Sale temps pour les moutons…

Alors que l’on s’apprête à trucider dans la joie, la bonne humeur et l’esprit embrumé de futurs soucis y afférant, tout notre cheptel ovin et que l’on va laisser nos villes sales justement le jour où Dieu recommande qu’elles soient nickel-chrome, il est un raccourci hardi qu’il est drôle d’emprunter au moment où le Président Macky Sall, ne voulant pas faire moins que son ami Paul Kagamé, décide qu’une capitale d’un pays qui se targue d’être émergent, a l’impérieuse obligation d’être propre et salubre. À la bonne heure !!!

La tâche est ardue, dans un pays où prendre son repas au-dessus d’une plaque d’égout qui fuit ne dérange pas grand monde, et où tous les efforts d’assainissement faits depuis des années évoquent le Mythe de Sisyphe et confinent à l’inutile. On va récompenser les gens pour avoir été propres alors qu’il aurait fallu les sanctionner d’avoir été sales.

Nous ne sommes pas à un paradoxe près. L’atmosphère de cette Tabaski charrie son lot d’images qui interpellent notre bon sens. Il y a d’abord ces barbecues et appareils à grillades vendus au bord de nos routes, et qui sont le fruit d’une transformation délictueuse de nos plaques d’égouts volés sur toutes nos artères au mépris de notre sécurité d’une part et de l’assainissement de notre environnement d’autre part, plaques d’égouts qui sont vendues au su et au vu de tous par dizaines de M3, sur les trottoirs de tranquilles receleurs, et transformés tout aussi tranquillement en marmites, barbecues, fours et autres ustensiles qui font le génie du tiers-monde. Mais tant qu’il n’y a pas mort d’hommes, vive la débrouille en toute impunité. Quand nos quartiers seront inondés, on insultera allègrement nos gouvernants, qui n’auront eu que le tort de donner de la confiture à des cochons.

L’autre image qui fait frémir est celle des milliers de machettes qui circulent, comme des armes légales, dont justement le Rwanda de notre ami Kagamé porte encore les stigmates, et qui vont faire le bonheur des agresseurs qui se seront armés à peu de frais, pour nous terroriser avec dès la fête finie. Ils ont acheté des ustensiles à décimer un cheptel, pourra-t-on leur reprocher ensuite d’en avoir fait des armes létales ? Lundi, il fera sale temps pour les moutons… Pour nous autres ensuite, cela risque d’être l’enfer.

Dewanati… Balma Akh… Balnala… Mais bouko defati… Trop facile…

 

Crédits: black-feelings

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Journaliste de formation, J.P.C est une voix radiophonique unique mais aussi une plume corrosive. Ses analyses fines sur la vie politique, sociale et culturelle du Sénégal font références. Ses éditos sont sur Kirinapost.

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