Réformer les CROUS au nom de l’efficience et du mieux-être des étudiants 

Alors que la rentrée universitaire se profile, les Centres Régionaux des Oeuvres Universitaires Sociales (CROUS) du Sénégal se trouvent souvent confrontés aux contraintes récurrentes d’un financement public sous tension, tout en devant répondre à l’impératif d’accueillir une population étudiante en constante augmentation.

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Daouda Mbaye spécialiste des politiques publiques

Les ressources allouées à ces Établissement Publics à Caractère Administratif (EPA) demeurent habituellement en deçà des besoins croissants auxquels ils doivent faire face.

Ce modèle, devenu inadapté, révèle aujourd’hui ses limites. Sa fragilité repose sur une contradiction fondamentale : une dépendance quasi exclusive aux dotations de l’État, souvent insuffisantes, sans capacité réelle à générer des ressources propres.

Pour autant, l’idée de transformer les CROUS en Etablissements Publics à Caractère Industriel et Commercial (EPIC) n’est ni réaliste ni souhaitable à ce stade. En effet, leur structure actuelle ne leur permet pas encore de fonctionner de manière autonome sur le plan économique.

Ce constat appelle donc à une refonte profonde et audacieuse de leur cadre institutionnel et organisationnel.

C’est dans cette optique que je propose un modèle hybride, alliant les attributs de l’EPA et de l’EPIC, permettant de concilier l’impératif d’une couverture sociale étudiante équitable avec une capacité renforcée à mobiliser des ressources propres.

Ce modèle repose sur le maintien d’une tutelle publique forte, garante de l’égalité d’accès aux services, tout en ouvrant la voie à des partenariats stratégiques avec le secteur privé.

Ces collaborations pourraient prendre la forme de cofinancements, de mécénat, ou de conventions relevant de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE), favorisant ainsi une gouvernance plus souple, plus agile et plus performante.

Parallèlement à cette évolution structurelle, une modernisation des services s’impose avec urgence. La digitalisation intégrale des prestations offertes par les CROUS représente une opportunité majeure d’amélioration de la qualité du service public, de simplification des démarches et d’optimisation de la relation usager.

Pour cela, la mise en œuvre de cartes étudiantes multifonctions (intégrant hébergement, restauration, transport, santé, bibliothèque) couplée à une plateforme numérique rassemblant toutes les prestations, permettrait de rationaliser les procédures et de désengorger les guichets.

L’utilisation d’applications de paiement électronique renforcerait cette dynamique en réduisant les délais de traitement et en favorisant une meilleure traçabilité financière.

L’efficacité opérationnelle des CROUS ne saurait toutefois faire l’économie d’une transition énergétique progressive. Dans un contexte de hausse continue des coûts de l’énergie, la maîtrise des charges passe nécessairement par une stratégie de rationalisation de la consommation.

La sensibilisation des étudiants à une utilisation responsable des ressources, notamment à travers des campagnes régulières sur les campus, est essentielle. Mais au-delà de la pédagogie, des mesures concrètes doivent être envisagées.

L’intégration progressive de l’énergie solaire dans les infrastructures des CROUS, à commencer par les espaces communs et l’éclairage extérieur, constitue une option à fort potentiel. De même, les équipements particulièrement énergivores des restaurants universitaires pourraient faire l’objet d’un basculement progressif vers des systèmes alimentés par des sources renouvelables, à travers des installations photovoltaïques adaptées.

En résumé, les CROUS doivent s’inscrire dans une logique d’innovation structurelle et de modernisation fonctionnelle. Le modèle hybride proposé permettrait de concilier soutien public et autonomie opérationnelle, tout en intégrant des leviers durables de performance tels que la digitalisation et l’efficacité énergétique. Une telle transformation renforcerait non seulement l’efficacité des œuvres universitaires, mais contribuerait aussi à une gestion plus rationnelle des dépenses publiques dans un secteur aussi stratégique pour l’avenir du Sénégal.

 

 

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Daouda Mbaye est un Spécialiste des Politiques Publiques. Diplômé en Analyse des Politiques Publiques (Paris13 Sorbonne Cité), ce militant de PASTEF, est actuellement en formation à l’École Nationale d’Administration Publique de Montréal (ENAP). Ses analyses pointues sont sur Kirinapost. Lui ecrire: Daouda.atd@gmail.com

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