Actuellement en formation à l’École Nationale d’Administration Publique (ENAP) de Montréal et diplômé entre autres d’un Master 2 en Conduite et Évaluation des Politiques Publiques de l’Université Sorbonne Paris Nord, Daouda Mbaye avait écrit cette lettre au président Sonko en 2016. À l’époque, premier coordonnateur de la JPS PASTEF-France de 2016 à 2018, il faisait un diagnostic précis sur les grandes attentes du peuple Sénégalais, pointait du doigt les goulots d’étranglement de la société et manifestait son enthousiasme de voir l’apparition d’Ousmane Sonko sur la scène politique comme un signe d’espoir face aux défis relever.
Daouda Mbaye, écrit à Ousmane Sonko, une lettre d’actualité
**LETTRE ADRESSÉE À MONSIEUR OUSMANE SONKO, PRÉSIDENT DU PASTEF**
Paris, le 20/10/2016
Cher Président du PASTEF,
L’occasion de vous écrire m’est enfin parvenue, symbolisant pour moi un honneur sinon une fierté incommensurable. Considérez ces quelques lignes comme un soutien moral, un autre mot d’encouragement venu s’ajouter aux centaines de messages que vous avez certainement reçus de la plupart de nos compatriotes sénégalais, mus par ce désir ardent de voir un Sénégal indépendant et démocratique, à la gouvernance sobre et vertueuse. La période tumultueuse que vous traversez depuis maintenant plus d’un an et ce, à cause d’un régime qui quotidiennement foule au pied les acquis de la démocratie, est le fruit de votre engagement, de votre courage et de votre dévotion à mettre fin à une gestion dynastique du pouvoir.
En vous, tous les jeunes conscients voient un modèle imbu de vertus et de valeurs cardinales, chères à notre pays, et dont la perte avilit carrément l’homme noble et le rabat au rang des esclaves. Depuis la France, et comme beaucoup d’autres Sénégalais de la diaspora, je suis avec beaucoup d’attention l’actualité politique du pays dominée par des débats vous concernant. Je tenais à vous faire part de tous mes encouragements pour l’injustice dont vous êtes victime depuis le début de votre carrière politique et qui est récemment accentuée par votre radiation de la fonction publique. Vos propos, vos moindres actions m’ont en effet permis de comprendre qu’élu un jour ou pas, vous continuerez à vous battre pour faire admettre la nécessité de répondre aux inquiétudes journalières des simples citoyens comme moi. Je ne doute pas que vous allez œuvrer afin de prendre en compte de manière encore plus effective la souffrance de ces millions de Sénégalais, pauvres, sans soutien et ne parvenant pas à joindre les deux bouts. Je suis heureux d’avoir enfin le sentiment que mes idées et problèmes sont compris par un homme politique qui a une véritable indépendance dans ses actions de tous les jours. Vous continuerez, je l’espère, à œuvrer avec autant de conviction, de pugnacité et d’énergie, à défendre les intérêts matériels et moraux des Sénégalais. Sachez que vous n’avez pas droit à l’erreur, car pour beaucoup de gens, et surtout les jeunes que j’ai eu parfois à côtoyer (en majeure partie des étudiants, dont quelques-uns vivant en France), vous n’êtes pas seulement un homme politique, mais vous êtes aujourd’hui un symbole de la lutte pour la justice, l’égalité et la dignité. Votre sacrifice est d’une telle ampleur qu’il s’impose à chacun d’entre nous de vous copier et d’entreprendre tout ce qui est en notre pouvoir pour essayer de sauver notre jeune république, prise en otage par des hommes politiques qui se parent de ses attributs pour opprimer leurs citoyens.
Aucune des difficultés personnelles surmontées par ces autorités au pouvoir dans leurs périodes d’opposition ne peut se comparer à ce que vous avez subi ces derniers temps. Par vos choix, vous enseignez aux Sénégalais qu’ils ne sont pas obligés d’accepter cette injustice, mais qu’ils peuvent tous jouer un rôle pour le changement d’une telle manière de gouverner.
Continuez ce combat noble en vous armant du courage qu’avaient nos vaillants prophètes. Vous serez contrôlé, coincé, combattu, traqué, violenté et terrorisé. Vous serez la cible à abattre pour tous. Mais ayez toujours à l’esprit que demain fera jour. Nelson Mandela nous a appris que : « le courage n’est pas l’absence de peur, mais la capacité de la vaincre ». Aujourd’hui, toute l’intention de l’actuel régime envers votre jeune formation politique est d’y semer la terreur afin de pousser les moins endurants à l’abandon.
N’oubliez jamais que beaucoup de grandes civilisations ont été bâties sur un caillot de sang. Les grands révolutionnaires noirs en ont vu de toutes les couleurs. Certains ont risqué leur vie pour la libération de leurs peuples. Qu’est-ce que le prisonnier 466/64 (MANDELA) n’a pas subi ? Vingt-sept ans (27 ans) de prison, assassinat de son enfant, les violences les plus inimaginables sur ses proches, etc. Mais quel fut le résultat ? Un prisonnier est devenu un homme libre ; un héros de la liberté qui a proclamé la réconciliation ; un chef de parti qui s’est mué en un président au service de la démocratie et du progrès.
Votre opposition sera dure du fait du contexte politique actuel de notre pays, où la majeure partie des leaders qui devaient se lever contre ce pouvoir ont préféré rejoindre ses rangs en quête de prestige et de statut social, abandonnant ainsi leurs principes et acceptant la phagocytose de leurs partis respectifs. Mais malgré tout, ne pensez jamais que vous êtes dans une posture de seul contre tous. Il y a des Sénégalais qui s’engouffrent dans leur silence, attendant le moment propice pour vous apporter leur soutien sans rien n’attendre en retour. Votre stature politique actuelle reconnue par tous les Sénégalais conscients fait de vous le seul adversaire de l’actuel régime.
Je terminerai par vous demander de continuer à travailler comme si vous n’avez encore rien fait. Sachez que tout ce à quoi l’Homme pense et croit peut se réaliser. Le désir rend possible l’impossible et que tout malheur porte en lui le germe d’un grand bonheur. Enfin, retenez ces quatre étapes de la persévérance que nous enseigne Napoléon HILL :
1. Un but bien précis et le désir ardent de le réaliser,
2. Un plan précis qui s’exprime par une action soutenue,
3. Un esprit absolument étanche aux influences pernicieuses ainsi qu’aux suggestions négatives,
4. Un lien amical avec celui ou ceux qui vous encouragent à persister dans votre plan et vers votre but.
Voilà, en un mot comme en mille, ce que je ressens depuis l’ombre des Elysées et qui m’a inspiré le besoin de vous écrire. En vous souhaitant une bonne réception de cette lettre vide de sens, je prie pour que le Seigneur vous aide à concrétiser vos projets pour notre cher Sénégal.
COURAGE
L’Étudiant DAOUDA MBAYE
Actuellement en formation à l’École Nationale d’Administration Publique (ENAP) de Montréal, Daouda Mbaye est diplômé d’un Master 2 en Conduite et Évaluation des Politiques Publiques de l’Université Sorbonne Paris Nord. Il a également obtenu un diplôme en Sociologie de l’Évaluation des Politiques Publiques à l’Université de Picardie Jules Verne d’Amiens. Cet ancien étudiant de l’UFR des Sciences Juridiques et Politiques de l’université Gaston Berger de Saint-Louistulaire où il a décroché une Licence en Droit et Sciences Politiques, a été professeur des écoles pendant 2 ans à l’académie de Créteil et a travaillé comme responsable adjoint au Chef du Service des Affaires Générales administratives et du logement de la mairie de Neuilly-Plaisance
j’ai été le premier coordonnateur de la JPS PASTEF-France de 2016 à 2018.
Laisser un commentaire