Mise en place avec le soutien et le financement de l’Union Européenne, de l’Ambassade des Etats-Unis et de la Minusca, la Cour Pénale Spéciale (CPS) a vu le jour à Bangui en 2015, afin de juger les personnes accusées de crimes contre l’humanité.
Alors que les grands responsables et/ou commanditaires d’exactions pour la période concernée semblent rester hors de portée, les activités combinées de cette Cour avec la CPI concernent souvent des criminels plutôt « subalternes » de tous bords, arrêtés et maintenus en détention entre Bangui et La Haye. Les procédures évoluent dit-on.
En mars 2023, la RCA comptait 20 ans depuis le coup d’Etat de 2003 et 10 ans depuis celui de 2013 suivi de la plus grave crise de l’histoire de la RCA, chacun avec son lot de crimes abominables contre des civils.
En matière de recherche de la justice, le cas de Jean-Pierre Bemba laisse songeur. Accusé de crimes contre l’humanité entre 2001 et 2003 sur le territoire centrafricain avec ses miliciens « banyamulengue », Bemba est resté sous les feux de la rampe de la CPI depuis son arrestation en 2008 jusqu’à son acquittement en juin 2018. Les actualités sur le sujet ont avant tout mentionné la corruption et les faux témoignages autour de son procès, et les demandes de compensation de Bemba à la suite de son acquittement. Plus de traces de victimes. Et curieusement, aucune notion des autres crimes commis à la même période dans d’autres camps.
Certaines mauvaises langues évoquent une manigance de la communauté internationale pour éloigner Bemba de son rêve de pouvoir en RDC, dans le contexte du second mandat de Joseph Kabila et de sa succession. Une hypothèse difficile à certifier.
En Centrafrique, le mandat de la Cour pénale spéciale dont le but reste de rompre avec les cycles de violence en RCA, est renouvelé pour cinq ans en janvier 2023; et en mai 2023 le financement de la CPS est rallongé de 1 million d’euros par l’Union européenne. Pendant ce temps, des criminels contre l’humanité de tous bords, y compris certains des commanditaires pourtant réclamés par la CPI depuis des années, restent inaccessibles à leur interpellation.
C’est dans ces circonstances, qui nouent jusqu’aujourd’hui les entrailles de bon nombre de Centrafricains, témoins et parents de victimes, que la Cour pénale spéciale continue sa quête de la justice à Bangui.
Le climat pourtant distille l’amertume de la déshérence d’illusions de milliers de civils centrafricains dont la reconnaissance du statut de victime semblerait s’arrêter au bout des lèvres des institutions judiciaires ad hoc depuis déjà vingt ans.
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