Le 20 juillet prochain, les musulmans vont célébrer la fête annuelle de l’Aïd al-Adha ou «fête du sacrifice», qui commémore le sacrifice d’Ibrahim (Abraham), figure centrale du monothéisme.
Cette célébration est marquée traditionnellement par l’immolation d’un mouton et a lieu le 10ème jour de dhou l-hijja, 12ème et dernier mois du calendrier herigrien, soit 1mois 20 jours après la fin du Ramadan.
Si ce rite est pratiquement le même dans la Oumma islamique, force est de constater que les appellations de cette fête varit d’une contrée à une autre.
Au Maghreb, Aïd al-Adha est appelé Aïd el-Kebir (grande fête) alors qu’en Afrique de l’Ouest on rencontre les expressions comme « dyuulde Layya » des Peuls, « Idi-n Layya » des Haoussas et « Seriba »(grande prière) en Malinké.
Mais c’est le mot Tabaski qui vient du Wolof, qui connaît le plus grand succès dans la plupart des pays francophones. Ce qui n’a rien d’étonnant quand on sait que les Wolofs ont adopté l’islam vers le XIè siècle et que le Sénégal, enfant chéri de la colonisation française, a été le pôle de référence de la région pendant plusieurs siècles.
L’islam, comme dans beaucoup d’autres endroits, s’est adapté aux cultures locales africaines. Ce phénomène d’acclimatation est très net sur le plan lexical. Ainsi, les noms des fêtes et le calendrier islamique ont été africanisés. Ce qui montre que culture africaine et islam ne sont pas forcément antithétiques.
Muharram, qui marque le début de l’année musulmane, est devenu « Tamxaritt » en wolof et « Djomènai » en malinké. Pour revenir au mot « Tabaski« , les historiens s’accordent à le rapprocher de « tifeski » nom du printemps en Mauritanie ou du berbère « Tafaska » qui signifie « fête ».
Selon le professeur Raymond Mauny, qui a occupé l’une des premières chaires d’histoire de l’Afrique en France, le mot « tabaski » viendrait donc du berbère ce qui a donné le mot « Tabaski » chez les wolof du Sénégal fortement influencé par la tijaania .
Cette branche islamique fondée par le vénérable Aboul Abbas Cheikh Ahmad Tijaan Chérif au XVIIIè siècle, trouve ses assises au Maroc et en Algérie et est très répandue au Sénégal.
La notoriété de la Tijaania au Sénégal peut donc expliquer l’adoption du mot « Tafaska » qui a donné le mot « Tabaski » chez les wolof du Sénégal et qui sera finalement adopté par le français où il désigne « fête du mouton ».
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