Du 19 au 22 septembre 1956 s’est tenu à Paris le premier Congrès international des écrivains et artistes noirs, sous l’initiative d’Alioune Diop, Directeur de la revue Présence Africaine. C’est dans l’amphithéâtre Descartes de l’Université de la Sorbonne que s’est rassemblée une soixantaine de délégués venus d’Afrique, d’Amérique, de Madagascar et des Caraïbes.
Organisé à l’initiative de la revue Présence africaine, le premier Congrès international des écrivains noirs est un véritable Bandung de la culture. Ce fut un point de rassemblement des intellectuels du Tiers-monde. Au centre des débats: la part de la domination raciale et coloniale dans l’unité culturelle du monde noir.
Prennent part entre autres à cette Richard Wright, Amadou Hampâté Bâ, Aimé Césaire, Cheikh Anta Diop, Jean Paul Sartre, Josephine Baker, Jean Price Mars (Haïti), Marcus James, Jacques Rabemananjara, Frantz Fanon, Léopold Sédar Senghor, Édouard Glissant, Claude Lévy-Straus, Pablo Picasso…
En pleine guerre froide et sur fond de colonisation et de ségrégation, Alioune Diop réussit à rassembler pour la première fois des intellectuels noirs de divers continents et de toutes obédiences politiques. Il s’agissait de réaliser l’inventaire commun des cultures noires et d’analyser « les responsabilités de la culture occidentale dans la colonisation et le racisme ». Ce grand congrès fut précédé par des travaux préparatoires dans lesquels s’impliquèrent les intellectuels noirs francophones, anciennes et nouvelles générations, comme l’indique une note de la rédaction dans le numéro 7 (1956) de la revue Présence africaine :
« Le 27 avril dernier, Cheikh Anta Diop inaugurait salle D des Sociétés Savantes la série de conférences que nous organisons tous les vendredis (nos lecteurs sont priés de trouver chaque jeudi dans Le Monde la confirmation des dates de ces conférences) dans le cadre de la préparation du Congrès des Écrivains et Artistes Noirs. Son exposé portait sur les origines…
Dans son discours d’ouverture, Alioune Diop a affirmé : « l’événement dominant de notre histoire a été la traite des esclaves. C’est le premier lien entre nous […]. Noirs des États-Unis, des Antilles et du continent africain […], nous avons ceci d’incontestablement commun que nous descendons des mêmes ancêtres».
Le Congrès avait pour thème central : la crise de la culture. Ainsi, les communications non seulement présentaient les différentes cultures des peuples noirs (la poésie yoruba, la culture peuhle, les « negro-spirituals », l’art plastique en Haïti, etc.), mais analysaient aussi les causes des crises culturelles : la traite négrière atlantique et l’esclavage, le racisme, la colonisation, l’industrialisation et le christianisme. À l’issue des travaux, il a paru indispensable que les écrivains et artistes noirs contribuent à la réhabilitation, la revalorisation et au développement des cultures des peuples noirs afin de les intégrer à l’ensemble de « la culture humaine ». Les congressistes ont par ailleurs estimé que l’épanouissement de la culture était conditionné par la fin du colonialisme, du racisme et de l’exploitation que subissaient les peuples noirs. Ils ont aussi préconisé la reconnaissance d’une pensée noire.
Les congressistes ont également souhaité que tout peuple puisse prendre connaissance des valeurs de sa culture nationale (langue, histoire, littérature, art, etc.), bénéficier de l’instruction et de l’éducation dans le cadre de sa culture propre. Ils ont aussi prôné la fraternité entre les peuples, rendu hommage aux cultures de tous les pays et apprécié leur contribution au progrès de la civilisation.
Sources: histoireengagee – journals.openedition.org
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