Sawalo Cissé • Le Sénégal perd un guerrier… Le Walo perd un grand fils, et à nous, sénégalais, nous est arraché le compagnon, l’ami, l’homme, et surtout l’artisan de tous les possibles.
Géniteur d’une finance allouée aux plus démunis mais riches en idées créatrices, industriel novateur, il ambitionna le premier lait empaqueté, mode Soca, sur les confins du Walo et du Djolof, là où le berger peulh réinventa la pasteurisation du laitage en « soow pirr« , il organisa la première et délicate mission de la distribution à grande échelle alors qu’il était raisonnable sous nos cieux, de le livrer de porte à porte, suspendu aux bouts d’un bâton accroché à l’épaule; façon « Al pular. »
Adversaire des impossibles, et défenseur des probables, il aura revêtu toutes les toges qui donnent droit à l’admission patronale. De la direction générale à la présidence de conseil, aucune promotion ne lui aura été refusée par ses pairs. Il était compétent tout court, au point de nous faire oublier qu’il était le fils du grand Habib, pour ne demeurer que l’humble bonhomme au service de tous, et ce jusque dans les partages les plus intimes où sa vraie nature se révélait comme des pétales dans le champ d’un vent symphonique communément appelé « musique ». Tantôt à la batterie, tantôt à la guitare, c’était sa manière de nous parler, de nous rassembler autour de sa joie de vivre et d’aimer son prochain, ce que le walo-walo appelle le « begge« .
Cet amour ne peut être plus grand que le manifeste qu’il montra dans sa lettre adressée au peuple des mille collines comme pour conjurer leur souffrance, à travers sa bien-aimée Philomène et à qui nous présentons nos sincères condoléances.
Adieu cher frère, adieu Mabousso, nous applaudissons ton bref passage, mais si utile pour nous tes compagnons, mais surtout pour ce Sénégal de demain dont le jeune Habib et ses camarades en sont la digne postérité.
Fraternellement, Sawalo !
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