TOUS COUPABLES, AU NOM DE SON INNOCENCE

Je pense qu’il faudrait, souvent, savoir raison garder. Et arrêter, à mon humble avis, de se pâmer devant des exploits, des réussites sportive, technique scientifique, professionnelle, personnelle qui nous sont to-ta-le-ment lointaines. J’ai lu le flot de posts, à la limite de l’extase, lorsque mademoiselle Myriam Soumare, Française, native de Paris, a été sacrée championne d’Europe. Puisqu’il est dit qu’elle est de parents d’origine mauritanienne, les hérauts courent les rues et les campagnes pour annoncer « l’honneur » qu’elle aurait fait à la Mauritanie !

Mille millions de mille sabords et de cornues alambiquées, que vient faire la Mauritanie dans cette galère. Elle qui n’a participé, ni de près ni de loin, à la préparation, à l’accompagnement de cette jeune dame qui, peut-être, n’a qu’un vague souvenir de ce qu’on lui a dit de son pays d’origine et dont elle se tamponne d’ailleurs (désolé pour le terme un peu trop militaire) puisque, semble-t-il, à certaine occasion, l’ambassade n’a pas daigné la recevoir malgré l’entregent de certains de nos compatriotes ! Se glorifier d’un trophée que l’on n’a ni remporté, ni contribué au triomphe serait tout simplement un recel moral indécent et insupportable.

À mon sens, la fierté devrait résider dans la réussite de toute compétition, tout acte d’élévation, dans tous les domaines d’activité auxquels on a participé. Dans ces cas-là, seulement, l’exigence de partage du triomphe….ou de la défaite, devient légitime. Une Nation ne célèbre que la consécration de ses actes mais se contentera seulement, si elle y consent, de féliciter les victoires ou les réussites des autres. Même si celles-ci devaient lui être profitables, dans un sens ou dans un autre.

Houlèye Ba la jeune et courageuse athlète mauritanienne

À ce niveau, j’aimerais aborder le cas de cette jeune et courageuse athlète mauritanienne, mademoiselle Houlèye Ba, qui a compéti aux JO de Tokyo de 2021, sur 100 m. Oui, son chrono fut de plus de 15 secondes ! Mais elle passa la ligne d’arrivée. Et elle fût moquée, avec violence, par certains internautes qui, je suis sûr, tout comme moi, ne connaissent ni les tenants, ni les aboutissants de la course de cette jeune et brave demoiselle.
Certes, son chrono, à ce sommet de la compétition mondiale, n’est pas bon. Il est mauvais. Il est ridicule. Il a déclenché l’hilarité. Je le confesse, rien que pour ses contempteurs !Mais, messieurs, qui n’est pas bon ? Qui est mauvais ? Qui est ridicule ? Qui a fait déclencher l’hilarité ?

Sans aucun doute, tous ceux qui l’ont envoyée combattre sans préparation adéquate, sans intendance efficace ! Et pour couronner le tout, sans armure, sans bouclier et sans destrier, en rase campagne.
Alors, elle a paisiblement fait, ce que, seule, au moins, elle a su faire, avec courage : nouer son foulard autour de la tête et arpenter le tartan de l’Olympe. Un foulard que tous les spécialistes vous assureront qu’il freine la course de quelques centièmes ou dixièmes de seconde ! Avec ses 15 secondes, c’est un argument d’aérodynamisme dont, je crois, que c’est surement le cadet de leurs soucis, elle et ses préparateurs !

On a urgence à déterminer les responsabilités et désigner les responsables de cette défaite ! Cette demoiselle est volontaire. Oser accepter d’aller défier les meilleures du monde, dans sa spécialité, sachant que sa préparation n’est guère à niveau, qu’elle n’a surement pas satisfait aux minimas. Elle a courageusement accepté de jouer sa partition. Futile partition, certes, mais pour laquelle, nous devrions la consoler et l’honorer. Lui tresser des lauriers pour, seulement, avoir osé. Tout simplement. Déterminer maintenant les responsabilités et désigner les responsables.

Le sport a été considéré comme une activité quasi indigne 

Ceux qui ne furent pas bons, ceux qui furent réellement mauvais, ceux qui furent réellement ridicules, ceux qui réellement ont déclenché l’hilarité. On n’ira pas chercher trop loin ; car le coupable, pour tous, est le seul ordonnateur des choses : l’État avec ses démembrements. L’Etat étant une continuité, j’ose affirmer, es qualité, que depuis notre CMSN, le sport a été considéré comme une activité quasi indigne d’adultes. Nos anciens ministres en charge des sports, Feu Ba Mahmoud, Docteur Diagana Youssouf, ont guerroyé ferme autour de la table des Kakis sans jamais réussir à « nous » convaincre de l’importance de ce secteur, déjà en montée partout dans le monde.

Nos vaillants lobbies de « soutien indéfectible et inconditionnel », toujours tapis dans les couloirs et les ruelles poudreuses, en embuscade, sapaient toute idée contraire à leur projet. C’est ce qu’on appelait les groupuscules. Même si certains étaient aussi gros qu’un éléphant. Et ils ont la particularité de survivre à tous les régimes et à être immortels ! Aujourd’hui, il n’est guère besoin de démontrer ce qu’est devenu le sport. Au-delà de préserver notre santé, il est devenu un immense outil de développement économique. La célèbre devise du baron Pierre de Coubertin « l’important c’est de participer » a pris du plomb dans l’aile et rangée aux oubliettes. Aujourd’hui, on participe pour gagner. Sponsoring oblige.

Certains clubs de football européens alignent, me chuchote-t-on, des budgets supérieurs à ceux de bien de pays de nos contrées ! Donc coupables, nous le fûmes bien, pour avoir méprisé ce secteur et manqué de vision. Il est vrai, sans que cela ne constitue le moindre début de justifications, les esprits ont souvent été ailleurs, les militaires étant, entre eux, de fieffés « coquins violents ».Coupables aussi, tous les pouvoirs successifs, pour n’avoir pas redresser la barre, alors qu’ils étaient sensés venus rectifier les choses ! Elles furent souvent bien rectifiées…et à la tronçonneuse, pardi.

Aujourd’hui, dans le programme du nouveau PR, il y serait, semble-t-il dit, comme profession de foi, que : « le candidat accorde une grande importance et priorité au domaine du sport, etc, etc….. ». La même rhétorique, le même intitulé depuis 41 ans ! Et pour le malheur de notre ouvrage de Sisyphe, ce ne furent que des militaires ou des militaires démissionnaire ou retraité qui se sont succédé. Ce qui alimente bien l’éternelle ritournelle des civils que ce ne sont que des régimes militaires qui se succèdent. C’est agaçant mais accordons-leur ce plaisir, même si le propos est contestable mais il n’autorise plus le débat.

Houlèye Ba a mis à nue les carences des dirigeants

Revenons à mademoiselle Houleye Ba qui, en acceptant de s’aligner sur ce 100 m, a levé le voile et braqué les projecteurs du Stade Olympique National de Tokyo sur les insuffisances et carences officielles, à toutes les étapes. Sa prestation, que l’on moque, a mis des visages sur toute une chaîne de responsables-courtisans, de la bien lointaine CMSN à aujourd’hui qui, en privilégiant les beaux discours démagogiques, rapports pompeux, pour mieux cacher des carences, ont aussi contribué à perpétuer le mensonge, au seul profit de leurs intérêts.
Et ces intérêts perdurent depuis 41 ans ! Si les services de communication officielle pouvait faire visionner la prestation de notre jeune compatriote à Tokyo aux décideurs, alors, s’ils la voient, je pense qu’ils sauront lui faire rendre justice et la réhabiliter.

La magnanimité autoriserait même, là, un simple coup de téléphone, de monsieur le Président de la République à notre malheureuse athlète. Geste significatif que de féliciter une « perdante » !Cela, dans le même esprit de réhabilitation dans tous les domaines de l’État. dont il est, sûrement, mieux informé.Réhabiliter, dans ce cas précis, ne serait, d’abord, que perspicacité et vision économique, avant tout prestige.
La Jamaïque attire, aujourd’hui, les 3/4 de ses investisseurs, parce que « des femmes adultes et des hommes adultes, en culottes » ont couru sur tous les stades du monde et cueilli des lauriers. Simplement.
L’on sait aussi que ce secteur du sport est peuplé de jeunes, dont la majorité de femmes et de filles. Les ¾ de l’électorat. Si l’on ne s’en tient qu’à l’aspect caricaturalement électoraliste.

Cette jeunesse est celle de l’âge du numérique, celle de l’âge où on accède maintenant à la Présidence des Républiques et où on « Snapchat », en tee-shirt. C’est la jeunesse qui redresse la tête, refuse tous les préjugés, sortis de nulle part et surtout anachroniques. Les ressources humaines sont pourtant foison pour concrétiser ces engagements, comme dans tous les autres domaines nécessitant, peut-être, des réformes profondes (politique, économique, social) et/ou surement de restauration plus grave (droits humains, Justice) et j’en passe pour y revenir à d’autres occasions.

Ces ressources, ne demandent qu’à être mises en ordre de bataille. Elles seraient surement plus utile que les psalmodies des éternels et inusables recyclés thuriféraires. Pour l’heure, je ne m’en tiens qu’à ce merveilleux secteur que mademoiselle Ba vient de secouer, dans ma conscience momifiée. Puisqu’en tant que CMSN, nous avons contribué au délitement du sport. Et à ce titre, je plaide coupable. Pour exorciser les esprits qui hantent depuis si longtemps. Coupable pour n’avoir pas pu éviter au pays le triste sort, sportif et humain, infligé à Tokyo.

Faisons alors en sorte qu’aux JO de Paris, en 2024, Inchallah, mademoiselle Houleye Ba éblouisse les spectateurs, de retour dans les gradins. Elle le peut. Et que son foulard soit revu et corrigé par nos grandes stylistes. On en a aussi et qu’il faudra bien que le ministère, en charge de la culture, fasse sortir à la lumière. Pour éviter le syndrome de Tokyo. Nous jouions aux tournois nationaux sur l’aire du lycée national. Il y’a 48 ans.
Houleye Ba s’entraine surement au vétuste Stade Olympique.Myriam Soumare doit avoir ses quartiers dans plusieurs lieux dédiés, selon les exercices.

©:marseillenews.net

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