Le Montant total de la subvention de l’énergie alloué par l’État du Sénégal représente plus de 4% du PIB soit un montant total de 900 milliards de FCFA. Cette subvention a principalement pour objectif de réguler la hausse des prix de l’électricité, du gasoil, de l’essence et du gaz butane. À première vue, la raison d’être de cette aide de l’état semble parfaitement légitime. Mais si l’on regarde de plus près : à qui profitent réellement cette subvention aux dépenses de l’énergie ?
L’opinion publique sénégalaise se plaint régulièrement du manque de transparence des prix pratiqués par la Senelec et dénonce fréquemment une hausse des prix de l’électricité.
Pourtant, une étude conjointe menée par la Banque mondiale et l’ANSD a démontré que ce sont les plus aisés qui profitent en réalité de ce mécanisme financé par l’ensemble des contribuables, y compris les plus modestes. En effet, cette étude démontre que 20% de la population faisant partie de la tranche la plus aisée absorbent 40% des subventions à l’électricité, contre seulement 15% pour les 40% les plus pauvres.
Car dans les faits ce sont les catégories sociales les plus aisées qui consomment plus d’électricité, roulent davantage en voiture et qui utilisent plus les équipements, consommatrices d’énergie. Pendant ce temps, les populations rurales ou urbaines précaires, souvent en situation de sous-consommation énergétique, n’en tirent qu’un bénéfice marginal.
Mais le problème ne s’arrête pas là. Ce modèle de subvention généralisée étouffe les finances publiques en ce qui concerne l’appui aux consommations en électricité. Plus grave, la Senelec, l’opérateur national, reste en grande partie dépendante de ces subventions pour maintenir ses tarifs les plus bas, sans possibilité de moderniser son réseau à la hauteur des enjeux et freine l’investissement dans les énergies renouvelables.
Alors que faire ? La solution n’est pas de supprimer brutalement les subventions, ce qui provoquerait une onde de choc sociale. Mais il est urgent de les repenser, de les cibler intelligemment. Il existe des outils pour cela : le Registre National Unique (RNU) peut permettre d’identifier précisément les ménages vulnérables à soutenir, notamment via une tarification sociale progressive.
Enfin, une stratégie de long terme doit favoriser l’autonomisation énergétique des ménages, notamment grâce à l’énergie solaire, aujourd’hui plus accessible que jamais. Des partenariats public-privé avec des entreprises innovantes dans le solaire peuvent équiper des centaines de milliers de foyers à coût réduit.
Le Sénégal est à la croisée des chemins. Soit nous continuons à financer l’inefficacité au prix fort, soit nous construisons une politique énergétique plus juste, et plus durable qui protègerait les couches sociales plus vulnérables sans mettre en péril les équilibres budgétaires.
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