Chaque année, durant le mois de Janvier, l’Amérique célèbre King’s Day un jour férié en l’honneur de Martin Luther King, leader emblématique, avec Malcom X, Rosa Parks,, Harriett Tubman, et autres Max Roach, Billie Holiday, Harry BelafonteNina Simone, John Coltrane, de la lutte des descendants d’esclaves pour leurs droits civils, politiques et culturels.
Pendant tout le mois de Février de chaque année, l’Amérique célèbre le Black History Month, Mois de l’Histoire Noire, en reconnaissance de la contribution historique des Africains dans le développement du continent américain, devenu la première puissance mondiale.
Depuis le mois de Juin 2021, une autre célébration de l’épique expérience africaine en Amérique, moins connue en dehors des Etats-Unis, est Juneteenth, qui commémore, chaque année le 19 Juin 1865, le jour où le Général Gordon Granger des forces de l’Union arriva à Galveston, Texas, et y annonça la fin de l’esclavage.
Le 1er Janvier 1863 déjà, le Président Abraham Lincoln, un Républicain, avait en pleine guerre civile entre les Etats de l’Union contre les Etats Confédérés, proclamé la liberté des esclaves dans ces derniers Etats, après le rejet par ceux-ci de l’ultimatum que leur avait adressé Abraham Lincoln de rejoindre l’Union .
C’est avec l’avénement du Treizième Amendement à la Constitution des USA , ratifié en 1865, que l’horrible crime contre l’humanité que constitue l’esclavage fut officiellement aboli en Amérique. Le Président Abraham Lincoln fut assassiné deux mois plus tard, preuve qu’une certaine Amérique lui en voulait d’avoir, en affranchissant les esclaves, ruiné leur économie et leur suprématie raciale.
(Le Treizième amendement, ensemble avec les 14 Quatorzième et Quinzième amendements à la Constitution américaine constituent les clauses dites de Reconstruction. Le 14e accordant la citoyenneté à toute personne née sur le territoire américain, le 15e accordant le droit de vote aux Américains de race noire. Les amendements 1 à 10 constituent The Bill of Rights, ou la Déclaration des Droits.)
Le Treizième Amendement a-t-il réellement aboli l’esclavage aux USA?
La question n’est point saugrenue à la relecture dudit Amendement qui dispose que “l’esclavage et le travail forcé sont abolis à l’intérieur des Etats-Unis, et en tout autre lieu sujet à sa juridiction, sauf à titre de punition pour commission de crime dûment établi.” En d’autres termes, l’amendement qui abolit l’esclavage et le travail forcé , en prévoyant une exception, n’a totalement aboli ni l’un, ni l’autre., car maintenant cette possibilité pour les personnes condamnées de crime.
A l’analyse ce texte ouvre la porte à deux possibilités pour le moins problématiques:
- La possibilité de contrôler des territoires situés en dehors des Etats Unis
- La possibilité d’utiliser le système de justice criminelle pour compenser les pertes économiques liées à l’abolition de l’esclavage.
Il est notable qu’aux Etats Unis environ deux millions d’Américains croupissent actuellement dans des pénitenciers, la grande majorité étant constituée d’ Américains d’origine Africaine, lesquels, étonnamment constituent à peine 15 à 20% de la population américaine. Il est moins su que ce système de détention criminelle est à la base d’un complexe industriel qui génère des milliards de dollars au profit des multinationales et des Etats via les taxes et redevances.
Tout récemment, une enquête menée durant deux années par des journalistes d’investigation d’ Associated Press -un des premiers groupes de presse dans le monde à s’être doté d’ une charte interne relative à l’utilisation de l’Intelligence Artificielle dans la pratique du journalisme-a révélé des faits choquants qui ramènent la question du 13e Amendement au devant de la scène de l’actualité, plus d’un siècle et demi après son adoption.
Selon ladite enquête dont les résultats ont été publiés le 29 Janvier 2024, plusieurs des plus grandes compagnies multinationales américaines bénéficient en cachette du dur labeur de milliers de prisonniers détenus pour crime dans le Pénitencier de l’Etat de Louisiane. Et, comme par symbolique hasard, le même lieu qui abrite ce plus grand complexe pénitencier à sécurité maximale de tout le pays avait, il y a 150 ans, servi de plantation d’esclaves dans le Sud des Etats Unis!
Les chaines de produits alimentaires issus de ce travail forcé se retrouvent sur les tables des familles américaines, voire exportés, y compris vers des pays dont les produits sont bannis aux USA pour exploitation du travail de prisonniers ou d’enfants!
Loopholes! (Failles!) ou cynique concession faite aux esclavagistes pour obtenir leur retour dans l’Union?
Les compagnies multinationales derrière cette infamante industrie trouvent bien une justification constitutionnelle à cette honteuse exploitation, à savoir l’exception permise par le 13e Amendement, portant abolition de l’esclavage et du travail forcé, laquelle a maintenu une fenêtre ouverte propice au retour maquillé de ces abominables et moyenâgeuses pratiques, grâce à un système de justice criminelle qui affecte disproportionnellement la communauté Africaine Américaine.
En tous les cas, Il est urgent, il est possible, il est impératif que le Peuple Américain assainisse le 13e Amendement de sa Constitution afin de l’expurger du vice congénital que constitue l’exception constitutionnelle d’esclavage et de travail forcé pour condamnation criminelle. Il ne peut y avoir d’exception au bannissement des pratiques inhumaines d’esclavage et de travail forcé.L’existence, la persistance et la dangerosité d’une telle clause dans la Constitution américaine n’interpelle pas que le Peuple américain, mais l’humanité entière.
C’est le Black History Blues…Et si l’Union Africaine, qui a érigé la Diaspora Africaine au rang de 6e Région, jouait sa partition?
Si l’Amérique a attendu plus de 150 ans avant déclarer Juneteenth Fête Nationale en 2021, on peut espérer qu’au cours du 21e siècle la glorieuse US Constitution sera enfin débarrassée de ses scories esclavagistes et impérialistes qui contrebalancent les bonnes intentions le 13e Amendement.
Photo Maitre Bara Diokhané au siège de Motown à Detroit ©Eugene Cain
Laisser un commentaire