Un spectacle dénommé « le mortier » célèbre David Diop et Miriam Makéba à Genève

Vendredi 10 octobre pendant le fête du théâtre, au musée ethnographique de Genève, sous la férule de Marie Virginie Diop, huit artistes ont fait revivre l’esprit de deux figures majeures de la cause panafricaine le poète David Mandessi Diop et la chanteuse Miriam Makéba, à travers un spectacle dénommé « le mortier ».

« Le mortier » comme si Marie Virginie fille du cinéaste David Ika Diop, fils de David Mandessi Diop voulait donner une prolongation à l´unique recueil de poèmes de son grand père « coup de pilon ».

David Diop est mort le 29 aout 1960 dans un crash d’avion au large de Dakar, emportant avec lui toute sa production qui devrait être la suite de ce premier opus avec lequel il avait presque atteint le zénith.

Le poème « Afrique mon Afrique, Afrique des fiers guerriers dans les savanes ancestrales. Afrique que chante ma grand-mère de ses fleuves lointains… », que des millions d’africains ont appris à l’école à travers plusieurs générations, devient ‘’l’arbre’’ emblématique qui invite à visiter ‘’la forêt dense’’ qu´est ce recueil « coup de pilon ».

Un recueil dense en idées révolutionnaires, foisonnant de formules chocs, bouillonnant d´expressions percutantes, rempli de sentences qui tombent comme des couperets, avec le verbe précis et limpide, du verve éloquent et convaincant, un élan entrainant et engageant. Le tout mis au service des causes que David croyait justes et nobles, au cœur desquelles on retrouve la libération totale et complète de l´Afrique.

David M Diop était un poète doublé d’un intellectuel organique d´une rare lucidité qui avait aussi une belle production intellectuelle sur son activité de poète, sur les rôles que devait jouer les poètes, sur le fond et la forme de la poésie (africaine). À ce propos il a dit : « Mais puisqu’il faut bien donner une définition, si vague soit-elle, de la poésie, disons qu’elle est la fusion harmonieuse du sensible et de l´intelligible, la faculté de réaliser par le son et le sens, par l’image et par le rythme, l’union intime du poète avec le monde qui l´entoure. La poésie langue naturelle de la vie, ne jaillit et ne se renouvelle que par son contact avec le réel. Elle meurt sous les corsets et les impératifs ».

David Diop était un homme d´une extrême sincérité, d’un engagement sans faille et un panafricaniste convaincu. Ainsi quand la Guinée pris son indépendance de la France en 1958, il n´hésita pas à rejoindre Conakry après avoir écrit à son beau-frère Alioune Diop le fondateur des éditions Présence Africaines : « Mon cher Alioune, …. Je pars pour la Guinée au début de la semaine prochaine…… Comme je l’ai écrit, il est des cas où celui qui se prétend intellectuel ne doit pas se contenter de vœux pieux et de déclaration d’intention mais donner à ses écrits un prolongement concret ».

Pour le rendre hommage sur la scène du MEG (Musée Ethnographique de Genève qui abrite jusqu´au mois de janvier l’exposition « Afrosonica ». une expo sur les musiques africaines), ils y´avaient huit artistes dont un virtuellement.

Le percussionniste Mbar Ndiaye, le rappeur Don Zap, le poète Mustafaa Saitque tous sénégalais établis en Suisse et en France. Le koriste Abdou Diop « baye fall » absent mais présent à travers une vidéo. Le batteur Borrel Bambi congolais du Brazza qui vit à Paris. La chanteuse et maitresse d´œuvre du spectacle Marie Virginie Diop de mère guinéenne qui a grandi en Guinée et au Gabon. Était présent son père David Ika Diop dont le film court métrage sur son père David Mandessi Diop « David Diop le poète de l’amour » avait obtenu la mention spéciale au FESPACO en 1987.

À la guitare Alain Alioune Agbo, un Béninois d’origine qui a fait sa vie en France mais qui se réclame sicapois, dakarois et sénégalais, parce qu´ayant né et grandi à Dakar. Alioune Agbo a côtoyé plusieurs grosses pointures de la musique africaine. Par ailleurs pour la petite histoire, c’est par son entremise que l’excellent Jean Philippe Rykiel est entré en contact avec l´immense Abdoulaye Prosper Niang du Xalam.

Mais parmi tous les grands noms de la musique avec qui il a joué, le plus illustre reste sans aucun doute Miriam Makéba, qu’il a accompagné pendant six ans, et qui le considérait comme son propre fils. Miriam le fera rencontrer d´autres grandes figures du continent notamment Nelson Mandela.

Le spectacle se termina avec deux morceaux de Miriam Makeba chanté par la femme à la puissante voix Tiana Èwané d´un père camerounais et d’une mère malgache, elle passe ses vacances au Sénégal.

Avec ce beau monde et ces belles mélanges, c’était presque toute l’Afrique qui était présente sur scène pour rendre hommage à deux de ses icones.

Ce spectacle mérite d’être vu à Dakar et un peu partout en Afrique, ne serait-ce que pour raviver le souvenir de David Diop dans les esprits des nouvelles générations qui le connaissent moins, en tout cas pas autant que les générations de leurs parents et grands-parents.

David Diop serait centenaire en 2027, tout comme sa grande sœur Christiane Yandé Diop la veuve d’Alioune Diop gardienne du patrimoine « Présence Africaine », a soufflé ses cent bougies cette année. Joyeux anniversaire Maam bóóy.

 

 

 

 

 

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Mamadou Sekk est un passionné de culture et de musique africaine. Il est l'initiateur du Berger Des Arts (Gaynaako Ñeeñal) The Shepherd Of Arts et Festival Blues D'Afrique / Assoc. Le Berger Des Arts est dédié à la collecte, la conservation, la mise en valeur et l'interprétation des musiques du monde, sous-estimées ou en péril, qui ont contribué à la naissance du Blues afin d'éviter leur disparition.

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