Baayégo njuuj-njaaj

Le Sénégal jadis pays cité pour sa démocratie est  aujourd’hui loin de cette reluisante image. Être opposant est devenu un délit sous Macky Sall. Ousmane Sonko leader de PASTEF accusé de viol avec une légèreté déconcertante doit être liquidé et sacrifié rapidement afin de baliser le chemin à l’APR, copains, coquins et affidés. Le fait est que Sonko les empêche de dormir tant il a su cristalliser les espoirs de tout un peuple. Ce qu’il se passe actuellement rappelle les plus sombres moments des régimes autoritaires. Toute personne qui dit « non » doit préparer son sac pour Reubeuss.

Ousmane Sonko accusé de viol a été convoqué  lundi à 11heures à la Section de recherches de la gendarmerie. Le leader de PASTEF a clairement indiqué qu’il ne s’y rendra pas au motif que la procédure n’était respectée et qu’il attendait une levée de son immunité parlementaire. Il est dans ses droits.

Il ne fera pas l’erreur de Karim Wade de Khalifa Sall et de  Boubacar Seye. Des responsables convoqués et qui croyant que les procédures et règles seraient respectées, se sont présentés en toute confiance devant les enquêteurs. Ils ne sont plus ressortis. L’ancien maire de Dakar et l’ancien ministre de l’Énergie ont été emprisonnés en un temps record avant d’être graciés sous l’autel de basses manœuvres politiciennes. Ces dernières les maintiennent encore dans l’inéligibilité. Une exécution en bonne et due forme à propos de laquelle d’ailleurs l’analyste politique Babacar Justin Ndiaye nous disait ceci en novembre dernier en commentant le nouveau gouvernement Sall:

« La nomination du Robespierre de la CREI (Antoine-Félix Abdoulaye Diome) au Ministère de l’Intérieur ne découle pas du hasard. Elle est illustrative de l’épée de Damoclès judiciaire au-dessus de quelques têtes. »

Abdoul Mbaye a échappé à la prison avec une histoire de mariage et de fausse signature. Ni Khalifa Sall, ni Karim Wade n’ont eu la chance de l’ancien premier ministre. Boubacar Seye encore moins. Ne parlons pas de Guy Marius Sagna ou de de Barthelemy Dias. Aujourd’hui c’est au tour de Sonko d’être menacé.

En vérité Macky Sall ne s’aime pas et il n’a personne autour de lui pour l’aider. Que des laudateurs ! Son régime est un régime de terreur. Il casse de l’opposant et dans le même temps plébiscite ces acolytes épinglés pourtant dans des rapports des institutions de contrôle. Depuis son accession à la magistrature suprême, Macky Sall n’a posé pas un seul acte de gentleman. » Sou maté dafay dagg ».

N’avait-il pas dit: «  je veux réduire l’opposition à sa plus simple expression »?  Un despote ne peut pas mieux-dire. Il traque, fouine, fouille toutes les activités de ses opposants et ceux qui ne pensent pas comme lui pour les mettre au frigo. Et quand il n’a rien de solide, il bricole, bidouille, arrête, accélère la procédure et jette en prison. Macky Sall on ne pense pas comme toi. « Trop c’est trop » disait Al Maktum (Que Dieu l’agrée)

Monsieur le président, si vous permettez, la meilleure façon de casser de l’opposant et acteurs de la société civile, c’est de travailler pour les sénégalais.  Résoudre le problème du chômage des jeunes, améliorer le plateau médical, relever le niveau de l’école sénégalaise, favoriser une justice équitable ou encore stopper l’exode rurale, devraient être votre quotidien.

On me dira, il a construit Diamniadio, le BRT, ou encore le TER. C’est vrai. Mais avec ces travaux de prestige n’est-on pas en train de mettre la charrue avant les beaufs pour un pays qui compte plus de 6000 abris provisoires et où les normes de l’OMS en ce qui concerne le nombre de médecin par habitant est très très loin d’être atteintes ? Et cela dit en passant, dans un pays normal, la cherté et l’accessibilité des soins médicaux et paramédicaux devaient être aujourd’hui au coeur des débats après la conférence de Sonko. Quand vous entendez parler les dirigeants de ce pays, vous vous croyez à Dubaï ou Singapour. La vérité est qu’ils sont continuellement dans le bluff. Ils brassent du vent !

Malheureusement casser de l’opposant c’est votre dada. La traque d’Ousmane Sonko vient d’en être une belle illustration. N’est-ce-pas Macky Sall lui-même qui disait au sortir des dernières élections: « Baayi naa njuuj-njaaj » littéralement « j’ai arrêté les duperies. » Ça en dit long sur leur philosophie et leur méthode. Nombreux sont ceux qui en ont fait l’expérience. Même notre grand-père Amadou Makhtar Mbow y a gouté alors qu’il présidait la Commission Nationale de Réforme des Institutions (CNRI). C’est pitoyable ! Jamais au Sénégal on avait atteint ce niveau. C’est le débat de caniveau que vous nous proposez alors que toutes les énergies devraient être consacrées à la gestion de la COVID-19.  Mame Abdoul Aziz Dabakh que Dieu l’agrée a enseigné: « Dire la vérité ne tue pas. »

La politique provoque du clivage. C’est son charme. Seulement, les esprits qui aiment la dictature n’aiment ni le débat, ni l’échange, encore moins le savoir et la connaissance. En attendant, sachez que tout apprenti tyran est une infinie potentialité de crimes.

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