Que s’est-il passé à Kazan lors du 16ème sommet des BRICS ? L’économiste et spécialiste de la Russie Jacques Sapir, nous en parle. Il est Directeur d’études à l’EHESS et Enseignant à l’EGE-Paris Directeur du CEMI-CR451
Jacques Sapir • 16ème sommet des BRICS qui s’est achevé le jeudi 24 octobre à Kazan a été l’occasion de prises de décisions tant économiques que politiques importantes. Ce 16ème sommet des BRICS a donc confirmé l’importance prise, et cela depuis plusieurs années, par cette organisation qui arrive désormais dans une phase de maturité. Sa capacité à fonder des institutions capables de concurrencer celles établies par les puissances occidentales et plus généralement les défis qu’elles lancent à la gouvernance économique (mais aussi politique) occidentale se doivent d’être remarqués[1].
La présence de nombreux chefs d’États, outre ceux des pays membres, de délégations étrangères au niveau ministériel, et celle du secrétaire général des Nations-Unies, M. Antoñio Gutterez, témoigne de l’intérêt international que les BRICS suscitent. Ils sont devenus à l’évidence un des acteurs majeurs de la nouvelle multipolarité du monde, que ce soit dans le domaine du commerce international et de l’économie, ou dans celui des relations politiques. Il faut alors revenir sur ce qu’est cette organisation, sur son importance pour la Russie (mais aussi pour la Chine et l’Inde), pour comprendre pourquoi ce 16ème sommet était aussi important et pourquoi a-t-il abouti à des résultats d’une telle importance.
L’importance des BRICS et le poids de la Russie
L’émergence des BRIC[2], puis des BRICS et enfin des BRICS+ a été très probablement l’événement le plus important de ces vingt dernières années[3]. L’acronyme BRIC — Brésil, Russie, Inde, Chine — a été introduit dans notre langage populaire par Jim O’Neill, économiste chez Goldman Sachs il y a plus de vingt ans[4]. Ce groupe de pays a été rejoint en 2011 par l’Afrique du Sud. Avec cet ajout, les pays BRICS représentaient 26 % de la masse continentale mondiale et un total du PIB mondial (en PPA) passant de 25,6 % en 2009 à 33,7 % fin 2024. L’affirmation que les BRICS représentent les intérêts de la « majorité mondiale » y a gagné en crédibilité[5].
Les BRICS au-dessus du G7 ?
Le premier sommet des BRICS s’est tenu en 2009 à Ekaterinbourg. Le fait que l’on soit désormais au 16èmesommet dément toute les analyses qui considéraient que ce groupe de pays n’était qu’une alliance de circonstance, minée par des contradictions internes. L’adhésion de 4 nouveaux pays en 2023, et les probables adhésions dans les prochaines années, montrent le dynamisme et le pouvoir d’attraction de cette organisation[6].
D’autre pays, comme l’Indonésie ou la Malaisie (un gros producteur de microprocesseurs) pourraient rejoindre ce groupe dans les prochaines années. Le Premier ministre Datuk Seri Anwar Ibrahim a exprimé publiquement son souhait de voir la Malaisie rejoindre le club. L’Inde fait partie des BRICS. Or, l’élévation des liens entre l’Inde et la Malaisie, d’un simple partenariat stratégique renforcé (ESP) à un partenariat stratégique global (CSP), constitue une amélioration significative des relations entre les deux pays et plaide pour une adhésion au BRICS. Les deux pays amélioreront leurs relations bilatérales. De même, l’amélioration des relations avec la Chine plaide aussi en ce sens.La Suite ICI
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