Après l’annonce de sa non candidature à un troisième mandat, il est clair que les sept prochains et derniers mois du Président Macky Sall ne manqueront pas de nourrir les attentes d’un pays qui souhaite retrouver un fonctionnement normal pour éviter d’avantage de clivages et de désordre au risque de cristalliser aussi un profond ressentiment en cas d’impuissance à les satisfaire.
Alors que la mobilisation ne faiblit pas malgré l’accalmie et que des jeunes s’installent dans la contestation, exacerbant les risques d’instabilité, le bon sens voudrait que l’on rompe avec cette impression que désormais, dans le champ politique, « personne n’écoute personne ». La jeunesse expérimente un engouement non feint pour la chose politique. Elle sait occuper le terrain politique et battre le pavé si nécessaire. Les jeunes démontrent un réel intérêt pour la chose collective et construisent en fonction du contexte politique et social changeant, leurs comportements à partir d’enjeux et de critères nouveaux.
Les évolutions observées ne témoignent pas seulement d’une défiance vis-à-vis des institutions démocratiques considérées par les nouvelles générations comme inadaptées pour réduire les inégalités et prévenir les risques de dégradation des conditions de vie. Elles rendent également compte des aspirations nouvelles des jeunes vers plus d’horizontalité et de justice globale. Ces attentes ne sont pas théoriques, abstraites ou désincarnées. Elles se matérialisent au contraire par des pratiques démocratiques exercées hors des organisations politiques traditionnelles, et dans des dimensions davantage protestataires pour faire advenir une démocratie plus en phase avec les valeurs de droits ou d’égalité auxquelles nombre d’entre eux adhèrent.
Nouvel électorat, nouveaux paradigmes de conquête du pouvoir
Il ne faut pas croire qu’il existe une seule jeunesse et une seule génération politique, la réalité montre que les réponses politiques sont différentes selon l’expérience sociale et la situation professionnelle, les conditions d’entrée sur le marché du travail ; comme pour l’ensemble de la population, il existe un lien très net entre la place qu’occupent les jeunes dans le champ social et leur engagement politique marqué par un désir profond de nouveaux paradigmes. Ceci explique aussi leur attirance pour l’idéologie antisystème prônée par le Pastef et son leader Ousmane Sonko. Le Sénégal qui émerge nécessite une voie singulière, une nouvelle écologie politique qui ne se fera pas sans les nouvelles dynamiques portées par une jeunesse conquérante et souverainiste.
Tout politique doit donc réajuster sa stratégie d’occupation du terrain et interpréter le nouveau répertoire politique avec lequel, les jeunes qui représentent 70 % de la population et donc la majorité des électeurs se situent aujourd’hui…
Où et comment trouver cette énergie providentielle à même de ramener la sérénité dans le landerneau politique ? Le spectre d’un troisième mandat apocalyptique derrière nous, la situation reste malgré tout instable bien qu’il y ait une embellie qui permet une participation plus inclusive aux prochaines élections présidentielles de 2024 des candidats de l’opposition, parties prenantes au dialogue national.
Maintenir les portes du dialogue politique ouvertes
Maintenir les portes du dialogue politique ouvertes afin de vider tous les contentieux et tout azimut, parvenir à une entente sur la poursuite du processus électoral sans velléités d’éviction d’un quelconque candidat, y compris Ousmane Sonko qui catalyse l’espoir de millions de jeunes sénégalais, est la seule voie crédible pour rétablir la stabilité du pays et assurer au président de la République une sortie des plus honorables après trois années d’âpres rivalités politiques et de violence exacerbée.
Il est dans notre intérêt commun, à tous, que le pouvoir et l’opposition radicale se parlent dans l’harmonie. L’État central doit donc s’efforcer de répondre à la radicalité par le dialogue vertueux, et non par la crispation et la confrontation. C’est peut-être compliqué à entendre pour les éternels va-t-en-guerre (parfois nostalgiques de la toute puissance de l’État) mais, en signant la paix des braves par l’arrêt de la fureur judiciaire exercée sur les pastefiens et la prise en compte de leur avis, la violence finira par baisser.
Il faut souligner également que le véritable défi qui attend l’opposition est de réussir à maintenir une dynamique politique cohérente afin de répondre aux urgences du Sénégal.
Renouer le lien entre PASTEF et le pouvoir: La sagesse est aujourd’hui une nécessité
Les différentes parties prenantes ne doivent pas craindre le dialogue de pacification. Il n’a pas pour objectif de faire plaisir à tout prix aux opposants, mais simplement de permettre de poser les contraintes de chacun afin de pouvoir faire émerger une vision partagée du vivre-ensemble politique nécessaire, avant que le PR ne tranche en dernier lieu… La sagesse est aujourd’hui une nécessité parce qu’elle affranchit les hommes et les femmes, et reconnaît la « valeur d’être » de chacun.
Elle rétablit la solidarité. Elle permet de maîtriser le pouvoir. C’est cela seul qui peut nous sortir de nos problèmes cohésifs, écologiques, économiques et sociaux.
Il est plus que salvateur de renouer le lien entre l’opposition radicale, chapeautée par le Pastef et le pouvoir. Cette possibilité contribuera indubitablement à construire des passerelles et des espaces de débat commun et de pacification de l’environnement sociopolitique pour organiser la cohérence entre les désirs, les besoins et les possibilités..
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