À QUEL « RABB » SE VOUER ?

« L’école du terrain impose un questionnement constant sur les failles des modèles dont l’investigateur dispose au départ, du fait de sa formation spécialisée, pour appréhender un réel rebelle à toute modélisation À PRIORI.

Il constate que des pans entiers du comportement social et culturel sont escamotés, éludés, oblitérés par ces schémas. Il s’aperçoit, par ailleurs, que l’évocation de ces données « dissidentes » se heurte souvent au refus de l’ESTABLISHMENT scientifique de les prendre en considération.

Or la quête scientifique n’a pu émerger qu’au sein de sociétés que leur évolution spécifique incitait à mettre en cause les modèles considérés jusqu’alors comme établis et intangibles. »

Guy Nicolas, Du don rituel au sacrifice suprême, Paris, La Découverte/M.A.U.S.S, 1996, p. 8.

Nos rapports avec la religion sont complexes. Redondance ! Malgré les dix siècles de présence, la religion musulmane reste toujours en débat… et c’est tant mieux !

Sensible débat, au point qu’il est souvent impossible, voire impensable d’en discuter ouvertement en s’appuyant, de manière plus incisive, sur les préceptes en tant que tels, ou sur des études fouillées, rendant compte des pratiques quotidiennes, afin d’en mieux saisir les évolutions et les différentes bifurcations.

Au-delà de l’aversion que nous pouvons avoir, face à « nos » propres comportements, il semble nécessaire de réétudier la place des religions, à travers toutes ces nouvelles expressions qui les traversent de part en part.

En restant dans le « piège » des généalogies et des silsilas, nous perdons de vue le fond géologique sur lequel viennent se déposer nos propres pratiques des religions dites du Livre. Pratiques qui semblent ressurgir comme des réminiscences étranges.

Quel cauchemar se lamenteront les uns… face aux « bidaa »… quel malheur se diront les autres face aux « aada »… Sans exagération, nous sommes comme pris dans le piège de ce combat acharné entre ses deux repères, têtus repères qui nous désorientent, par leur capacité de résilience ?

Et les « autres-nous-mêmes » re-confirmeront notre « vraie stature », notre presque sortie volontaire de l’Histoire du monde », et restons comme emprisonnés dans sa permanente écriture.

Il est dès lors indispensable de s’atteler au renouvellement des visions et des missions assignées à ceux qui doivent transmettre les vertus les plus consolidantes de la religion. Vertus fondamentales qui doivent conduire vers une éducation morale efficiente, doublée d’une spiritualité libératrice des énergies positives qui traversent la population.

Parce que cette éducation prépare l’individu à assumer sa propre « laïcité » et, en même temps, sa propre appartenance à cet ensemble anonyme dans le fond duquel, viennent se fondre toutes les religions.

NB :

– IL FAUT CERTAINEMENT CONVIER À LA RÉFLEXION AUTOUR DE : RENAISSANCE AFRICAINE ET IDENTITÉS RELIGIEUSES DANS L’ESPACE SAHARO-SAHELIEN AU XXIe SIÈCLE…

– « Rabb » signifie… « l’Être Suprême »… en arabe…

 

Crédit-Photo: marabout-baba-djibode.com/

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Il écrit et ne s'arrete jamais d'écrire. Il est l'auteur d'une vingtaine d'ouvrages (essais & romans). Avec humour, philosophie, il raconte les lieux comme personne. Enseignant-Chercheur à UCAD, Abdarrahmane Ngaidé est un historien de formation.

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