroalimentaire et textile, afin de créer des emplois et de stimuler la croissance économique.

– Investir dans l’éducation et la formation professionnelle pour doter la population des compétences nécessaires au développement économique et social.

– Réduire la dépendance à l’arachide en diversifiant la production agricole, notamment avec des cultures comme le riz, le coton et les fruits, afin d’assurer la sécurité alimentaire et d’augmenter les exportations.

– Améliorer les infrastructures de transport (routes, chemins de fer, ports) et les équipements énergétiques pour faciliter les échanges commerciaux et soutenir l’industrialisation.

– Renforcer le système de santé pour améliorer les conditions sanitaires, réduire la mortalité et augmenter l’espérance de vie des Sénégalais.

– Mettre en œuvre des programmes de développement rural, notamment par l’accès à l’eau potable, l’électrification et le soutien aux activités agricoles, afin d’améliorer les conditions de vie dans les zones rurales.

– Soutenir l’artisanat local pour préserver le patrimoine culturel et créer des sources de revenus complémentaires.

– Favoriser la coopération régionale, en développant des marchés communs et en harmonisant les politiques économiques avec les pays voisins, afin de renforcer la position du Sénégal sur la scène internationale.

On perçoit clairement la volonté de Mamadou Dia de conduire le Sénégal vers une véritable indépendance économique, en valorisant les ressources locales et en impliquant toute la population dans ce processus.

Cependant, Dia semblait ne pas avoir suffisamment pris en compte deux éléments essentiels :

1. Les lobbies favorables au statu quo, opposés à tout changement.

2. La nécessité d’intégrer la culture et les médias pour accompagner efficacement ces bonnes intentions et en faire des réalités durables.

Le gouvernement Sonko ne fera sûrement pas cette erreur.

Une urgente aide à la relance des entreprises de presse et un accompagnement significatif des sociétés de production dans les arts et la culture est une des clefs pour une appropriation citoyenne.

Yàlla def ci ndam 🙏

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Auteur et Critique d'Art, Umar Sall est une figure connue du milieu culturel dakarois. Il s'intéresse à la richesse des langues traditionnelles. D'origine Pular, qu'il parle couramment, il a aussi une maitrise bluffante du walaf (À l'ecrit comme à l'orale). Umar Sall a une parfaite connaissance du fait culturel. Dés lors, ses analyses et ses reflexions sont pour le moins attendues. Retrouvez- les sur Kirinapost. À lire : Les Coquillages de la mort" Editions Broché – 2014

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