Sinthiou Labbo: une cantatrice Laobé

On appelle sous culture toutes les formes d’expression des valeurs et codes, en général d’une minorité décalée par rapport à la culture dominante. Sinthiou Labbo: une cantatrice Laobé

Perçu comme un sous ensemble de l’ethnie Peulh, qui s’exprime le plus souvent en langue wolof,parfois en poular, le Laobé à son propre univers culturel et ses référents donc.

Toute cette littérature pour dire que les Laobés ont une cantatrice au talent impressionnant et a la grâce inouïe.

La salle du 4 Avril du Cices qui abritait l’anniversaire de l’artiste fut une belle soirée. La.musique et les pas de danse..so hot! Et comment? Laobé vous avez dit? En gest Abou Diouba à interprété un succulent Taara.

L’ origine des laobés selon Cheikh Anta Diop (Source: Histoire d’Afrique)

« Ils constitueraient, à mon avis, une fraction de survivants, du peuple légendaire des Sao. En effet, que savons-nous de ces derniers, d’après les manuscrits de Bornou et d’après les fouilles de M.Lebeuf et de feu mon professeur Marcel Griaule ?

1) Leur nom : Sao, ou Sow, ou So ;

2) Ils étaient des géants ;

3) Ils passaient des nuits entières à danser ;

4) Ils ont laissé d’innombrables figurines de terre cuite ;

5) Ces statuettes révèlent un type ethnique à crâne piriforme.

Or, nous retrouvons, identiquement, ces cinq traits chez les Laobé. Ils portent comme seul nom totémique, celui de Sow, pris à tort pour un nom Peul. Le seul objet sacré qui leur soit resté, l’instrument avec lequel ils sculptent, est le Sao-ta. Ils sont des géants, hommes et femmes atteignent en moyenne 1 mètre 80 et les hommes, très facilement, 2 mètres et plus. Ils ont des membres d’une beauté extraordinaire, et sont toujours taillés en athlètes. Ils ont un crâne piriforme identique à celui du type ethnique révélé par les statuettes Sao.

La seule profession du Laobé est de tailler dans le bois, pour toutes les autres castes de la société Africaine, et non pas seulement pour les Peuls, des ustensiles de cuisine qu’ils fabriquent avec des troncs d’arbres. La femme Laobé modèle des figurines de terre cuite pour les enfants des autres castes. Les Laobé, en particulier les femmes, aiment beaucoup la danse ; elles sont présentes dans toutes les fêtes et manifestations locales. Leur danse principale, au Sénégal, est le Koumba Laobé Gâs.

On a considéré, à tort, les Laobé comme une caste de sculpteurs des Peuls et des Toucouleurs. Cette erreur provient en partie du fait qu’ils parlent la langue de ces deux peuples. On oublie de constater que les Laobé sont toujours bilingues, du moins au Sénégal. Ils parlent avec autant de facilité le Walaf et le Peul ; or leur accent en Walaf est différent celui du Peul et du Toucouleur, ce qui ne s’expliquerait pas s’ils appartenaient au même groupement ethnique que ces derniers et ne différaient d’eux que par la caste. Les Laobé semblent être un peuple qui a perdu sa culture et dont les éléments dispersés s’adaptent, au hasard des circonstances, en apprenant les langues des régions où ils séjournent. Les noms totémiques autres que Sow qu’ils portent reflètent leur métissage avec les Peuls, Toucouleurs et autres groupements. L’inverse est d’ailleurs vrai : c’est ainsi qu’on expliquerait que les Peuls puissent porter le nom de Sow, à côté de Ba et Ka.

Les Laobé vivent ainsi dispersés dans les différents villages du Sénégal. Ils n’ont pas de demeure fixe : il est inexact de dire qu’ils habitent le Fouta Toro ou le Fouta Djallon, pays des Toucouleurs et des Peuls. Ils constituent des groupements sporadiques au sein de peuples plus importants. Ceux du Sénégal ne peuvent plus localiser leur berceau ; leur organisation sociale est complètement dissoute ; ils n’ont plus de chefs traditionnels. La personne la mieux considérée du groupe monte sur un mulet, tandis que les ânes sont réservés aux autres. Ainsi faisait Med Sow Wediam, un Laobé très influent, mais qu’on ne pouvait, à proprement parler, appeler un roi ; du reste, il dut surtout son influence à sa conversion au mouridisme d’Ahmadou Bamba. Les Laobé jurent sur le Sao Ta, qui sert à la fois à sculpter et à circoncire les jeunes. La circoncision aurait été empruntée aux populations avoisinantes. »

Extrait de Cheikh Anta Diop (1954) Nations Négres et Culture.

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