Dix ans ! Voici dix ans que le Joola gît au fond des océans avec 1863 de ses passagers. Dix ans de pleurs, d’interrogations, de colère, de souvenirs, de solitude et de traumatisme.
Le 26 septembre 2002 restera à jamais gravé dans la mémoire collective sénégalaise. Pas que sénégalaise d’ailleurs. En effet, ce jour, parmi les victimes, il y avait 13 nationalités (africains et européens) donnant du coup une dimension internationale à la tragédie. Jamais catastrophe maritime n’a été aussi meurtrière. Avec le Joola, c’est le triste record du Titanic qui est dépassé.
Du Joola, on a tant dit. Les écrivains ont écrit, les chanteurs ont chanté, les marabouts ont prié, les familles ont pleuré ; mais jamais elles et les rescapés (au nombre de 64) n’ont été pris en charge psychologiquement. Aujourd’hui la catastrophe Joola produit d’autres catastrophes. Les veuves, les enfants et parents de victimes, sont laissés à leur propre sort, ce qui fait d’eux des personnes extrêmement fragiles. Les rescapés : n’en parlons pas ! Mais comme au Sénégal on néglige ce genre de pathologie à cause de… Yalla Baax na…
En attendant, que faire ? D’abord respecter la mémoire des victimes et ne pas verser dans les commémorations festives et puériles comme c’est le cas. Et si on ne peut faire la lumière sur cette tragédie et sanctionner les coupables qui courent toujours, laissons les victimes reposer en paix.
Quant à nous vivants, on gagnerait à tirer les leçons d’une telle catastrophe. Dans les transports, les cars sont toujours aussi surchargés, les routes continuent de tuer chaque jour un peu plus, respecter un rang dans un service public est toujours aussi utopique et l’indiscipline est érigée partout comme règle de vie… Les vivants doivent entendre cet appel d’outre-tombe des victimes du Joola : que notre mort vous serve au moins à vivre !
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