Cheikh Lô met sur orbite la scène du « Galaxie »

On connaissait Galaxie le très bon restau de Saint-Louis. Désormais, on va apprécier le Galaxie place forte de la musique et haut-lieu de la culture. Les temps changent. Depuis que la fameuse enseigne du quartier Nord (Lodo sur l’ile), s’est déplacée vers le quartier Sor ( à quelques mètres de la police), ses responsables proposent à leurs clients beaucoup d’innovations afin de rendre l’endroit davantage convivial. Cheikh Lô a inauguré le nouvel espace musical par une prestation digne de son rang.

 

À l’occasion du dernier festival de jazz de Saint-Louis, le Galaxie a participé au programme du OFF en proposant une pluie d’étoiles. Tour à tour, se sont produits le groupe légendaire Xalam, Woz Kaly la voix d’or et Cheikh N’digel Lo le Maestro Baye Fall. On ne peut mieux faire ! C’est une des belles surprises du festival et du OFF. Sur la scène Aminata Fall, le Xalam au meilleur de sa forme a joué face à un public venu très nombreux. Oui, Aminata Fall (la célèbre chanteuse saint-louisienne de Jazz aujourd’hui disparue), c’est ainsi qu’est baptisée la scène du Galaxie. Le nom a été dévoilé par Moustapha N’diaye « Hoch » ancien Directeur du centre culturel régional de Saint-Louis et actuel Gestionnaire du site de l’île Saint-Louis, classée patrimoine mondial.

Retour au spectacle…Woz Kaly qui a succédé sur scène au mythique Xalam le jour d’après, en mode After vers 19 heures, a fait étalage, encore une fois, d’une technicité de voix hors-norme. Accompagné par un koriste, un batteur et lui-même à la guitare, Woz a servi de belles balades au public.

Ce mode trio est d’ailleurs la nouvelle formule qu’expérimente depuis peu Cheikh Lô. Après Saly, le fameux Baye Fall a débarqué à Saint-Louis et s’est posé au Galaxie pour un concert unique le dimanche pascal. L’endroit refusa du monde. Cheikh à la guitare, Doudou Conaré l’impressionnant guitariste de KeurGui, groupe qui a réalisé l’album Kan Foré- produit par Mamadou Konté d’Africa Fêtes autres géante disparue- de feu… Aminata Fall, (tiens tiens, heureux hasard) et Xaadim M’baye un percussionniste imprenable, ont fait un récital. Sante Mame, Sankara, Doxandem revus à la sauce trio, furent magiques. En fait, c’était si bien que Henri Guillabert pianiste du Xalam présent dans la salle, promis de revenir pour le prochain spectacle avec son instrument. Poussés par ce succès, les gérants du Galaxie reprogramment Cheikh Lô pour deux dates encore. Lui est enthousiaste de revenir.

Cheikh Lô met sur orbite la scène du « Galaxie », Information Afrique Kirinapost

Cette fois, Doudou Conaré qui jouait pour l’orchestre National dans le IN aussi ( une des meilleures prestations de ce festival jazz 2019 avec Manou Gallo et Ablaye Cissoko & Friends), ne put se libérer et fut remplacé par le virtuose béninois du Baobab Orchestra René Sowatche. Celui-là même qui tente de faire oublier la légende Barthélemy Attiso. En tout cas, il a un jeu d’une rare finesse et une belle carrière l’attend à coup sûr. Xaadim aux percussions a été bluffant par moments. Ses mains expertes et ses doigts magiques ont merveilleusement soutenu la voix de Cheikh Lô. L’auteur du Sankara commencera sa soirée du 29 avril par rendre hommage à Abdoulaye Prosper Niang ancien batteur du Xalam et surtout légende de la musique disparue un 29 avril (1988). Proche de Prosper qu’il rencontre pour la première fois en 1985 à Paris, Cheikh Lô batteur à l’époque, habitera même avec ce dernier et assurera même les répétitions du Xalam, tandis que Prosper le titulaire du poste courait de rendez-vous en rendez-vous pour négocier les contrats et les productions du band. Cheikh Lo garde de l’artiste une image extrêmement positive et avoue prier tout le temps pour le repos de son âme. Des prières auxquelles se sont associés, Henri Guillabert et Taffa Cissé.

Toutes ces vedettes autour de Cheikh Lô, Galaxie a vécu un grand moment de musique. Henri aux claviers en bon « bassiste ». Et Cheikh Lô de lui lancer : «Henri ligay basse nekhneu» sous le regard amusé du percussionniste Taffa Cissé venu jouer, le temps d’un morceau, aux côtés de Xaadim. Juste avant la fin de la soirée, Doudou Konaré fait son apparition et «soulage» Cheikh Lô à la guitare. Libéré, l’artiste aux interminables dreadlocks esquissa quelques pas de danses des plus endiablés. À ravir le public. Et il en rajoute une couche en se mettant aux percussions. Il joua en duo avec le maestro Xaadim M’baye, faisant montre d’une dextérité remarquable à la baguette.

Comme l’odeur de la bonne cuisine, le spectacle de Cheikh Lô à Galaxie, traverse la ville. Naturellement, pour le dernier jour, le public revient en masse. Cette fois, c’est sans Henri Guillabert mais le reste de la troupe est là. Au cours de la soirée, il invitera son public au travail et à cultiver l’émergence qui consiste pour lui d’abord à pouvoir manger à sa faim avant le développement technologique et autres. La chanson Ndogal est sublimement reprise, de même «Borom Ndiguel». C’est l’occasion de revoir le fabuleux bassiste Doudou Ba (il a travaillé avec KJ Denhert et Harry Belafonte ) de KeurGui monter sur scène et faire quelques morceaux avec Ndiguel. Comme la veille, Cheikh Lô, dansera pour le public et jouera des percussions. Sa voix extraordinairement salsa, jazz, soul, bossa, afro et toujours au point a entrainé un public qui se laissera même aller en reprenant en chœur son fameux cri de ralliement : « Doley Baay Fall-Cheikh N’diguel Loooo » ! Tantôt berceuse, parfois vigoureuse, toujours envoutante, la voix de Cheikh Lô, tel le bon vin, se bonifie avec l’âge.

 

Crédits: Papa Alioune Dieng

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2 Comments

  1. Mamadou Conaré Reply

    Chapeau 🎩 bas! Très beau texte et surtout fidèle! Aucun détail n’est laissé au hasard comme si vous y étiez! Voilà du vrai journalisme doublé d’un grand talent de narration ! Une référence dans le rendu de l’événement à lire et méditer pour tous les journalistes! Respect ✊ 🙏🏿🙏🏿🙏🏿🙏🏿🙏🏿🙏🏿🙏🏿

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