Rami Abou Jamous écrit son journal pour Orient XXI. Ce fondateur de GazaPress, un bureau qui fournissait aide et traduction aux journalistes occidentaux, a dû quitter en octobre 2023 son appartement de la ville de Gaza avec sa femme Sabah, les enfants de celle-ci, et leur fils Walid, deux ans et demi, sous la pression de l’armée israélienne. Réfugié depuis à Rafah, Rami et les siens ont dû reprendre la route de leur exil interne, coincés comme tant de familles dans cette enclave miséreuse et surpeuplée. Il a reçu, pour ce journal de bord, deux récompenses au Prix Bayeux pour les correspondants de guerre, dans la catégorie presse écrite et prix Ouest-France. Cet espace lui est dédié depuis le 28 février 2024.
Samedi 28 décembre 2024
L’humeur générale, ces temps-ci, est à l’optimisme. Les gens veulent croire qu’un cessez-le-feu est proche. Et je les comprends. Ils ont tellement envie que la guerre s’arrête. Ils s’appuient sur les déclarations de Trump, qui a dit que ce serait l’enfer si la guerre ne s’arrêtait pas. On les voit comme un message adressé aux Palestiniens, et spécialement au Hamas, mais aussi à Nétanyahou. Les commerçants, eux aussi, semblent anticiper un arrêt de l’agression israélienne : ils commencent à baisser les prix, car ils veulent écouler leurs stocks pour faire place aux marchandises qui devraient entrer en quantité après le cessez-le-feu. Même le prix des cigarettes, importées en contrebande, a baissé. Le prix des cigarettes est devenu la boussole des marchés de Gaza.
L’optimisme est alimenté par les fuites dans les médias, qui parlent d’un rapprochement des positions israéliennes et de celles du Hamas, de concessions de part et d’autre. Je suis heureux de sentir que pour la première fois depuis quatorze mois les gens sont dans un état d’esprit positif, quelle que soit la difficulté des négociations. Comme on dit chez nous, quand on se noie, on s’accroche à une brindille.
« Nous servons de cobayes pour ces armes »
Mais pour ma part, je pense plutôt à l’après, aux suites d’un éventuel cessez-le-feu. Si l’agression israélienne prend fin, le monde prendra alors vraiment conscience de l’ampleur des massacres et des destructions perpétrés par l’armée d’occupation. Nous, les journalistes de Gaza, nous rendons compte au jour le jour des souffrances des habitants de Gaza, des civils, des gens ordinaires qui ont vu leurs enfants déchiquetés par les bombes, leurs parents ensevelis sous les décombres de leur maison, la perte de tous leurs biens. Ces images ont révolté nombre de gens en Occident, qui ont manifesté pour Gaza. Mais elles n’ont pas touché la plupart des gouvernements ni les soutiens d’Israël, qui continuent de répéter le même slogan : « Israël a le droit de se défendre ». Lire la Suite ICI
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