Tombouctou, il faut se lever

La volonté exprimée par les islamistes de détruire des manuscrits et mausolées de Tombouctou est un scandale culturel, historique et religieux.

Fondé entre le 11 ème et le 12 ème siècle par des tribus, Tombouctou est devenu rapidement un haut-lieu du savoir. À l’époque déjà, une grande majorité de ses habitants étaient alphabétisés. Plusieurs écoles et universités y ont vu le jour, accueillant jusqu’à 25.000 étudiants. Des érudits et savants s’y sont installés, d’autres y ont séjourné pour un temps.

À l’époque, tous transcrivent en arabe ou en peul, sur des omoplates de chameaux, des peaux de moutons, sur de l’écorce et parfois sur du papier ramené d’Italie, des documents commerciaux et comptables, des plans de voyages, des généalogies, des textes sur la religion, des recueils de poèmes, des pensées politiques, des récits historiques, des théories sur la météo ou l’astronomie, des traités de médecine…

C’est ce riche trésor millénaire qui est aujourd’hui menacé. Le fait est grave ! Ces manuscrits sont les témoins de l’Afrique scientifique. Au moment où certains se demandent encore si l’Afrique d’autrefois connaissait les différentes sciences, quelques années après avoir entendu le président français le moins cultivé de la cinquième république dire « l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire », le continent assiste incrédule à la disparition programmée de cette richesse inestimable. Quant aux mausolées, ils attestaient de l’universalité de la religion musulmane.

Des villes et monuments détruits, l’humanité en a connu plusieurs : le temple de Salomon, Carthage (par les Romains), le Saint Sépulcre (1009)… plus récemment en Afghanistan avec les Buddha géants détruits par les talibans (2001). On pourrait prolonger cette liste de manière effrayante. Dans tous les cas, il s’agit de rayer de la carte et de la mémoire une civilisation, une culture, une identité. Pour le moment, on en est loin. Les populations de Tombouctou s’organisent et certains de ces écrits (8.000 estime t-on) ont été partiellement sauvés pour éviter qu’ils ne soient endommagés ou pillés par les rebelles touaregs.

L’idée même de détruire ce riche patrimoine est saugrenue. L’Afrique est riche. Elle a besoin de s’appuyer sur son passé pour se bâtir un avenir radieux ! C’est la seule issue, car comme le dit le proverbe touareg : « C’est dans le miel vieilli qu’on trouve le remède. »

Publié dans agendakar en 2012.

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