Alors prenons dattes !

Un imam a confié à ses proches qu’il préfère désormais célébrer les mariages avec les dattes plutôt que la cola. Trop amère à son goût, la cola sera remplacée par la datte, plus sucrée et plus douce. Des dattes c’est le présent que Serigne Mountakha Mbacké, le Khalife des Mourides, a décidé d’envoyer des dattes à Ousmane Sonko pour qu’il mette fin à sa grève de la faim. Incarcéré, le 31 juillet, à la prison de Sébikotane, L’opposant refuse de s’alimenter depuis le 30 juillet, à la suite de son arrestation. Le 6 août, il a été admis en urgence, à l’Hôpital Principal de Dakar. L’initiative du Khalife est la bienvenue et montre à souhait qu’ils ont un rôle capital à jouer dans la stabilité du pays.

 

La datte est symbolique. Elle est non seulement riche en fibres et en vitamines mais elle fait partie des aliments bénis par l’Islam. Le palmier-dattier est l’arbre le plus mentionné que n’importe quelle autre plante à fruits dans le Coran. Effectivement, il est une des bénédictions qui furent placées sur terre pour que l’on puisse en bénéficier. Le Prophète (‘aleyhi salat wa salam) a dit : « Celui qui déjeune le matin avec sept dattes de « al ‘Ajwa », rien ne pourra lui nuire ce jour-là, ni poison et ni sorcellerie » (Bukhari et Muslim) ! Le pays est suspendu aux dattes bénies par le vénéré Khalife. Alors prenons dattes !

Si les membres de Yewwi Askan Wi, à qui le Khalife a remis le précieux cadeau, ont l’autorisation d’accéder à Ousmane Sonko et que ce dernier rompt sa grève de la faim, ça sera une belle victoire pour tous les militants qui lui demandaient d’arrêter cette forme de lutte. Le cadeau arrivera-t-il à bon port ? Celui de Serigne Abdou Samad n’étant visiblement pas arrivé à Cheikh Bara son destinataire, il y a de quoi avoir un doute…

En tout cas, la grève de la faim, si elle porte préjudice au gréviste ou menace sa vie, elle n’est aucunement permise en Islam, quel que soit son motif.C’est ce qui motive le cadeau de Serigne Mountakha. Par la même occasion, le chef religieux, qui avait déclaré; en son temps, avoir une dette envers une certaine opposition, pourrait obtenir la libération du leader de PASTEF et sa participation aux prochaines élections. Si cela arrivait, soyons rêveurs, le Magal 2023 serait historique ! Prenons dattes alors…

Les efforts tous azimut pour la libération de Sonko se multiplient. L’initiative de Touba, fait suite aux nombreuses tribunes et lettres de centaines de personnalités de tous horizons et de tous les continents appelant à la libération d’Ousmane Sonko et à un retour de l’état de droit. Des intellectuels et des universitaires continuent de monter au créneau pour inviter le Président Macky Sall à oeuvrer afin que le Sénégal redevienne terre de liberté, de démocratie et de dialogue.

Le penseur Tariq Ramadan, au début des heurts au Sénégal avait dit que les positions de Touba et de Tivaouane, ont toujours été déterminantes dans la résolution des crises politique sénégalaises. Cela lui avait valu, une volée de bois vert incompréhensible de certains observateurs. Pourtant, il avait parfaitement raison. Même si on n’oublie pas que Serigne Abdoul Aziz Sy  Al Amine et Serigne Sidy Makhtar Mbacké (Que Dieu les agrée) ont longtemps sollicité le Président Sall à propos du dossier de Karim Wade et celui de Khalifa Sall…en vain. Macky Sall, jusqu’ici, écoute tres peu les recomma des guides.

Toutefois, c’est une constante, les chefs religieux, les vrais, n’ont jamais joué aux « neutres » lorsque des événements secouent le pays. Leur silence, parfois peut perturber le citoyen, mais ils savent qu’ils sont les véritables gardiens du temple.  Si leur pilier s’effondre, c’est la nation qui s’effondre. Serigne Abdoul Ahad Mbacké et Serigne Abdoul Aziz Sy Dabakh (Que Dieu les agrée) furent des figures de proue en la matière.

Rappelons aux enfants qui ne l’ont pas connu que Dabakh n’a jamais été neutre quand l’avenir du pays était en jeu. Il a toujours pris son bâton de pèlerin et appeler à la concorde, à la paix et à la justice. En dépit des insultes et des invectives. Oui, il y’avait des insultes à l’époque. Seulement, il n’y avait pas les réseaux sociaux pour les amplifier. Et il a répondu un jour : « On m’a accusé de tous les maux, mais nous continuerons à porter le message de Dieu et si cela ne vous plait pas reprenez vos chèques et vos cadeaux. »  Quel Khalife ose dire aujourd’hui: » Abdou (Macky aujourd’hui rewmi doxul » ? 

C’est ainsi que le Khalife était  au cœur des grands tremblements du Sénégal et fit de Tivaouane la capitale du pays.  C’était pendant , la fameuse crise estudiantine de 1993,  celle qui secoua le Sutelec et le secteur de l’énergie, ou le monde des transports (SOTRAC), sans oublier la grève des acteurs de la santé. C’est aussi à Diacksao, Aïnoumady ou Tivaouane que le patriarche recevait tout le monde. Toujours dans le but de trouver des solutions aux crises.   Il fit de même lors du conflit entre le Senegal et la Mauritanie, Dabakh ne ménagera aucun effort pour la résolution du conflit. Allant même jusqu’à dire que: « La Mauritanie et le Sénégal sont un seul pays. Cherchez la paix entre les deux peuples et cherchez la en plaçant la vérité et la justice au centre de votre quête. »

De son côté, Serigne Abdoul Ahad Mbacké répondant  à Serigne Cheikh Ahmed Tidiane Sy Al Makhtoum venu se plaindre des insultes et menaces dont il faisait l’objet, lui dit : « Tu vois Cheikh cette grosse malle derrière ? Elle est remplie de lettres d’insultes… » comme pour dire que leur mission est de faire fi des obstacles à l’image du prophète Muhammad (PSL) qui n’a pas été épargné par les critiques les plus acerbes, sur le chemin de la propagation de l’Islam.

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