8 mars tronqué…

Mesdames et Mesdemoiselles, le 8 Mars n’est pas la Saint Valentin !

Il y aurait comme une maldonne, lorsque l’on voit comment le 8 mars a été célébré au Sénégal. Tout en Folklore!!!

Comme d’hab !!! Avec souvent un festival de « défonçage de portes ouvertes », du genre « Focus sur une femme médecin, sur une femme pilote, chercheuse ou mécanicienne », comme si cela relevait de l’exploit herculéen.

Malgré les précisions régulièrement apportées par de nombreuses organisations féminines, nous continuons à célébrer « LES FEMMES » à coup de bouquets de fleurs, ou en les habillant en uniformes colorés pour bien les singulariser ce jour-là.

Le 8 mars n’est pas une autre Saint Valentin. C’est comme son nom l’indique pourtant, la Journée Internationale des Droits des Femmes. Bien trop long à prononcer, on fait alors l’impasse sur l’essentiel, à savoir « LES DROITS » et on garde les FEMMES.

Dieu sait pourtant qu’à ce niveau-là, sous nos latitudes, il y a encore beaucoup de boulot, entre harcèlements, viols, travail sous-payé, rapports mercantilisés entre les hommes et les femmes, mariages clandestins et répudiations désinvoltes, pointer les Droits des Femmes et travailler à les considérer, demande de se coltiner l’affaire plus qu’un seul jour symbolique.

Alors à toutes ces braves femmes valeureuses qui ont crevé les écrans hier et aujourd’hui, vous m’excuserez de ne pas célébrer avec vous cette JIDF, n’y ayant perçu aucune cohérence.
Je ne la célèbre pas parce qu’à côtés de ces droits pas encore acquis, d’autres femmes se chamaillent, se dénigrent, se font la guerre, s’insultent, s’autodétruisent, parce que n’ayant pas encore compris qu’elles ne sont pas des armes de destruction qu’on utilise et qu’on jette après usage.

Nos femmes n’ont pas encore compris que la solidarité féminine est pourtant essentielle, et qu’il n’y a pas d’égalité sans solidarité…
La violence avec laquelle nos femmes se toisent, se mesurent les unes aux autres, dans les réseaux sociaux et à travers la presse, est sidérante et désolante.

Nos femmes devraient comprendre que la rivalité entre  femmes est quelque chose qui sert au patriarcat pour les maintenir dans des situations très mauvaises et précaires. La grande force du patriarcat et de notre société sexiste, c’est de réussir à diviser l’humanité en deux moitiés, puis de morceler l’une des deux moitiés en plein de petits groupes pour être sûr que les choses ne changent pas. Diviser pour mieux régner, en somme.Qu’est-ce qui les oblige à le faire en dénigrant leurs paires ?

Pas grand-chose si ce n’est toute leur éducation basée sur le genre. La volupté que nos femmes mettent dans l’expression somme toute désuète de leurs rivalités en célébrité, toujours aux yeux des hommes d’ailleurs, n’est jamais qu’une des nombreuses façons de dénigrer les femmes, mais ce florilège passe aussi par une critique de leurs corps, de leurs attitudes, de leurs compétences…

Oui, la solidarité féminine c’est simple, vraiment. De la même façon, si une femme ne partage pas l’opinion d’une autre, libre à elle d’argumenter, mais peut-être que l’insulter ou la rabaisser n’est pas la meilleure stratégie, étant donné que la société s’en charge déjà pour elles ? Il faut que les femmes voient ce qu’elles ont en commun, ce qui les unit et ce pour quoi elles se battent ensembles, dans la même direction et qu’elles se débarrassent de cette rivalité qui existe.Se différencier des autres femmes est un nouveau sport.

Concrètement, le fait de déclarer publiquement qu’on s’entend mieux avec les garçons est une manière à peine voilée de dire l’inverse, qui est : « je ne suis pas une fille comme les autres ».

En sous-entendant que ELLE, elle a des relations privilégiées avec les garçons, elle sous-entend également par-là que les autres filles sont des êtres indignes d’intérêt, passionnées par l’épilation de leur moustache, la couleur de leurs ajouts capillaires et la beauté de Wally Seck.

Et qu’elles ne sont pas comme ces filles-là. Qu’elles sont plus profondes, moins chiantes, plus marrantes, qu’elles sont comme un meilleur pote mais…avec des beaux et proéminents seins en plus.

Chères Valentines… A l’année prochaine, avec plus de droits et moins de gauches.

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Journaliste de formation, J.P.C est une voix radiophonique unique mais aussi une plume corrosive. Ses analyses fines sur la vie politique, sociale et culturelle du Sénégal font références. Ses éditos sont sur Kirinapost.

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