Il y a un « vice de consentement » dans le déplacement des biens culturels africains vers la France. C’est ce que, semble t-il, pointent du doigt Bénédicte Savoy et Felwine Sarr, les deux chercheurs à qui le Président français Emmanuel Macron avait chargé de mener une large réflexion autour de la restitution des objets en question. Ils rendent leur rapport vendredi.
Pour Savoy et Sarr, on restitue quand il y a eu vol, pillage ou spoliation. Logiquement il doit y avoir réparation, restauration. Ce constat, pour beaucoup, pourrait faire naître une polémique tant on ne sait pas si l’ancienne puissance coloniale est prête à rendre la totalité des objets d’arts appartenant au continent africain qui se trouvent sur son sol. La balle est entre les mains de Macron.
Certains penseurs évoquent l’existence d’un marché d’art et donc naturellement d’un réseau de marchands africains qui auraient vendu ces objets. Selon ces chercheurs, parmi lesquels des historiens, tous les objets dans les musées français ne sont pas des butins de guerre. Cependant, le travail de Sarr et Savoy montre que l’on est en pleine période coloniale et qu’il y’a eu non seulement un «vice de consentement», mais aussi un véritable système de spoliation.
D’après le journal Le Monde, lorsqu’un bien culturel est mis en vente aux enchères en France, le Code du patrimoine prévoit que l’État dispose du droit de se substituer à l’acheteur à l’issue des enchères. En 1996, grâce à ce droit de préemption, 127 biens culturels sont venus compléter les collections publiques françaises. Ne pourrions-nous pas étendre ce droit à tous les pays d’Afrique ?, s’interroge le quotidien. De ce fait, souligne l’article, lorsqu’une œuvre d’art tribal africaine serait mise aux enchères, le pays d’origine se verrait offrir un droit de préemption dudit bien. Sur cette question, le Président Talon du Bénin, en soulignant le caractère inaliénable de ces objets, a déjà répondu.
De leur coté, les deux rapporteurs qui on compté et vérifié les objets en question, font une proposition majeure : une modification du code du patrimoine français pour qu’un objet d’art africain entré dans les collections nationales lors de la période coloniale puisse en sortir à la suite de la demande officielle d’un Etat.
Le 28 novembre 2017, le Président français en visite à Ouagadougou annonçait dans un discours : « Je veux que d’ici cinq ans, les conditions soient réunies pour des restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain en Afrique. »
En tout cas, la restitutions des biens culturels appartenant à l’Afrique est un combat qui date de longtemps. Africains du continent, de la diaspora et afro-descendants, ont toujours réclamé le retour des objets culturels à leurs pays. L’UNESCO d’ailleurs encourage cette restitution.
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