Il a suffit d’un mot : condamnation. Et avec lui, tout un système s’est une fois encore mis à trembler. L’ancien président Nicolas Sarkozy vient d’être lourdement condamné. Pas symboliquement. Pas moralement. Juridiquement. Une peine ferme, confirmée. La France n’a pas l’exclusivité de cette maladie. Ce n’est pas un accident d’un homme, mais la radiographie d’un monde politique rongé. La corruption des élites n’est plus un fait divers. C’est un mode de gouvernement.Sarkozy, ou la corruption à visage ancien.
Ce qui se joue ici dépasse de loin le cas Sarkozy. Il symbolise la dernière époque où l’oligarchie pouvait encore gouverner sans rendre de comptes. L’argent libyen. Les valises. Les combines d’appareil. Le mensonge d’État devenu habitude privée. Ce n’est plus l’arrogance d’un homme : c’est une génération politique qui n’a jamais cru qu’elle serait jugée.
Un phénomène planétaire
La scène est globale. Elle n’a ni couleur ni continent.Netanyahou, inculpé pour corruption mais réélu. La loi devient une formalité.Trump, accusé de fraude, d’obstruction à la justice, de tentative de coup d’État : encore favori en 2025. Jacob Zuma en Afrique du Sud, démantelé par les “Gupta Leaks”.Silvio Berlusconi, prototype du cynisme immunisé.Bouteflika, maintenu malgré l’infirmité, au cœur d’un régime de pillage.Omar el-Béchir, millionnaire sur les ruines du Soudan. Ali Bongo, évincé mais remplacé par les siens. Blaise Compaoré, exfiltré à Abidjan, jamais jugé pour ses crimes.La liste est longue. Trop longue. Le pouvoir corrompt. Mais le silence le rend indétectable — jusqu’au jour où il éclate.
Le peuple ? Déçu, déserté, enragé.
Alors la question tombe, nue, tranchante, brutale : Qui doit nous gouverner ? Qui a encore la légitimité ? Qui peut prétendre parler pour autrui sans trahir ?
Le peuple n’est pas naïf. Il voit. Il sent. Il entend les discours et regarde les mains dans les caisses. Il vote parfois encore, mais de plus en plus, il s’abstient. Il fuit, il s’organise ailleurs. Dans la rue, dans les réseaux, dans la rage ou dans le silence.
Les candidats du peuple sont-ils pires ?
L’élite tremble : et si les autres étaient pires ? Et si ceux qui montent étaient encore plus autoritaires, plus radicaux, plus vides ? Peut-être. Mais il fallait y penser avant. Quand on pillait sans honte. Quand on se blanchissait entre pairs. Quand la justice n’était qu’un outil. Quand les journalistes étaient tenus à distance. Le problème n’est pas que les nouveaux soient pires. Le problème est que les anciens ont creusé le vide.
Le mythe de la compétence
On nous dira : “Mais qui gouvernera si on les fait tous tomber ?” C’est l’argument préféré des technocrates en sursis. Comme si la corruption était le prix de l’intelligence. Comme si l’éthique était un luxe que les pauvres ne peuvent pas s’offrir.
Non. La compétence sans vertu est une dictature déguisée. Et la vertu sans compétence est une impuissance organisée. Il faut les deux. Et c’est cela que le peuple attend. Qu’on arrête de choisir entre voler bien ou échouer honnêtement.
Il faut un nouveau contrat
Un pouvoir qui ne rend pas de comptes est un pouvoir illégitime. Un peuple qui ne peut pas punir ses élus est un peuple enchaîné. Il faut un retour à l’essentiel : la redevabilité. La clarté. La justice comme socle, non comme arme.
Le cas Sarkozy n’est pas une exception française. Il est la confirmation d’un effondrement global. Ce monde-là ne se régénérera pas de l’intérieur.
Le pouvoir ne doit plus venir d’en haut. Il doit émerger. Être mérité. Être révocable. Être habité. On ne gouverne pas parce qu’on a été élu un jour. On gouverne parce qu’on continue à mériter la confiance. Jour après jour.
Le monde est fatigué des rois en cravate. Il cherche des serviteurs. Pas des maîtres.
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