Le mot luxe vient du mot lux qui veut dire lumière. Il vient aussi de luxuria qui fait référence à l’excès, à l’exception et au rare. Ce sont les anciens égyptiens qui en premier se distinguèrent dans l’univers du luxe en accordant une attention toute particulière à leur bien-être. Depuis, l’homme ne cesse de chercher l’épanouissement.
Parler de luxe au Sénégal, alors que la pauvreté et le chômage sont à un niveau insoupçonné, semble être un paradoxe absolu. Toutefois, il ya une classe moyenne qui émerge et qui aspire à un certain standing. De plus, le luxe ne connaît pas la crise dit-on.
D’un autre côté, si le Sénégal vise l’émergence économique, pourquoi ne pas s’engouffrer dans la niche afin de capturer une partie des 180 Milliards d’Euros que représente le marché mondial du luxe. Pour y arriver, le Sénégal doit investir massivement dans les infrastructures hôtelières, de transports et des télécommunications. L’autoroute à péage, l’ouverture du nouvel aéroport Blaise Diagne et le lancement du TER, sont d’excellentes nouvelles à ce propos. Dans l’hôtellerie, des boutiques-hôtels voient le jour, des 5 Etoiles commencent à se positionner. Cependant, le luxe ce n’est pas que cela. Il faut savoir accueillir, savoir écouter le désir du client, avoir une capacité d’anticiper leurs besoins. Cela va jusqu’à fouiller les poubelles du client pour mieux comprendre sa consommation. Nous avons certes la Téranga bien sénégalaise, mais il faut y ajouter le respect des normes et des règles qu’exigent le haut de gamme. Dans cette perspective, l’école Thelma, lancée par Magatte Diop, une ancienne cadre de Tigo, est une avancée significative. Bien organisé, comme le souhaite cette dernière avec une chaîne de valeurs cohérente, le marché du luxe peut valoir au Sénégal des rentrées de devises conséquentes. La position géographique du Sénégal, sa stabilité et la Téranga sont de bons atouts pour attirer le touriste fortuné qui cherche le rare, l’exception… Justement, à propos des attentes des consommateurs des produits de luxe, plusieurs auteurs, tels que Thorstein Veblen (1857 – 1929) et Pierre Bourdieu (1974-1979) se sont penchés sur son aspect sociologique (l’influence du luxe). Pour les deux penseurs, l’élite de la société consomme uniquement ses produits de luxe par vanité et par besoin de se démarquer des autres catégories de personnes.
Pascal Oudiane, Docteur en sociologie, abonde plus ou moins dans le même sens. Selon ce spécialiste des questions de développement, au Sénégal, ce n’est pas le capitalisme qui entretient l’expérience du luxe, surtout lorsque celui-ci n’est pas achevé. Il s’agit plutôt de la finalité recherchée dans la pratique du luxe qui importe le plus. Cette finalité se confond à la réussite sociale dont le baromètre est le consentement social, c’est à dire la reconnaissance gratifiante des autres. Dans la socialité sénégalaise, le luxe se consomme mieux avec le regard social. Et quand certains biens, objets de luxe deviennent objets de bien-être, le superflu se transforme en besoin dira Edgard Marin. Toujours est-il que d’un point de vue purement économique, le luxe reste un marché et le Sénégal, au regard de ce qu’on a dit plus haut, peut tirer sa part du lion. Cependant, il serait plus opportun d’inventer un luxe à l’africaine, comme le suggère d’ailleurs Marina Sow, active dans l’univers du luxe pendant plus d’une quinzaine d’années. Cela passe par, entre autres, la promotion de l’artisanat et notamment la mise en avant des produits locaux dans nos magasins. Quand, dans une boutique Phillipe Patek, on vous accueille en vous proposant un café, dans la maison Selly Raby Kane, on vous servirait un thé à la menthe ou un verre de bissap. Selly Raby Kane, ce nom ne dit pas grand-chose à certains Sénégalais, mais la petite Dakaroise est un exemple de réussite à saluer. Il n’est pas donné à n’importe qui d’habiller Beyonce. Selly Raby Kane, évidemment, ce n’est pas que cet épisode, c’est aussi et surtout le raffinement et la consécration du made in Sénégal. Valoriser la culture locale est absolument capital, le Maroc fait figure d’exemple. Le Royaume chérifien l’a compris très tôt. Aujourd’hui, il en récolte les fruits. La culture arabo-berbère côtoie allégrement les influences occidentales autant dans les infrastructures que le mode de vie. En cela, le pays de Mohamed VI est l’archétype à suivre.
Credit photo: luxsur.fr
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