Du débat sur le féminisme…ce que je crois

Ce débat sur le féminisme peut-il être l’occasion de réaliser que si les luttes des peuples sont universelles, elles doivent toutes partir des réalités culturelles, économiques, politiques et environnementales de chaque pays?

Si le modèle politique occidental qui est à bout de souffle, après plusieurs crises, ne sied plus avec le gap toujours grandissant entre les 1% et le reste du monde, ne sommes nous pas alors presque tous d’accord que cette politique sauvage de la consommation qui met le monde en danger, au point où c’est la population du monde qui est aujourd’hui indexée partout, ne peut plus être la solution, surtout pas en Afrique? Ce système basé sur le profit ne remet pas en question ses fondements mais accuse les populations de faire trop d’enfants.

Ils nous parlent de recyclage quand ce recyclage domestique n’est qu’une goutte dans l’océan de déchets que les industriels produisent.

Partout aux USA, en Europe, au Canada, les agriculteurs essayent de s’organiser pour passer outre les grandes entreprises agricoles et leurs grandes chaînes de distributions, qui, pour des problèmes de rendements utilisent pesticides à outrance, graines génétiquement modifiées, colorants, conservateurs pour des questions de rendements et profits. Partout ou presque partout dans le monde il existe des programmes de petits déjeuners pour les élèves, la famine existe encore en Afrique alors que des tonnes de nourritures sont jetées. Des lois existent en Europe, aux USA ou Canada pour sanctionner les sans abris qui pour se nourrir fouillent dans les poubelles de ces grandes surfaces. Faut il le rappeler? Ces politiques non pas l’humain au coeur.

Le bradage de nos terres agricoles au profit de compagnies qui veulent exporter un modèle économique qui a des répercussions tant économiques que sanitaires, avec la bataille de Babacar Ngom Sedima contre les paysans de Ndengler en est un exemple d’actualité. Nous ne pouvons pas tout importer sans recul.

Le Dieu spirituel a été remplacé par les dieux de la consommation, c’est ce qui est enseigné en première année de sociologie. Ces dieux de la consommation ont pour première clientèle la femme et les enfants.

Les politiques capitalistes ont pour but premier le profit et non pas l’humain. Si nous discutons encore des droits des noirs ou des femmes c’est parce que dès l’entame, le féminisme comme la fin de l’esclavage avaient pour but premier le marché de l’emploi et certainement pas les droits des individus.

Les féministes occidentales se sont battues en fonction de leurs besoins et réalités. Nos luttes doivent se faire en fonction de nos besoins et réalités. Toutes les mères africaines voudraient pouvoir accoucher sans perdre la vie, éduquer leurs enfants, avoir de l’eau pour tout simplement laver ce nouveau né, cultiver, préparer à manger etc..sans avoir à sacrifier l’éducation des aînés qui doivent marcher des km pour puiser cette eau.

Cette éducation académique ou religieuse est un facteur de protection contre l’excision, le mariage précoce, le viol, la prostitution, la déviance etc..

Se battre contre des conséquences est le piège ultime. Comme pour les conditions de vies des populations, la mal gouvernance, la corruption, l’état d’esprit de nos populations sont en corrélation directe avec les politiques économiques, monétaires et culturelles du pays. Quand on est acculturé, sous éduqué, maintenu dans l’ignorance, la faim, le manque on peut bien après disserter sur les conséquences que nous observons au quotidien sur nous mêmes. Nous sommes encore dominés et cette quête de souveraineté doit s’accompagner d’un projet de société. Une société que nous allons définir et créer en adoptant les meilleures pratiques partout dans le monde en fonction de nos réalités culturelles, économiques et sociétales

Que les retards de l’Afrique sur plusieurs plans deviennent des occasions qui nous servent à avoir du recul sur les modes de vie, les politiques, les idéologies. Tout prendre ou tout rejeter, serait prendre le risque de tomber dans les mêmes pièges que ces pays ou alors accentuer notre retard en voulant recommencer à zéro. Ce serait tout simplement inintelligent.

Les chaînes de tv étrangères ou ONG travaillent en fonction de leurs cultures et idéologies: l’homme et la femme sont des constructions sociales, explique la troisième case qui existe maintenant à côté des sexes M et F. L’orientation sexuelle comme exploration avant de faire un choix, des enfants sans pères, des femmes usines à bébés pour couples homosexuels. Le droit de la femme à disposer de son corps, le droit à la pilule du lendemain, le droit d’avoir des relations ouvertes etc..sont des préoccupations bien lointaines pour qui manque de soins de santé de base, manque de nourriture, d’eau, d’écoles.

Nous devons pouvoir ensemble, hommes et femmes nous retrouver sur nos besoins fondamentaux. Ensemble, définir quelle société nous voulons construire en accédant à la souveraineté. C’est ensemble que nous construirons notre société avec nos hommes. Cette dualité ou guerre contre l’Homme n’est pas une avenue. C’est par les inégalités maintenues dans nos sociétés que ONG et états étrangers profitent pour nous insuffler des façons de penser, d’être et de faire donc l’autocritique, la communication et le respect de l’autre seront fondamentaux.

Observer et faire des liens: les politiques économiques, culturelles, sanitaires ont des conséquences directes sur nos populations. Nous avons eu des modèles panafricains religieux et intellectuels. Nous avons tout pour construire les sociétés africaines modernes que nous voulons.

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