AVIS DE DISPARITION DU PROFESSEUR BOUBAKAR LY SÉMIO-SOCIOLOGUE DE L’HONNEUR ET DE LA MORALE CHEZ LES HAALPULAAR ET LES WOLOF…
“JE M’INQUIÉTAIS EN ME DISANT QUE J’ALLAIS PARTIR SANS AVOIR EU L’OPPORTUNITÉ D’EN PARLER”.
“AH NGAIDE TU ES LÀ !”
“OUI PAPA…”
Et on riait… et je le sentais revivre.
Il était alité depuis quelques semaines… il vient de partir ce matin à 4h.
Pour lui rendre hommage je reproduis, ici, le post envoyé il y a quelques jours.
Priez pour lui… Levée du corps demain à 11h à la mosquée de Dieuppeul en face du bureau des passeports.
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« Je te remercie de m’avoir donné l’OCCASION DE PARLER de ma vie.
JE M’INQUIÉTAIS EN ME DISANT QUE J’ALLAIS PARTIR SANS AVOIR EU L’OPPORTUNITÉ D’EN PARLER.
Je vais te dire BEAUCOUP DE CHOSES RELATIVES à mon histoire personnelle, À celle de MA VILLE NATALE, à savoir DAKAR, SON QUARTIER DU Plateau et plus précisément SA PARTIE DÉNOMMÉE « LAMBINASS », du nom du premier hôpital.
Parlant de ma vie, J’EN PROFITERAI POUR M’ÉTENDRE SUR MON QUARTIER EN ME FAISANT en quelque sorte SON MÉMORIALISTE . »
Boubakar Ly (pp. 13-14).
Pour répondre à la première question du professeur Souleymane Gomis, question qui ouvre leur dialogue, le professeur BOUBACAR LY commence par ces mots qui fendent, sans nous faire fléchir mais plutôt attirer davantage notre attention sur les nécessités pressantes de « faire parler » les témoins, de leur donner l’occasion de « dire » tant qu’ils sont là ; afin que reste entre les mains des héritiers la « mémoire d’un temps perdu »…
À mi-chemin, remercions le professeur Souleymane Gomis qui a réalisé ce travail que beaucoup d’entre nous attendaient avec impatience. En tout cas… personnellement… j’en étais impatient. Mais je savais aussi que ce type de travail, était l’un des plus durs qu’un chercheur pouvait engager, s’entretenir avec un intellectuel de « haut niveau » sur sa vie « singulière », et son itinéraire « particulier »… surtout s’il est témoin actif et vif d’esprit !
L’homme est à cheval sur deux socles, deux siècles ! Né en pleine ville ! Celle qui recevait les premiers migrants de la vallée… voire toutes les ethnies de l’Afrique de l’ouest, avant que d’autres circuits ne s’ouvrent pour ceux qui allaient suivire le mouvement.
Sa mère « décéda en (le) mettant au monde », « à la maternité Africaine ». Son père perdit « la vie en cours de route »… Dakar-Lidoubé… et son « oncle Djiby Diary Ly » lui a montré « un endroit approximatif où il aurait été enterré par ses compagnons »…(p. 19). Il lui fallait donc maîtriser un certain territoire, qui a échappé à ceux qui le mirent au monde ! Le hasard n’existe pas…
« L’orphelin de Tacko », ou le « bayo de Tacko » deviendra donc celui-là qui travaillera sur l’honneur et la morale chez les Haalpulaar et les Wolof…
Fils adoptif qui n’a pas fini par porter sa main sur ses parents de « substitution ». Non ! de cette expérience, il a produit des travaux irremplaçables et actuels, sur l’honneur et la morale – comme déjà souligné -mais aussi sur les instituteurs… une grosse œuvre… donc sur les éducateurs. Comme pour rendre hommage à son père adoptif qui lui aurait laissé une somme conséquente pour la poursuite de ses études !
Oui, le professeur Boubakar Ly est une grande sommité intellectuelle et humaine. Il est d’un commerce si simple que j’ai toujours honte de le rencontrer.
Il a une plume méthodique et un goût du travail qui m’ont toujours subjugué. À notre café, il trimbalait toujours de grosses thèses sur lesquelles il n’arrêtait jamais d’écrire. Car, lui, aimait user de sa main pour écrire, comme s’il voulait rester en contact direct avec les concepts qu’il maniait. Papa avait une boutique et certainement, il s’appliquait aux carnets !
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