décès de François Mancabou en détention: encore une mort suspecte

François Mancabou est mort hier à 22h 40mn à l’Hôpital Principal de Dakar annonce l’avis de décis qui mentionne aussi « Mort accidentelle ». Arrêté chez lui, le 17 juin dernier lors de la manifestation de la coalition Yewwi Askan Wi, il est accusé de faire partie d’un groupe terroriste dénommée  » Force spéciale ». Il est blessé lors de sa détention alors qu’il était en super forme. Après plusieurs semaines d’agonie et… de garde à vue, il est finalement décédé. Une mort « accidentelle » plus que suspecte…d’autant plus que son avocat Amadou Diallo a déclaré, prenant le contre-pied du procureur qu’ils ont des éléments prouvant que son client est « mort des tortures dont il a été victime ».

Sa femme avait prévenu. Lorsqu’elle rend visite à son mari suite à son arrestation, elle ne le retrouve pas en prison mais à l’hôpital. « Franc » comme elle l’appelle n’est pas dans un état normal, il est en chaise roulante, la tête penchée comme si elle allait tomber. Il lui lance: « tu as vu ce qu’ils m’ont fait…ils m’ont torturé »? raconte-t-elle au journaliste de Kewoulo site d’information réputé dans l’investigation. Elle demande qui a mis son mari dans cet état ? François ancien garde du corps de Cheikh Tidiane Gadio ancien ministre des Affaires Etrangères du Sénégal est un homme bien bâti. Il est forme, il voyage beaucoup, ne s’arrête jamais de travailler. Son épouse est inconsolable. Elle ne reconnaît plus son époux. Finalement, malgré l’alerte François membre de « force spéciale » a succombé.

« Force spéciale », un nom bateau à la limite passe-partout et qui ne donne aucune indication claire. Patrick Kabou qui fait partie du pool d’avocat de François Mancabou a d’ailleurs dans un communiqué, manifesté son étonnement suite à l’arrestation de son client et quant à la dénomination « Force spéciale ».

« Nous demandons qu’une autopsie soit ordonnée avec des experts indépendants et neutres. Je voudrais juste préciser que nous défendons des personnes accusées de terrorisme au Sénégal. Cette précision me paraît importante car me parler de « force spéciale » ou autre relève d’une fiction ou d’une unité d’élite de l’armée nationale. » s’est insurgé le Conseil.

Seydi Gassama, directeur exécutif de la section d’Amnesty International au Sénégal a réagi à la triste nouvelle en demandant que toute la lumière soit faite sur cette affaire de mort « accidentelle ».

« Nous exigeons que toute la lumière soit faite sur les circonstances de sa mort et surtout sur ce qui a pu se passer à la sûreté urbaine de Dakar où il était détenu. Nous dénonçons tous les obstacles qui ont été opposés par l’Etat au médecin mandaté par son épouse pour accéder au malade et à son dossier médical. La torture est interdite en toutes circonstance et si le dossier médical et l’autopsie – qui ne doit en aucun cas être pratiquée par un médecin désigné par le seul parquet – révèle qu’il a été torturé, les tortionnaires et l’Etat du Sénégal rendront des comptes » a-t-il soutenu.

Encore une mort suspecte dans les prisons. C’est l’histoire d’un État, rentier fragile d’une image de façade datée ; cette fameuse « exception démocratique » pense l’historien Florian Bobin spécialiste des luttes de libération et des violences d’État du Sénégal post-indépendance.

« Un nouveau visage toutes les décennies ou deux, les régimes s’y succèdent, la dite « communauté internationale » est rassurée : la démocrature est bien préservée. Circulez, rien à signaler. Seulement, ses prisons et forces du désordre – héritage assumé de l’abjecte violence coloniale – sévissent, mutilent et tuent. Hier, dans la nuit du 10 au 11 mai 1973, Omar Blondin Diop « se suicidait par pendaison ». Aujourd’hui, dans la soirée du 13 juillet 2022, François Mancabou meurt accidentellement » a déploré l’universitaire avant d’ajouter que « dans ce pays si démocratique, derrière les barreaux ou dans la rue, une cinquantaine en ont fait les frais depuis vingt ans. »

 

 

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