Quand le Sénégal expérimentait la pire des situations pouvant déboucher sur des lendemains sombres, quand il vivait au bruit des pas de courses des manifestants, des sirènes de police et de la déflagration terrible des grenades lacrymogènes, quand la révolution grondait et que le pouvoir tentait de la circonscrire. Quand la colère couvait dans tous les cœurs et que les esprits surchauffaient, quand aucune lueur d’espoir ne semblait percer les nuages de danger qui s’amoncellaientt sur nos têtes, la révolution pouvant à tout moment devenir le temps du «précipité» qui conduit à filer la métaphore du catalyseur, et qui est celle du « maintenant ou jamais », du temps qui risque de manquer si aucune décision n’est prise. On ressuscitait Abdou Aziz Sy Dabakh et son discours.
Vibrant, rassénérant, opératoire, et la tension retombait. Et la sérénité gagnait l’opinion. Quand le débat était entre « conceptions du monde » dans un pays politiquement humain, la religion y avait ses entrées à cause de la nature des enjeux aussi bien qu’à cause de l’identité historique du sujet appelé à décider.
Le religieux subsistait car il faisait lien et réunissait le peuple. Le politique ne peut subsister sans transcendance et les êtres humains en société ne peuvent rester moraux, sans comprendre en quoi leurs actions sont en rapport avec quelque chose au-dessus d’eux.
Dabakh était cet Ange sans ailes qui venait traverser la parenthèse de nos turpitudes avec le souffle de l’Esprit. C’était un Ange de lumière, de patience, de sagesse et de miséricorde.
Un Ange de délivrance et de » joie spacieuse », il était le miracle de la concorde et de la paix retrouvée.
Sa sagesse connaissait les limites de la componction. Il savait comment les imprégner d’espérance et de consolation.
Il savait comment vivre dans la joie en pleine contrition non avec des larmes brûlantes mais avec des larmes consolatrices.
Puisse l’aura de cette figure emblématique de l’amour du prochain et de la paix sociale éclaircir nos idées et nous redonner l’élan de construction…
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