Projet de loi d’amnistie au Sénégal : Défis complexes entre réconciliation nationale et mesures de justice

Notre pays se trouve à un tournant politique majeur avec la proposition d’une loi d’amnistie par l’exécutif. Elle charrie les antagosmies et le défis complexes entre réconciliation nationale et mesures de justice.

Depuis plusieurs années, on a assisté à une montée de tensions politiques marquées par des affrontements entre les forces de l’ordre et les partisans de l’opposition, des arrestations à caractère politique et des accusations de violences d’État.

Avec l’alternance politique récente, l’idée d’une loi d’amnistie est-elle le moyen indispensable pour apaiser le climat politique tout en favorisant l’unité nationale et ouvrir une nouvelle page dans la gouvernance de notre pays ?

Dans un contexte où les opposants d’hier sont devenus les dirigeants d’aujourd’hui et où les anciens détenteurs du pouvoir sont susceptibles d’être poursuivis, cette initiative suscite un vif débat au sein de notre classe politique et des défenseurs des droits humains.

Si l’amnistie peut être un outil de réconciliation nationale, elle soulève également des interrogations sur l’impunité, la justice et la consolidation démocratique. Ce projet de loi d’amnistie suscite plusieurs questions fondamentales: quels seront les crimes et délits couverts ? Quels seront les critères d’éligibilité ?

L’adhésion de toutes les parties prenantes, y compris les victimes des violences est -elle prise en compte ? La définition des actes couverts et la prise en compte des attentes des victimes et de la société civile sont essentielles pour éviter des frustrations futures.

La commission Vérité et Réconciliation de  l’Afrique du Sud post apartheid et les Gatchatcha au Rwanda, ces tribunaux communautaires qui ont joué un grand rôle dans la répartition des traumatismes après le génocide de 1994, sont à étudier sérieusement.

Si l’objectif de cette loi est avant tout perçue comme un outil s’appuyant sur les principes de responsabilité et de réparation, elle ne doit pas pour autant négliger l’apaisement du climat politique.

Il est primordial que l’amnistie soit avant tout considérée comme peut être un instrument de pacification, même si elle doit être accompagnée de mesures garantissant la vérité et la justice contre un sentiment d’impunité. Il est donc primordial d’éviter les écueils liés à une amnistie trop large ou mal encadrée.

Une approche inclusive, transparente et respectueuse des droits fondamentaux est nécessaire pour éviter certaines erreurs et garantir un climat politique et un avenir démocratique apaisés pour le Sénégal. C’est toutes ces questions qui ont été traitées par la Commission Nationale des Droits de l’Homme lors de son atelier portant sur le thème « Réflexion sur la loi d’Amnistie»

Durant cet atelier qui s’est tenu le 27 mars divers parties prenantes : juristes représentants politiques, victimes et organisations de la société civile ont exposé leurs recommandations pratiques pour renforcer le dialogue national et prévenir de futurs conflits.

Ces propositions seront transmises aux autorités publiques, notamment le Président de la République, le Premier Ministre et les institutions de la République.

 

 

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Aby Dramé est une spécialiste du marketing et de la communication ayant aussi un parcours de juriste. Sa riche formation l'amène à conseiller des entreprises en France et en un peu partout en Afrique. Passionnée de culture, Aby née en France, s'intéresse de plus en plus aux devenirs africains continent.

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