Une Contamination par ces temps de Covid-19 n’est pas trop gaie. Pourtant, c’est le pari du Laboratoire Agit’art en collaboration avec Espace Medina dans le cadre du Partcours 9eme édition. »CON-TAMI-NATION » est le nom de l’exposition géante que ces deux structures proposent. C’est l’événement culturel du moment. L’idée est selon les organisateurs d’ ouvrir de nouvelles portes sur le monde d’après…Covid-19. Exposition – Installation – Performances sont au programme. Cela se passe à la rue 33 de la Médina. Planter des arbres, repeindre les façades des maisons, exposer des sculptures et des portraits géants, tous les arts sont au rendez-vous. L’idée est de contaminer la rue 33 ainsi que toutes les rues adjacentes et pourquoi pas toute la ville. Une véritable « pandémie » s’annonce.
Depuis le 27 novembre, CON-TAMI-NATION l’exposition bat son plein. Le vernissage prévu le 12 décembre dernier n’a pas pu avoir lieu comme prévu mais les dakarois répondent massivement à l’invitation des organisateurs en visitant quotidiennement le travail formidable des artistes et venant voir la rue se transformer de façon magistrale.
Le fait est que les riverains ont adhéré spontanément au projet et ont laissé les couleurs pastels envahir les différentes façades de la rue. Quelque chose est entrain de se passer. Une envie de devenir soi et de regarder, enfin, ce que l’on a de positif avec intérêt. Un des signes de ce petit frémissement est arrivé avec la Covid. Au début de la pandémie du coronavirus, lorsque la France peinait à fabriquer des masques, le Sénégal grâce à ses tailleurs et designers en fabriquait à la pelle…
« Dés que la première façade a été peinte, toutes les autres maisons voulaient refaire la leur » explique Pascal Nampémanla Traoré, un des artistes Agit’Art trouvé en plein plantation d’arbres à la rue 33.
En effet, le volet reboisement est un des moments importants de CON-TAMI-NATION. Des arbustes sont plantés ici, des arbres sont protégés là-bas. Pascal, Buzz et Ican Ramageli sont à pied d’oeuvre. Quel bon pied de nez aux autorités du pays qui pour construire un B.R.T sont entrain de couper tous les arbres sur la route du prochain fameux bus. Ironie du sort, beaucoup d’arbres de CON-TAMI-NATION viennent de là. Avec une petite camionnette, les artistes, suivent le cortège préfectoral chargé de couper les arbres et demandent à l’autorité s’ils peuvent récupérer les arbustes au lieu de leur « mise à mort ». « Vous tuez, nous redonnons vie » ont l’air de dire les laborentins.
C’est l’idée même, de CON-TAMI-NATION: réparer, trouver des solutions aux problèmes. Cheikha artiste au long cours et membre éminent de Espace Medina en est convaincu, l’homme a en lui les solutions à ses difficultés.
« La rue est inspirante et c’est aux gens de laisser cours à leur imagination pour réparer ce qui est à réparer. La liberté de s’exprimer, d’inventer et de se réapproprier le cadre de vie sont aujourd’hui fondamentaux » souligne le patron de Sigil.
À l’intérieur de Espace Medina, les murs sont pris d’assaut par de magnifiques toiles, oeuvres d’artistes venus de partout. L’artiste Moussa Traoré maitre des lieux, même s’il abhorrerait un tel qualificatif eu égard à son humilité, installe ses grandes sculptures en metal. Moussa Traoré propose une réparation ou un recyclage du fer d’où son surnom de « chirurgien du fer ». Celui qui garde jalousement l’héritage de l’Espace Medina et qui est si friand de partager de riches petits récits avec le visiteur sur la riche histoire de ces murs, se dit persuadé que « célébrer » les anciens, les pionniers ou tout simplement ceux qui sont partis trop tôt et qui nous ont apporté de la lumière comme Mamadou Traoré Diop, Joe Ouakam, Alaji Koné, Mame Less Dia, Bouna Medoune Seye, est un moyen de transmettre aux futures générations un leg incommensurable. Dans cette perspective, CON-TAMI-NATION est une formidable opportunité confirme aussi Mamadou Ndiaye Manager Général de l’Espace Medina.
Pour Mamadou Ndiaye la collaboration avec le laboratoire Agit’Art en cette 9eme édition du Partcours est venu à son heure. Une convergence d’idées qui rendait interessante une collaboration.
« Nos deux structures n’ont jamais travaillé ensemble auparavant. Nous nous sommes retrouvés dans une rencontre et nous avons remarqué une convergences d’idées et des ambitions communes. Nous voulions faire les mêmes choses. Nous nous sommes dits pourquoi pas unir nos énergies » renseigne le manager.
Si vous avez un peu temps, rendez-vous à Contamination, le long de la rue 33. C’est une fusion « organique« , et des actions « synergiques« : à l’intérieur comme à l’extérieur de leur espace. Au menu: hommages aux artistes et aux arts, worshop, espace enfants, assainissement, écologie. C’est jusqu’à la fin de la pandémie. L’expo sera permanente, évolutive et pleine de surprise. Avec une seule volonté: repenser le cadre de vie en étant créatif tout en restant soi !
Cette petite anecdote racontée par Abdou Ba, gardien du temple du laboratoire Agit’Art, en dit long sur l’impact que peut avoir « Contamination » dans la cité.
« Il m’a demandé qui est à l’origine de cette action, je lui désignai Cheikha qui avait la tête dans ses couleurs,
il se dirige vers lui un billet de 1000 FCFA dans la paume de la main:
« c’est vous le responsable ? »
« oui. »
« alors sachez que nous sommes fiers de vous, de ce que vous faites pour notre quartier.. » dit-il en lui glissant le billet entre ses mains.
« c’est ma participation et bravo »
Si l’art n’est pas une thérapie, il ne sert pas à grand chose. »
(Espace Medina 2020, AGIT ART)
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