2024: rallumer les étoiles ou plaidoyer pour un Sénégal où il fait bon vivre

Quatre années consécutives de braises marquées  entre autres faits par l’avènement du covid 19, choc sanitaire du siècle et ses effets dévastateurs sur la marche du monde, mais aussi et surtout par la crise sociopolitique et morale sans précédent qui a secoué et qui secoue de plus belle notre nation depuis mars 2021 avec son lot d’événements sombres et improbables, de fractures sociales, de démocratie piétinée, le tout sur fond d’indigence économique et de misère rampante, conséquences collatérales d’une guerre d’intérêts géostratégiques en Occident, subtilement déplacée en Afrique par les tenants d’un nouvel ordre mondial implacable. C’est dire que le chaos plane inoxerablement sur nos têtes.

Les ressorts sociaux qui maintenaient le pays dans une certaine stabilité n’ont cessé de casser progressivement par le fait des politiciens sans éthique engagés sans merci dans le partage du gâteau « Sénégal » et très peu soucieux du sort de leurs administrés, menaçant  insidieusement le vivre-ensemble.

C’est ce préoccupant tableau qui rythme notre quotidien sans répit et nous maintient dans une angoisse existentielle continuelle. Les enjeux sont colossaux, la crise est bien là!  Que faire?

Surtout ne pas sombrer dans un pessimisme dévastateur. Vertus créatrices du respect, puissant libérateur d’énergie, ferment de bien-être, ciment de cohésion sociale et levier de progrès, chacun de nous se doit d’être le gardien du temple en veillant par excellence à ce que le sens de la tolérance, la bienveillance, l’empathie, l’intelligence émotionnelle restent des valeurs cardinales au pays de la Teranga.

Autant de notions devenues des denrées rares dans les discours de nos hommes publics et qui gagneraient  pourtant à les cultiver et à en encourager la diffusion. Ces trésors inestimables doivent rester un leg à nos jeunes générations et doivent continuer à se manifester dans toute relation humaine dès le premier regard, la première parole, la première rencontre comme reconnaissance réciproque de l’un et de l’autre.

Ensemble, il nous faut continuer à sortir de pré-carrés, d’égoïsmes voire de dogmatismes et dépasser les postures conduisant à l’adversité.

Pour cela, l’attention à l’autre et l’intelligence de la coopération sont nos seuls atouts. Au-delà des bonnes intentions (surtout pour soi) et de la légitimité (surtout de son point de vue), une seule voie nous est ouverte : celle de l’altérité. Soyons bienveillants les uns envers les autres !

C’est dans cet état d’esprit qu’il nous faut aborder cette année électorale 2024 à très forts enjeux : les élections présidentielles mettront, bien évidemment, au cœur du débat des questions essentielles voire vitales pour les habitants du pays de la Teranga : celle de la paix sociale dans toute sa splendeur, celle du pouvoir d’achat malmené  par une inflation sans commune mesure, celle de l’accès à la santé pour tous et de la transition écologique de l’habitat, celle des conditions permettant à tous de vivre en bon voisinage et en paix dans sa ville, son village, son quartier ou sa résidence. Car avoir un toit où il fait bon vivre, et à prix supportable est une condition préalable à l’épanouissement personnel et familial, à l’accès à l’emploi, à la formation et à l’éducation des plus jeunes. Aussi, il appartient à tous ceux, qui ambitionnent de présider aux destinées de ce pays, à prendre toute responsabilité nationale qui peut contribuer à inscrire ces enjeux dans les débats nationaux pré-électoraux (dont ils sont aujourd’hui les grands absents) et demain dans ceux post-électoraux.  Nous autres, électeurs et citoyens, soyons responsables et portons nos valeurs au national et auprès de nos futurs représentants !

Alors oui, bonne année!  Qu’elle soit porteuse de l’espérance de construire un monde meilleur. Bonne année à tous ceux et celles que la vie n’a pas épargné, à ces personnes qui vivent des tragédies, aux plus démunis et  à ceux frappés injustement par l’infamie et le règne de l’arbitraire.

Bonne année à cette jeunesse désenchantée et inquiète des lacérations du lien social.

Frappée par les crises globales, divisée par des fractures nouvelles, ne se reconnaissant plus totalement dans les valeurs de notre société, elle  doit tout de même y trouver sa place.

Elle se montre désireuse d’inscriptions électives fortes et semble plus que jamais en quête d’un récit qui pourrait rendre les Sénégalais responsables et solidaires, par-delà leurs divisions. C’est à l’exploration de ces tiraillements que notre projet démocratique s’interroge dans ce contexte, exigeant une réinvention de leur participation par une tentative de réenchanter la citoyenneté en faveur d’une démocratie plus directe, plus juste et plus efficace.

Bonne et heureuse année à ceux à qui nos destins seront confiés. Puissent-ils être les orfèvres d’un État ouvert et responsable. Responsable, d’abord, car vertueux dans sa production de normes et son utilisation des fonds publics. Responsable, ensuite, car conscient de sa place et, donc, recentré sur les compétences nécessaires à l’exercice de ses missions. Responsable, encore, car irrigué par un besoin de déontologie et, dans des limites raisonnables, de transparence. Responsable, enfin, dans son rôle de réduction des inégalités qui se sont accrues sous l’effet de la mondialisation et d’une gestion gabegique de nos derniers publics.

Enfin, bonne année à nous, résidents du Sénégal d’aujourd’hui et de demain.

Nous rêvons de confier le devenir de notre nation à un Conseil de Sages, pas constitutionnel mais inspirationnel pour tracer une voie directionnelle sans l’ego des intellectuels, mais avec le ressenti des cœurs en étincelle.

Parce que toute bonne idée sans conscience… n’est que beaucoup de bruit pour rien.

Ne ratons pas le coche et faisons de 2024, si ce n’est des moments de bonheur et de joie, l’opportunité de repenser notre mode de vie et de nous inscrire, réellement dans la bienveillance, véritable arme de construction massive.

Nous sommes espoir parce que nous croyons. Que cette croyance soit débarrassée de la gangue et des scories pour qu’enfin nous trouvions le chemin de notre humanité et de ce qui lui est valeur et raison d’être vécue.

La démarche est loin d’être utopique, c’est donc une persévérante démarche, qui doit s’amorcer, faire tâche d’huile. Puisse 2024 être pour tous une année de paix, d’amour retrouvé et de concorde.

©El Junio/Festival Dialawaly de Dagana

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Khady Gadiaga est une communicante de profession. Elle a capitalisé 25 ans d'expérience professionnelle dans différentes entreprises où elle a respectivement occupé les postes de Product Manager, Directrice Commerciale et Marketing, notamment dans les secteurs de l'industrie médicale et textile en Europe et en Afrique. Ancienne directrice du marketing du Festival Mondial des Arts Nègres (FESMAN) de 2005 à 2010, elle a coordonné et orchestré le volet communication et marketing de ce grand rendez-vous culturel. Khady est passionnée de culture, des grandes idées et des mots, elle met sa plume au service des causes justes, parmi lesquelles, la paix et la concorde et la liberté. À ce titre, elle a été directrice de la rédaction, à Debbo Sénégal. Cette ancienne étudiante en Langues étrangères Appliquées à l'économie et au droit à University of Nice Sophia Antipolis, est aujourd'hui Directrice générale à Osmose (Agence de communication Globale) et depuis 2011, met en pratique sa riche expérience en qualité de Consultant expert Sénior en accompagnant les organisations du secteur privé, public et institutionnel en terme de conseils, de coaching et de suivi-évaluation de projets et programmes. Les chroniques de cette dame de aux centres d'intérêts éclectiques, sont désormais sur Kirinapost.

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