L’affaire Khashoggi ne fait que commencer

La mort de Jamal Khashoggi, le journaliste saoudien assassiné le 2 octobre dernier à Istanbul, continue de défrayer la chronique. Victime d’un véritable guet-apens, le fameux journaliste a été tué de façon atroce dans les locaux du consulat saoudien d’Istanbul, où il s’était rendu pour effectuer des démarches administratives. Jamal Khashoggi aurait été démembré et son corps dissous dans de l’acide. Selon le quotidien turc Sabah, des traces d’acide ont même été retrouvées dans les canalisations de la résidence du consul.

 

À l’annonce de son décès tragique, tous les regards se sont tournés vers Ryad, et surtout vers le Prince héritier Mohammed Ben Salman. Celui-là même qu’une certaine communauté internationale présentait comme le réformateur du régime, celui qui allait faire entrer le royaume dans la modernité. Le fait est que Jamal Khashoggi, très critique à l’égard de Ryad, a toujours attiré l’attention sur les méthodes autoritaires du Prince héritier, l’assimilant même à une bête.

«Plus il mange de victimes, plus il en veut. Je ne serait pas surpris que l’oppression atteigne même ceux qui l’acclament», aurait fustigé Khashoggi dans un message datant de mai dernier sur WhatsApp.

Exilé aux États-Unis, où il était éditorialiste au Washington Post, Jamal Khashoggi envisageait de créer un cyber- mouvement citoyen afin de dénoncer les agissements du régime saoudien et de son prince héritier.

Ce dernier, sur la scène internationale, était respecté et encensé pour ses réformes économiques et sociales dans le royaume saoudien. Protégé par le géant américain, Mohammed Ben Salman s’est vu pousser des ailes et a agi en interne en effectuant de véritables purges en toute impunité contre tous les groupes opposés à ses méthodes. Seule ombre au tableau à l’époque, le journaliste Jamal Khashoggi.

Après avoir d’abord nié le meurtre, les autorités saoudiennes ont fini par reconnaître que l’éditorialiste avait trouvé la mort lors d’une opération «non autorisée». Les membres du commando saoudien qui ont exécuté l’opération ont tous été condamnés à mort, mais le principal instigateur, qu’on soupçonne être le prince héritier, n’est pas inquiété. Pour redorer son blason, il a entamé une série de déplacements à l’étranger. Même s’il est accueilli en grande pompe par les dirigeants du monde, partout où il passe, des réactions de réprobations sont constatées.

Aujourd’hui, c’est sûr, le Prince «réformateur» est plus que fragilisé. L’allié américain, obnubilé par la gestion des ressources pétrolières du royaume, est pressé par une opinion publique qui réclame plus de transparence et de clarté. Washington ne peut plus donner un blanc-seing au prince, même si Donald Trump rappelle qu’aucun élément ne vient pour le moment accuser formellement Mohammed Ben Salman. D’ailleurs, Gina Haspel, la directrice de le CIA renseignement a été entendue par des parlementaires de son pays. L’agence de renseignement aurait, selon plusieurs médias, capturé un échange compromettant entre le Prince et un proche conseiller supervisant l’opération qui conduisit à l’élimination du journaliste. A la suite de l’audition de Gina Haspel, Bob Corker le président républicain de la puissante commission des affaires étrangères du Sénat a estimé que si Mohammed Ben Salman était présenté devant un tribunal, « il serait reconnu coupable en trente minutes »

De son côté, la Turquie insiste sur le fait que le meurtre de Khashoggi a été prémédité et programmé par le royaume saoudien : en haut-lieu. De là à accuser le Prince héritier, il n’y a qu’un pas. Erdogan, le Président turc disculpe l’Arabie Saoudite mais accuse le Prince Salman et réclame que le fameux commando soit extradé vers Ankara. Il se joue ici aussi une bataille de leadership dans le monde musulman.Une bataille de leadership qui intéresse au plus point l’Iran. Téhéran regarde l’air amusé, les deux alliés, américains et saoudiens avoir du mal à sortir de cette affaire Khassogui.

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